Le cadre
verdoyant de l'annexe de l'Institut Pasteur d'Algérie de Sidi Fredj, trempé par la bruine qui tombait ce samedi 17 décembre,
accueillait l'assemblée générale du Comité algérien de lutte contre la
tuberculose (CALT). Les membres, ont répondu de toute part à l'invitation du
Pr. Pierre Chaulet, qu'il n'est nul besoin de
présenter ou, tout au moins, par ses quelques lignes de Hamid
Tahri: «Pierre Chaulet est
né à Alger en 1930. Jeune, il adhère au scoutisme catholique. Pierre s'est
éveillé très jeune aux problèmes sociaux. Il s'est engagé dans la lutte armée
aux cotés du FLN, alors qu'il était jeune médecin. Arrêté à deux reprises, il a
été expulsé en France. Il rejoint le FLN en Tunisie où il poursuit ses missions
de médecin et rédacteur d'El Moudjahid. A l'indépendance, il rejoint l'hôpital
Mustapha où il tient un important service. Il a grandement contribué à
l'éradication de la tuberculose. En 1992, il est sollicité par Boudiaf. Il est
nommé au Premier ministère aux cotés de Belaid Abdeslam et Réda Malek. Il est
membre du Conseil national économique et social(CNES)».
(El Watan édition du 23 mars 2006)
Cette session (re)constitutive du Comité, placée sous la présidence du Pr.
Abdelhamid Aberkane ancien
ministre, respectivement de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique
et de la Santé
de la Population
et de la Réforme
hospitalière, était consacrée à rendre hommage au Pr. Djillali
Larbaoui, l'un des maîtres d'Å“uvre de l'épopée menée
contre le dénuement social dont la tuberculose en constituait le spectre
morbide, ravi à l'affection des siens à l'âge de 85 ans, à renouveler le bureau
exécutif et à reformuler les statuts en conformité avec l'imminente législation
associative et soumettre au débat, les rapports moral et financier.
L'assistance, constituée de chirurgiens, médecins, journalistes, gestionnaires,
enseignants, financiers, juristes et de membres de l'Association
d'alphabétisation «Iqraa», répondait aux vÅ“ux des
animateurs de cette journée, notamment Pr. Noureddine
Zidouni, manager de la rencontre. La diversité
géographique et professionnelle répondait pour une large part, aux objectifs
que Le Comité algérien de lutte contre la tuberculose et les maladies
respiratoires, s'assigne dans ses activités caritatives. Il s'agit
principalement de renforcer, par des activités auxiliaires, complémentaires et
non lucratives, l'action menée par les pouvoirs publics pour la promotion de la Santé respiratoire.
Elles ont comme objectifs secondaires :
- Contribuer à
l'éducation sanitaire de la population en général et spécialement de la
jeunesse sur la prévention, le traitement et la réparation de la tuberculose et
des maladies respiratoires…
- Produire et
diffuser des messages éducatifs par tous moyens de communication et supports
médiatiques…
- Soutenir toute
initiative facilitant l'accès aux soins des malades souffrant de tuberculose et
de maladies respiratoires non tuberculeuses…
- Participer
activement aux activités de l'Union internationale de lutte contre la
tuberculose et les maladies respiratoires dont l'Algérie est membre depuis
octobre 1965…
La gorge nouée
par l'émotion et les yeux embués par les larmes, la Pr. Nadia Ait Khaled,
consultante internationale en Santé respiratoire et membre de l'Union
Internationale contre la
Tuberculose et les Maladies respiratoires (UICTMR) et
disciple du Pr. Larbaoui, l'évoquera en ces termes :
Affable, chaleureux et modeste, tels sont les qualificatifs dont elle affuble
son maitre pour continuer par cette révélation :
«Jeune interne…je me rappelle encore qu'il m'avait tenu la main pour ma
première ponction pleurale». En exercice libéral dès 1956 à Sétif, Dr Larbaoui avait aussi, la responsabilité du dispensaire
antituberculeux et du service spécialisé hospitalier et ce jusqu'à la fin de
