La commission
d'enquête parlementaire sur «la pénurie et la hausse des prix de certains
produits alimentaires» a vivement critiqué le système
de soutien en vigueur des produits de large consommation. Kamel
Rezgui, président de cette instance mise en place par
l'APN après les émeutes de janvier dernier, s'est
longuement exprimé hier sur ce sujet sur la radio de la chaîne3.
«On doit opter
pour un système de subvention qui ciblerait les classes démunies. Le budget de
l'Etat est basé sur le prix d'un baril à 37 dollars. Si le prix chute à moins
de 60 dollars, la fiscalité ordinaire ne peut plus suffire pour subventionner
les prix des produits de base», dit-il. La commission d'enquête parlementaire a
remis son rapport au président de l'APN, en attendant
l'aval des députés pour le rendre public. Le rapport recommande la libération
des prix des produits subventionnés (lait, céréales, sucre, huile) et le
versement de l'argent nécessaire pour couvrir le budget de consommation des
produits de base aux ménages démunis. «Il faut établir un fichier national des
démunis. Ce n'est pas normal de vendre le lait au même prix au riche et au
pauvre. L'Etat soutient les yaourts, les sodas et les pâtisseries. Ce n'est pas
normal de soutenir les prix pour tout le monde», déplore M. Rezgui.
Ce dernier se dit
favorable à un débat national sur cette question. «Les importations des
matières premières subventionnées destinées à la fabrication des produits de
consommation ont doublé en un an. Ce n'est pas normal. Le gouvernement doit
plafonner les importations de ces matières en fonction des besoins du pays», suggère-t-il.
Sur un autre
volet, l'invité de la radio déplore l'absence d'une cellule de veille des cours
des produits de base sur les marchés mondiaux. «Nous achetons pour une valeur
de 50 milliards de dollars par an et nous n'avons aucune instance de veille qui
permettrait d'acheter à des prix avantageux à l'étranger», regrette-t-il. «Nos
offices publics (OAIC et ONIL, ndlr) achètent
n'importe comment. Ils travaillent comme des administrations publiques», critique-t-il.
Par ailleurs, M. Rezki lance un appel au gouvernement
afin que ce dernier mette en place en urgence le Conseil de la concurrence. «Le
ministre du Commerce a promis que ce conseil sera installé avant la fin de
l'année 2011. Les prérogatives du ministère du Commerce ont été transférées à
ce conseil qui ne fonctionne pas encore. Nous avons relevé des situations de
dominance qui n'auront plus raison d'être une fois le Conseil de la concurrence
en fonction», explique-t-il. Et de souligner que la situation de dominance (supérieure
ou égale à 40 % du marché) n'est pas interdite par la loi de la concurrence de 2003
mais son recours abusif l'est en revanche.
L'invité de la
radio estime que les privatisations des entreprises publiques n'ont pas abouti
à aux résultats escomptés. «Le cahier des charges n'a pas été respecté. L'Etat
doit intervenir», souligne-t-il. M. Rezgui évoque de
«grands dysfonctionnements» dans le circuit commercial, notamment en ce qui
concerne le segment de la vente en gros. «Les dispositifs de contrôle de l'Etat
existent, mais ils ne sont pas efficients. Le marché informel occupe une grande
place», note-t-il. Et de souligner que contrairement aux membres du
gouvernement, aux responsables du fisc et des douanes ou aux opérateurs économiques,
les grossistes n'ont pas répondu à la convocation de la commission. «Nous ne
savons pas pourquoi. Nous attendons la réponse du ministère du Commerce», indique-t-il.
«La pratique de la facturation et du paiement par chèque est inexistante», souligne-t-il,
appelant le gouvernement à réintroduire l'obligation du paiement par chèque. M.
Rezgui met en garde contre les conséquences d'un
effondrement des cours du pétrole. «Si le prix du pétrole chute, on n'aura pas
l'argent suffisant pour payer les salaires et les retraites», avertit-il, appelant
le gouvernement à lutter contre l'informel pour augmenter la part du
recouvrement de la fiscalité ordinaire, qui ne dépasse pas actuellement 55 % du
budget de l'Etat.
L'invité de la
radio note que la hausse des cours des matières premières sur les marchés
mondiaux était à l'origine de la flambée des prix sur le marché local. «Aussi, nous
avons relevé que des anciens stocks ont été vendus à des prix forts en Algérie»,
dit-il. «La filière du lait pasteurisé, par exemple, est affectée par une
mauvaise distribution dans certaines régions», indique-t-il. Dans la foulée, M.
Rezgui déplore l'inapplication par l'exécutif des
lois votées par le Parlement. Et de souligner l'absence de l'Etat dans la
filière du sucre et de l'huile. Les unités publiques de production ont été
privatisées. «Pour le lait et les céréales, l'Etat peut réguler via les offices
publics. Pour le sucre et l'huile, il faut que l'Etat intervienne pour éviter
les tensions, à l'image de celle ayant prévalu en janvier dernier», estime-t-il.
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Posté Le : 15/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim L
Source : www.lequotidien-oran.com