Algérie

PROFILS ET PROFITS DE SBIRES



Plus qu'il ne provoque un tournis phénoménal, le chiffre de plus de 400 hauts fonctionnaires sujets de poursuites judiciaires en ce moment est un lourd coup de massue sur la tête de la nation. Il n'est pas seulement une petite histoire à classer dans les faits divers. Sa catastrophique résonnance n'indique pas uniquement une cupidité manifeste d'hommes ayant égaré leur conscience mais elle met à nu le vrai profil de sbires animés d'une perversion illimitée au service d'une caste aux contours d'une véritable cour impériale. Par son étendue, son drame a une allure d'assignation de tout un chacun car il est à admettre qu'aux yeux du monde, c'est le peuple entier qui a été sali. Les éclaboussures entachantes sont difficilement désinfectées et même si la balance de la justice a été activée, il restera des taches dans les c?urs que l'on ne pourra effacer. De mémoire, aucun pays n'a vécu le défilé d'une telle armada de hauts responsables devant la justice pour des rapines colossales et avérées.Acteurs d'une piraterie des temps modernes, on peut comprendre à leur décharge qu'ils n'ont été que de fidèles outils disciplinés de roitelets restreints qui ont intentionnellement confondu bien public et butin. Leur réel visage aujourd'hui dévoilé par la justice est d'abord l'étalage des critères sur la base desquels des responsabilités étaient distribuées. L'unique compétence exigée par l'empire en papier carton reposait sur le seul art de l'obéissance et de la manigance. Refuser de se plier aux ordres téléphonés équivalait à signer la mort d'une carrière d'autant que celle-ci a été architecturée sur le parterre de dociles et malsains compromis.
Un outil humain n'est qu'un outil et comme un tournevis il ne sert qu'à visser et à dévisser des lois pour obéir à des instructions conformes à un compagnonnage particulier transformant l'intérêt public en pacotilles à écrabouiller. Le copinage et les liens familiaux ont transformé l'Etat en un harem où les alcôves autorisaient de se passer de la loi et de la légalité.
Plus de 400 hauts fonctionnaires se défendent avec une énorme maladresse devant la justice avec le seul argument d'avoir obéi aux ordres venus d'en haut. Ils ne se sont jamais rendu compte que dans un pays qui se respecte les ordres viennent d'en bas.


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