Algérie

Profession : Reporter de c'ur


Le travail,la persévérance et le professionnalisme paient toujours. Notre cons?ur, Zohra Bensemra, photographe-reporter, exerçant à l'agence Reuters, vient d'être élue Photographe de l'année 2017 par le prestigieux quotidien britannique The Guardian.Zohra Bensemra, 49 ans, est la première femme journaliste photographe algérienne, -car il est important de le souligner- celle qui dans les années 1990 témoignait à travers son «boîtier» l'horreur et la folie meurtrière terroriste en bravant et trompant la peur pour informer. Elle vivait recluse.
Car ciblée, comme tous les journalistes ayant payé un lourd tribut, par les groupes terroristes. La journée, elle photographiait le climat mortifère, et la nuit, elle écoutait Cheb Khaled pour songer à la paix et à la vie. Et surtout balancer à la face du monde la tragédie innommable que traversait son pays.
Elle était alors photographe-reporter du quotidien national El Watan. Depuis, exerçant à l'agence d'informations Reuters, Zohra Bensemra ne se refait pas. Au contraire, elle continuera à dévoiler la souffrance, la détresse, la bêtise humaine, la guerre, l'espoir et le désespoir de par le monde. Zohra Bensemra est à l'écoute (vue plutôt) de ses semblables. De son prochain.
Elle est de tous les fronts
C'est une humaniste du déclic. Elle s'acharne à montrer la détresse humaine pour ne pas dire infrahumaine dans le monde ici-bas. Elle ne recule pas. Elle monte au front. Au charbon. En première ligne. Comme l'attestent ses clichés. Ayant volé ici, là et là-bas, des instants et autres instantanés des conflits en Syrie, Irak, Libye, ou se rendant au Pakistan, Afghanistan, Serbie, Egypte ou encore Somalie ravagée par une sécheresse menaçant l'existence de millions d'humains.
Elle est de tous les fronts, quoi. Le prestigieux journal britannique The Guardian, en choisissant -parmi d'autres de ses cons?urs et confrères- Zohra Bensemra comme photographe- reporter de l'année, a voulu exprimer une certaine reconnaissance pour son travail professionnel et cette dimension humaine.
«Cette année, le bureau de photos du Guardian a choisi la photo-journaliste de Reuters, Zohra Bensemra, comme photographe de l'agence de l'année. De la sécheresse en Somalie au conflit en Irak et en Syrie contre l'Etat islamique aux élections dans son pays l'Algérie?», a annoncé The Guardian.
L'histoire de Zeinab, la somalienne
Se confiant au Guardian «l'heureuse élue», Zohra Bensemra, résumera l'année 2017, photographiquement parlant : « Je pense que 2017 a été une année difficile pour le monde en termes de guerres, de désastres, d'abus des droits de l'homme, de crises des réfugiés et de famine. Même les gens qui vivent dans des pays autrefois stables sont confrontés à des attaques terroristes. Je crois que personne ne se sent en sécurité ces jours-ci.
Je mets mon c?ur dans tous les reportages sur lesquels je travaille, mais ceux dont je me sens le plus fort sont ceux qui me mettent en contact avec des gens -des sujets qui sont liés à la lutte des gens pour leurs droits. Je veux pousser les spectateurs à se reconnaître dans les images de la douleur ou de la joie de quelqu'un d'autre. Ce premier moment de reconnaissance. Le reportage en Somalie m'a marquée. Il ne s'agissait pas de guerre mais de la lutte d'une femme.
Zeinab, une jolie fille de 14 ans, avait été forcée par sa mère à épouser un vieil homme qui lui offrait 1 000 $ en guise de dot. La dot a permis à sa famille de se rendre à Dollow, une ville somalienne située à la frontière éthiopienne, où des organismes d'aide internationale fournissaient de la nourriture aux personnes fuyant la sécheresse. Zeinab avait sauvé la vie de toute la famille.
Zeinab ne pouvait pas supporter son mari et voulait divorcer. Je préférerais mourir. Il vaut mieux que je coure dans la brousse et que je sois mangée par des lions», avait-elle dit. «Zeinab voulait terminer ses études, elle voulait devenir professeur d'anglais, elle ne voulait pas se marier. Son mari n'accepterait un divorce que si la famille restituait la dot, ce qui n'était pas possible?».
«Les réactions humaines sont les mêmes partout»
A propos de son approche par rapport au sujet, Zohra Bensemra répondra tout de go : «J'approche les gens avec respect. Quel que soit leur statut. J'ai commencé en tant que photographe dans mon pays, l'Algérie, pendant le conflit dans les années 1990. En plus de couvrir la guerre, j'ai été directement affectée, j'ai perdu des amis et des parents.
Environ 200 000 personnes ont été tuées, y compris des civils, des intellectuels, des journalistes, des policiers, des militaires... Plus tard, quand j'ai commencé à faire des missions internationales, j'ai trouvé beaucoup de similitudes avec ce que j'avais vécu en Algérie. J'en suis venue à comprendre que peu importe la nationalité ou la religion, les réactions humaines sont les mêmes partout.
Mon expérience en Algérie m'a appris à couvrir humblement les sujets, les reportages?Tant que je suis concernée par l'humanité et la vie, mon c?ur est là. Les lieux, les nationalités, voire les types de couvertures, sont secondaires.
Je n'ai aucun jugement quand j'approche les gens et les prends comme ils sont. Je pense que pour pouvoir faire ce travail, nous devons accepter les difficultés. Il est impossible de réussir ce que nous avons prévu de faire...». Zohra Bensemra est un témoin oculaire, un reporter pas de guerre, mais contre la guerre. Un reporter de paix. C'est cela qui scintille dans son ?il «design». Et là, y a pas photo. Félicitations et bravo, Zohra !
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