Algérie

Professeur Redjimi, dernier épisode de la saga du médicament



Le marché du médicament en Algérie - un milliard de dollars seulement en importation - est réputé être une chasse gardée d?anciens ou d?actuels responsables à travers leurs enfants ou des partenaires d?affaires. La figure la plus connue dans le microcosme des importateurs-fabricants est bien sûr la fille du général-major Smaïl Lamari, patron du contre-espionnage à l?ANP. Longtemps importatrice, son entreprise compte se lancer dans la production sur un site à Ouled Fayet, près d?Alger. La filière des fils de et des filles de est bien fournie dans le métier du médicament où l?on entend citer la fille de Ali Tounsi, patron de la DGSN, le fils du général Gheraïb ou encore le fils du général Bouhadja qui a racheté le laboratoire LAM à Chéraga. Il appartenait à Moumène Khalifa. La liste est longue et tout le monde n?a d?ailleurs peut-être pas profité de la protection politique de « papa » pour se faire une place. Il est bien admis cependant, dans le milieu, que la réglementation extrêmement fouillée peut être appliquée à la tête (et aux épaules) du client pour faire enregistrer un médicament importé, fixé son prix, obtenir une autorisation de mise sur le marché ou une autorisation définitive d?exploitation pour un produit fabriqué en Algérie. Exemple, le numéro un du privé LPA a réussi à obtenir d?un tour de main l?enregistrement d?un médicament (Granidyl 500), enregistrement bloqué pour un autre importateur durant deux ans. D?autres professionnels du médicament de la première heure ont gagné suffisamment d?argent pour faire une entrée spectaculaire dans d?autres milieux d?affaires, comme c?est le cas du patron de Copharm, Abdelwahab Rahim, qui s?est rendu acquéreur de l?hôtel International d?Alger - sous franchise Hilton - et des terrains le jouxtant. Dans cet univers de jeux d?influence, de protection et de passe-droit, le ministre sortant, le professeur Mourad Redjimi, a décroché une palme. Un proche parent, qu?il a rapatrié du Canada en urgence, a fait une courte pige à la tête de la PCH (pharmacie centrale des hôpitaux) le temps de signer deux contrats d?approvisionnement « très controversés » puis de s?en aller. Son fils Djamil Redjimi est devenu un « sérieux » importateur de médicaments durant le délai - inférieur à deux ans - où son père dirigeait le ministère de la Santé et de la Population. Grand bien lui fasse, s?il n?y avait ces témoignages grinçants de nombreux importateurs nationaux et de multinationales installées en Algérie évoquant des blocages douteux de certains de leurs programmes d?importation. Le cas le plus flagrant est celui de l?empêchement qui a été fait au laboratoire privé algérien Théracia de lancer sa commercialisation de produits antibiotiques sur son nouveau site de Hamadi, à l?est d?Alger, alors que tout était prêt en juin 2004 selon la procédure en vigueur du contrôle, de l?autorisation provisoire, de l?évaluation et de la visite sur site. Prétexte au silence radio du ministre, une sombre affaire de changement de fournisseur des matières premières. Un cas pour lequel, lorsqu?il est avéré, la réglementation prévoit un règlement en 3 mois. Le nouveau ministre Amar Tou, en arrivant, a levé le blocage frappant Théracia. Entre temps de grandes quantités d?antibiotiques d?un grand laboratoire étranger avait été importées. Puis le laboratoire britannique Glaxo a lancé au printemps 95 sa production directe en Algérie. Le conflit d?intérêt entre la fonction du ministre et la position de son fils importateur occasionnel d?antibiotiques a fini par faire désordre. Mourad Redjimi - un ministre de plus qui se prévalait de l?amitié du Président Bouteflika - a été sèchement débarqué du gouvernement en mars dernier. La saga des relations malsaines du pouvoir et du médicament s?est enrichie d?un épisode.


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