Pas de bases américaines en Algérie. La mise au point faite hier sur la chaîne 3 par M. Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, avait été précédée, début février, d’une autre, plus sibylline, du ministère de la Défense nationale.
Le MDN démentait la présence du chef d’état-major de l’armée algérienne, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, à la rencontre organisée à Dakar par le commandement en chef des forces américaines en Europe avec les chefs d’état-major de plusieurs pays maghrébins et sahéliens. Le ministère de la Défense indiquait que la présence de l’Algérie s’est limitée à un cadre supérieur de l’armée. Cette précision sur le niveau de la représentation algérienne à une rencontre chapeautée par l’armée américaine avait un but évident: en minimiser la portée politique. Elle n’a pas mis fin aux interrogations sur le rôle de l’Algérie dans l’agenda américain en Afrique, notamment avec l’annonce par le président américain George W. Bush de la création d’un centre de commandement militaire spécial pour l’Afrique, l’Africom, pour le mois de septembre 2007.
S’il est clair que la coopération sécuritaire d’Alger avec les Etats-Unis est forte, il semble qu’il y a un seuil au-delà duquel on ne veut pas aller. Celui d’une intégration à l’Africom et la création de bases américaines en Algérie. Il faut noter que le refus exprimé par le ministre des Affaires étrangères intervient au moment où le changement de dénomination du GSPC en « Qaïda du Maghreb » lui donne une résonance médiatique internationale qui fait de l’Algérie, avec la Corne de l’Afrique, une des sources de nuisance supposée de l’organisation pour l’ensemble de l’Afrique. Le paradoxe de cet emballement médiatique est qu’il saute allègrement sur le fait que ce GSPC reste confiné aux wilayas de Boumerdès et de Tizi-Ouzou. Le ministre algérien de l’Intérieur n’a pas voulu aller dans ce sens en refusant d’accorder une importance démesurée au changement de dénomination du GSPC. La règle qui veut que là où se trouve « Al-Qaïda » se trouvent les Américains - ou l’inverse - a créé une sorte de flou médiatique sur l’attitude algérienne. Mohamed Bedjaoui a tenté hier de le lever en indiquant que l’Algérie « n’acceptera pas l’installation sur son territoire de bases militaires, quel que soit le pays auquel elles appartiennent ». Le ministre a également précisé qu’aucun pays n’avait formulé une demande en ce sens, ce qui constitue un démenti aux informations diffusées lors des dernières semaines selon lesquelles l’Algérie avait été pressentie par les Américains pour abriter le commandement de l’Africom et qu’elle aurait refusé. En clair, la coopération sécuritaire « fructueuse » avec les Etats-Unis ne va pas entraîner une intégration de l’Algérie dans une Africom qui est un élément de plus dans la stratégie globale américaine, où les volets sécuritaires - avec une exagération délibérée de la menace d’Al-Qaïda - ne sont pas séparables du souci de contrôler les sources d’approvisionnement en énergie et de contenir la « poussée » chinoise en Afrique. L’autre question abordée par Mohamed Bedjaoui est celle du blocage de l’Union du Maghreb arabe, dont il refuse l’imputation à l’Algérie. Il a rappelé un fait historique établi: l’Union du Maghreb a été créée alors que le problème sahraoui existait déjà et que ses concepteurs n’y voyaient pas une entrave. « On tente de faire accréditer l’idée que c’est peut-être le problème du Sahara Occidental qui entrave ce processus d’édification maghrébine. Il n’en n’est rien, car nul n’ignore que le problème sahraoui existait déjà avant la création effective de l’UMA ». Il a d’ailleurs rappelé que l’approche qui a prévalu, lors du lancement de la construction de l’UMA, « est de laisser le règlement de la question sahraouie aux Nations unies ». On peut d’ailleurs penser que si le processus maghrébin avait fonctionné sur cette base, cela aurait sans doute largement facilité la solution. Une occasion manquée... Sur un autre plan, le ministre des Affaires étrangères fait une appréciation positive des résultats de l’accord d’association avec l’Europe et fait état d’une « certaine amélioration » dans le domaine de la circulation des personnes, tout en soulignant que l’octroi des visas relevait de la souveraineté des Etats et des accords qui les lient. Il a cependant indiqué que l’Algérie réagissait avec fermeté quand des « mesures discriminatoires ou même contraignantes » sont imposées aux Algériens. Il a indiqué également que son ministère continuera à travailler pour obtenir des Européens un assouplissement des formalités de visas.
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Posté Le : 04/03/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : par M. Saâdoune