1963. Et c'est à l'âge de 37 qu'il entame son étincelante carrière
hospitalo-universitaire. Il gravira tous les échelons universitaires pour être
consacré professeur chef de service en 1971, fonction qu'il assumera jusqu'en
1998. Il se consacrera, dès 1964, à la dynamisation des sociétés savantes de
pneumo-phtisiologie et de médecine d'Alger pour élargir son champ d'action à
l'organisation des premiers congrès médicaux maghrébins. Il assurera la
présidence bénévole du Croissant rouge algérien et le secrétariat général du
Comité algérien de lutte contre la tuberculose dès 1970. Membre actif depuis
1965 de l'Union internationale de lutte contre la tuberculose et les maladies
respiratoires, il préside la commission des méthodes de diagnostic de la
tuberculose en qualité de membre du comité exécutif de l'Union et de celui de
la région Afrique depuis 1971. Il en devient le président de 2002 à 2004. En étroite
collaboration avec le département chargé de la Santé et le Laboratoire de référence de
l'Institut Pasteur d'Algérie, Djillali Larbaoui a été l'une des chevilles ouvrières du Programme
national de lutte contre la tuberculose. Ayant participé à l'élaboration des
guides techniques et les manuels de lutte antituberculeuse régulièrement mis à
jour, cet homme du consensus reconnu pour ses travaux de recherche, a été
honoré sur les plans régional et international. Participant aux cours
internationaux de lutte contre la tuberculose, il animera à Paris et à Alger
celui de l'Union /OMS de 1985 à 1993 et celui d'Addis
Abéba sous l'égide de OMS/Union/ ALERT de 1989 à
1992. L'oratrice terminera son poignant témoignage par : «Attentif aux
étudiants, il aimait aussi recevoir dans sa famille collègues algériens et
visiteurs étrangers. Tous se souviennent de son accueil chaleureux et des
soirées qu'il terminait en se mettant au piano à la grande joie de
l'assistance. Les membres du CALT et tous ceux qui l'ont connu s'associent à la
peine de sa famille».
Le rapport moral
qu'à eu à présenter le Pr. Pierre Chaulet, secrétaire
général sortant du Comité, est une anthologie dans le souci du détail, de la
restitution des faits historiques de cette âpre lutte qu'ont eu à mener, femmes
et hommes, avec pour seule arme : la conviction. La démystification du
diagnostic par Rayons X, posait à elle seule, d'énormes difficultés dans
l'approche des préjugés afin de les remanier. La levée de boucliers grégaire ne
s'est pas fait attendre, quand le petit microscopiste, formé sur le tas,
permettait le diagnostic bactériologique précoce de la «phtisie» ou quand
l'infirmier prenait à bras le corps l'administration des médicaments selon un
schéma standard. Belle et courageuse aventure, que l'on ne pourra plus
appliquer aux pathologies prévalentes en dépit des capacités installées
présentement. Du haut de ses quatre vingt ans, le regard vif et l'espièglerie
du Professeur, n'ont pas pris une seule ride. Par sa lecture intimiste et
synthétique du rapport, l'orateur a restitué les moments forts de ce combat
inégal que les plus jeunes ont écouté avec respect, et les congénères avec une
pointe de nostalgie. Le rédacteur ne manquera pas à la fin du rapport-plaidoyer, de signaler en bas de page : (Le présent
rapport est une mise à jour d'un rapport d'activités rédigé en 1985 par les
regrettés Professeurs Djillali Larbaoui,
Ahmed Aroua, Nour Oussedik, avec l'aide du Professeur Pierre Chaulet). En passant la main, par le consensus, aux
Professeurs A. Aberkane en qualité de président et N.
Zidouni en qualité de secrétaire général, Pr. Pierre Chaulet semblait soulagé du poids d'un faix, que lui et ses
compagnons ont porté pendant près d'un demi-siècle.
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Posté Le : 22/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com