Algérie

Programme MEDA-Finances L?heure est au bilan



Au bout de six années d?application du programme MEDA d?assistance à la modernisation des systèmes financiers algériens (AMSFA), il est permis de penser, au regard du bilan qui a été exposé hier à l?hôtel Mercure par les responsables du projet, que les secteurs des banques et des assurances sont remis sur les rails. Et que, désormais, la balle est dans le camp des banques publiques et des compagnies (publiques et privées) qui ont pris part à ce processus de mise à niveau de continuer leur mue vers une plus grande professionnalisation. C?est un sentiment de «mission accomplie», voire d?un «pari réussi», pour reprendre l?expression de Fanny Labarthe, membre de la délégation de la Commission européenne en Algérie, présente à la réunion d?hier avec la presse, qui se dégageait des interventions des gestionnaires et des experts ayant pris part à l?élaboration et la mise en application du programme MEDA-Finances (2001-2007).Pierre Gueneau, le directeur de l?Unité de gestion du programme (UGP-Finances), a brossé un tableau général des six années de mise à niveau des cinq banques publiques (BADR, BDL, BEA, BNA et CNEP-Banque, le CPA s?étant retiré du programme étant donné qu?il s?était engagé dans un processus de privatisation), et des sociétés d?assurance (SAA, CAAT, CAAR), ainsi que des organismes de ce secteur (CNA et UAR).Pas moins de 12.000 journées/homme et 23 millions d?euros (sans compter les moyens mis en place par les banques et les assurances) ont été nécessaires pour accompagner l?ensemble de ces institutions dans le chemin de la modernisation. Selon M. Gueneau, «quatre cinquièmes du travail ne sont pas visibles». Il s?agit d?un travail d?expertise et de mise à niveau dans la gestion interne des banques et des assurances qui a duré cinq années (septembre 2001 à juin 2006). Il reste, ajoute-t-il, que ces entreprises ont fait «d?énormes efforts» d?adaptation et de formation pour améliorer leur gestion. En mai 2006, ont été lancés deux «grands projets».L?un concerne la «mise en oeuvre d?une banque de détail», et l?autre un programme complémentaire catastrophes naturelles pour les compagnies d?assurances. Pour les banques, il fallait, explique-t-il, «donner un caractère commercial à une organisation très administrative».Chacune selon ses besoins, les 5 banques publiques ont ciblé des domaines bien précis dans lesquels elles souhaitaient acquérir ou améliorer leurs compétences.Le seul hic dans cette partie du programme reste la partie relative au crédit bancaire qui, de l?aveu de M. Gueneau, «est un échec». Dans ce domaine, il estime que les banques ont encore du travail à faire. Interrogé sur les raisons de cet échec, le directeur de l?UGP-Finances avance deux explications. La première concerne le fait que les banques algériennes n?étaient pas préparées à devenir des banques de détail, ce qui a aggravé chez elles le manque de la culture de prise de risque. «Elles étaient les guichets avancés du Trésor public», dira-t-il. Quant à la seconde explication, à la décharge des banques, elle concerne les PME qui pour certaines (sans généraliser) ont «un déficit de sincérité» lorsqu?il s?agit de présenter des bilans aux banquiers. La conséquence logique à ces deux défaillances, comme l?explique Gueneau, c?est le développement de la «culture de la garantie» qu?exigent les banques pour octroyer des crédits.Emmanuel Cullin, expert chez Ineum Consulting, un bureau d?expertise ayant pris part à ce programme, a détaillé l?ensemble des étapes du programme d?assistance à la mise en oeuvre d?une banque de détail déployé dans des agences pilotes (sauf pour la BDL qui a choisi une autre formule). Les banques en question étaient soumises à un plan d?action global de mise à niveau pour acquérir l?efficacité opérationnelle et commerciale.Il s?agissait, sur le plan extérieur (visible), de réduire les files d?attente, de faciliter les démarches aux clients, d?améliorer la connaissance du client, d?augmenter le temps commercial et celui des ventes. Quant au plan interne, le programme devait permettre de «garantir les délais de production» (respect des délais pour l?octroi d?un crédit), assurer un «niveau constant de qualité» et d?augmenter la productivité. Les banques ont également reçu, de la part des experts formateurs, un «plan de généralisation» de ces nouvelles pratiques à l?ensemble des agences de leurs réseaux respectifs, dans un «délai raisonnable» allant de 14 à 18 mois. Pour les assurances, Didier Duchêne explique qu?en 2002, le secteur était caractérisé par «une très faible densité d?assurance» et des «faiblesses opérationnelles».En 2007, «il y a eu beaucoup de progrès», constate-t-il. Au bout de 15 mois de travail, parmi les résultats obtenus, il citera : la «remise en vigueur du bonus/malus» (dans la branche automobile), «l?application de la Convention IDA» qui permet à l?assuré de percevoir directement l?indemnisation, la création d?un «corps d?Inspecteurs régleurs de sinistres», d?une «société commune de lutte contre la fraude à l?assurance» et d?une «centrale des risques», et une «prise de conscience accrue pour l?assurance catastrophes naturelles». A la fin du programme MEDA, le secteur des assurances s?est engagé à aller plus loin dans sa mise à niveau, avec notamment la modernisation des systèmes d?information et le développement des assurances de personnes (santé, retraite...). Le programme MEDA-Finances prend donc fin. Il appartient à la partie algérienne, comme l?a affirmé Mme Labarthe, de continuer la progression. «Les compétences existent, tout est question de volonté», souligne M. Gueneau, qui estime que c?est le taux de bancarisation qui donnera une idée de l?amélioration de la qualité de service.


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