Soixante tombes saccagées A coup de pic, on s?est acharné à briser les marbres qui recouvrent les sépultures et tout spécialement les tablettes qui portent les épitaphes. Nous avons dénombré une soixantaine de tombes fracassées de la sorte, même celles des enfants. Nous avons pu également constater que ce sont plutôt celles qui sont à l?abri des regards, sous les arbres ou le long des murs d?enceinte qui ont été visées par les malfaiteurs. Les nuits sont en effet particulièrement claires ces derniers jours. Contrairement à la rumeur ayant fait le tour de la ville mercredi, jour hebdomadaire de marché, il n?y a pas de tombes ouvertes et souillées, de cadavres dépouillés ou de squelettes démembrés. Les familles sont vite accourues pour vérifier l?état des tombes de leurs proches. « On ne comprend pas ! C?est la stupéfaction ! C?est du jamais vu chez nous. Cela ne nous ressemble pas », se lamentent les visiteurs.« Jamais l?un des nôtres ne ferait une chose pareille, même complètement saoul ou drogué. » Cela ne peut non plus être l??uvre d?un fou ou d?un déséquilibré, comme tente de le faire croire une version des faits, car les dégâts sont tels qu?ils supposent que c?est manifestement l??uvre d?un groupe qui a agi en toute conscience et à dessein. On s?interroge depuis sur les raisons et les intentions des auteurs de cette inqualifiable profanation. Les cimetières juif et chrétien à proximité immédiate n?ont pas été approchés. Pour la population, les coupables sont tout désignés : « Ce sont ces salafistes devenus particulièrement visibles autour des mosquées qui ont embrigadé de nouveaux adeptes qui ont, à leur tour, ressenti le besoin de faire leurs preuves ». « Il y a des hallaqate (séances d?enseignement religieux) et des prêches ici chez nous, nous dit une dame sur les lieux visiblement bien au fait de ces questions, qui ont interdit avec l?habituelle véhémence le bâti sur les tombes et leur identification. » « C?est fort possible, enchaîne un monsieur très connu pour sa piété, car ils ont des comportements différents des nôtres ici pendant les enterrements qu?ils ont d?ailleurs tenté de nous imposer. » A l?ahurissement des premières heures ont succédé une indignation profonde et des craintes justifiées. Et c?est précisément à ce moment que la population d?El Kala apprend encore que l?un de ses enfants d?à peine 20 ans est l?une des 10 victimes du kamikaze de Lakhdaria. Depuis quelques années à El Kala, disent encore les superstitieux, un malheur frappe au début de chaque saison estivale.
Posté Le : 14/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slim Sadki
Source : www.elwatan.com