Algérie

Progression inquiétante du coronavirus à Oran



Certes, les structures d'accueil ne sont pas saturées, mais le nombre de malades qui affluent ces derniers jours commence à inquiéter les responsables du secteur, dans la deuxième grande ville du pays.Pour ne pas avoir trouvé à temps une place dans un hôpital d'Oran, un quinquagénaire risque à tout moment de succomber au coronavirus. "Dimanche soir, mon cousin a été pris d'une grave crise respiratoire. Nous l'avons transporté à Chtaïbo et à El-Kerma, où il n'a pu être admis faute de lit. Nous l'avons mis sous oxygène chez lui et, ce matin, nous avons encore essuyé un refus de l'hôpital d'Aïn El-Turck où il n'y avait pas de place, semblait-il", rapportait hier un proche du malade, qui a finalement eu la "chance" de trouver une place à Chtaïbo dans l'après-midi.
"Son état n'incite pas à l'optimisme. Il est intubé et son taux de saturation en oxygène ne dépasse pas 35%. S'il avait été pris en charge à temps, je ne crois pas qu'il se serait trouvé dans cette situation. Comment est-on censé se soigner contre le coronavirus en Algérie '" s'est emporté notre interlocuteur. Interrogation légitime qui taraude bien des esprits, à l'heure où de plus en plus de personnes atteintes de coronavirus n'ont pas la possibilité de se faire hospitaliser "faute de lit" dans les structures de santé dédiées à la prise en charge de la Covid-19. Pourtant, la direction de la santé d'Oran est catégorique : il n'y a pas de problème de place. "Selon les données dont nous disposons, nos hôpitaux ont enregistré 307 admissions pour une capacité d'accueil de 449 places. Théoriquement, aujourd'hui, 142 lits sont disponibles. Depuis l'apparition de la 4e vague, nous n'avons pas encore été officiellement saisis sur un prétendu manque de places", s'est élevé Youcef Boukhari, chargé de communication à la direction de wilaya de la santé et de la population, en exhibant un état chiffré de la situation épidémiologique dans la wilaya d'Oran. "S'il y a saturation, qu'on nous la notifie", a-t-il ajouté, en prenant comme exemple l'hôpital de Chtaïbo, d'une capacité de 190 lits.
Youcef Boukhari réagissait de la sorte au refus de Chtaïbo et d'El-Kerma d'admettre des malades en mettant en avant le manque de place.
"Je ne peux accueillir de nouveaux cas sans mettre en danger la santé des 128 malades déjà hospitalisés et sous oxygène", a confirmé Karim Laroussi, directeur de l'hôpital Chtaïbo, pour lequel les pouvoirs publics, la direction de la santé en premier, devraient rapidement trouver des solutions pour prendre en charge la population malade, qui augmente de jour en jour.
"On peut recourir aux établissements de proximité, ouvrir l'hôpital de Gdyel ou celui d'Oued Tlélat. Les solutions existent, mais les autorités doivent prendre des décisions", a-t-il insisté, en justifiant son refus d'admettre des malades supplémentaires par le risque encouru par les patients hospitalisés : "Ils sont correctement pris en charge. Si nous devions arriver à saturation, nous les mettrions en danger." Si la DSP et les hôpitaux ne semblent visiblement pas s'entendre sur les capacités d'accueil réelles des structures de santé dédiées à la prise en charge des malades atteints du coronavirus ou sur la stratégie à suivre en matière de lutte contre la pandémie, ils sont en revanche unanimes à reconnaître la gravité de la situation épidémiologique.
"Catastrophique", selon le porte-parole de la direction de la santé, qui évoque 80 contaminations par jour confirmées par le seul test PCR. "Si l'on prend en compte les autres méthodes de dépistage (scanner, test antigénique...), il faudra probablement multiplier le nombre par... 23", a affirmé le responsable de la prévention, en évoquant cinq décès par jour. Youcef Boukhari, qui a annoncé l'ouverture de la maternité des Amandiers (30 lits) aux femmes atteintes de Covid, n'a pas écarté l'éventualité de réquisitionner d'autres établissements hospitaliers de proximité "si le nombre de contaminations continue sa progression et que les hôpitaux arrivent effectivement à saturation".
Les deux parties s'entendent également sur le fait que, contrairement à l'épisode meurtrier de la 3e vague, l'oxygène ne pose désormais plus problème. "Aujourd'hui, nous disposons d'un stock de plus de 82 000 litres pour une consommation quotidienne de 37 000", a rassuré la DSP à propos de l'oxygène destiné aux établissements hospitaliers.En tout état de cause, il est urgent de déterminer les capacités d'accueil réelles des établissements de santé afin de prendre les mesures qui s'imposent. La guerre des chiffres entre la DSP et les hôpitaux n'arrange personne, surtout pas les malades qui cherchent désespérément un lit et une source d'oxygène pour continuer à vivre.

S. Ould Ali


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