Algérie

Projection du documentaire « Azar » de Malik Bourkache à l’IFA Hommage à la femme kabyle



Projection du documentaire « Azar » de Malik Bourkache à l’IFA Hommage à la femme kabyle
Publié le 25.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

L’appel au retour aux racines (Azar en kabyle) est le propos de ce très beau film documentaire, projeté mardi soir, à l’institut français d’Alger.

«Azar» est son titre et il le porte très bien. Réalisé par Malik Bourkache et co-écrit avec Idir Bouchabane qui a été d'un grand support pour la fabrication de ce film, notamment pour trouver les principales protagonistes dont une fait partie de sa famille, «Azar» rend hommage à la femme kabyle et partant il plaide pour l'attachement à la terre nourricière. Dans les hauteurs des montagnes de Kabylie, en Algérie, vivent trois femmes: une agricultrice appelée kissa, une tisserande prénommée Chabha et enfin, une potière appelé Dahbiya. Ce documentaire suit ces trois femmes dans leurs tâches journalières tout en captant leurs témoignages qui vont vous surprendre! Azar dépeint ainsi le quotidien de ces femmes, filmant au plus prés leurs mains, leurs visages, leurs corps, debout, assis, ou encore à travers leur pérégrinations en plein milieu de la nature, dans leurs fourneaux affairées à faire du pain, à la terrasse de la maison, où elles ont toujours quelque chose à faire... Cela ne n'arrête jamais! Cela commence à 6h du matin et se termine parfois jusqu'à très tard...Un mode de vie qui n'est pas pour leur déplaire pourtant, malgré son côté rudimentaire, rythme par des tâches ardues, des instants éprouvants et pourtant, le film en dit paradoxalement tout le contraire. Ces trois femmes annoncent avec fierté que leurs ancêtres vivaient dans les mêmes conditions, voire pire, sans eau, ni électricité et pourtant ils ont vécu très longtemps et sont morts en bonne santé.

Ode à la terre nourricière
De quoi donner à réfléchir. Ces tâches répétées inlassablement s'apparentent en effet à du sport revigorant tandis que la nourriture que ces femmes préparent patiemment est le fruit de leur terre qu'elles cultivent sans pesticide. Ce film fait donc le pied de nez au monde occidental qui vit à cent à l'heure, charriant avec lui tout plein de maladies des temps modernes. Ces femmes qui respirent l'air frais de la montagne sont l'exemple vivant de la nécessité de revenir à la nature, aux choses simples, autrement dit à l'essentiel: aux fondamentaux de la vie, la terre. Au-delà l'hommage fait à la femme kabyle, forte, libre, digne et très active, ce documentaire trouvera assurément de l'intérêt chez les amoureux de l'écologie car son discours s’y s'inscrit pleinement. La pertinence du sujet justement réside dans la preuve à l'appui que nous assènent ces femmes en évoquant les bienfaits du travail accompli, notamment du rôle de ces taches comme un véritable antidépresseur contre le stress et la pollution des villes modernes.
Le film donne à voir, sans musique, un choix délibéré du réalisateur, des portraits de femmes courage, de femmes vraies, qui disent les choses avec une simplicité déroutante, mieux que n'importe quel médecin.

La paix et la santé
A elles seules, elles représentent le symbole de la résistance, de la résilience car n'ayant pas peur de rester là, pendant des heures, afin de créer soit une poterie, malaxant la matière pendant des heures ou de tisser un burnous notamment partant d'un coton qu'elle fabriquera elle -même, suivant plusieurs et longues étapes. Suivre le cercle des saisons, veiller à apprivoiser le climat et sa rudesse, la nature et sa rugosité, manger sainement, ces femmes que le réalisateur se plait à suivre et à écouter se révèlent être de vraies héroïnes de la vie de tous les jours. Des femmes que l'on ne voit pas souvent et que l'on entend quasiment jamais. Des femmes, pourtant belles, qui mangent ce qu'elles plantent, qui s'habillent quasiment ce qu'elles ont cousues de leurs mains, se réchauffent parfois du bois qu'elles récoltent. Et si aujourd'hui, la vie moderne peut leur faciliter la tâche, ces trois femmes n'oublient jamais leur culture ancestrale qui fait leur identité. Malik a réussi à nous plonger dans un film intimiste très attachant, par sa simplicité en apparence, mais qui se veut surtout très profond grâce à son relent philosophique qu'il charrie et qui appelle à la méditation, à la sagesse, car il y a quelque chose de spirituel qui plane au-dessus de ces femmes qui nous pousse à dire merci à ce que Dieu nous donne tout en nous poussant à ouvrir les yeux sur les choses essentielles que forme la vie...Mystique aussi est ce film car il inspire à une croyance à la fois intuitive et pratique reliant l'homme à la terre, affirmant ainsi paix et santé à tout ceux qui y adhèrent. Un film où l'on écoute, on observe, on sourit même parfois mais où on apprend énormément aussi.
En somme «Azar» nous met face à nous -mêmes, à nos certitudes existentielles, en nous renvoyant à la face ces choses qu'on a peut être oubliées ou fait mine parfois de ne plus voir. Un film qui parlera à beaucoup de monde car abordant un thème ô combien universel.
Un film qui vient de sortir en France et qui fera la tournée des instituts français d'Algérie, gageons qu'il trouvera beaucoup de succès! Un film à voir en tout cas!
Une suite est prévue pour info.

O. HIND



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