Algérie

Produire et consommer



La qualité des biens et services, pour la trouver, nombre de consommateurs sont prêts à payer le prix. Il faut fuir la camelote asiatique, pouvoir trouver un restaurant sain et accueillant ou une salle de cinéma potable. C'est cette quête qui explique le rush vers le nouveau centre commercial et des loisirs de Bab Ezzouar. Il a été pris d'assaut par des milliers de visiteurs, des familles essentiellement, ravies en même temps de fuir pour quelques heures l'ennui mortel de la ville et surtout avides d'admirer ce temple du shopping et des loisirs. L'impression première est la rareté du « made in Algeria » et la cherté des produits et services, présentés comme luxueux ou originaux. Le sceau de l'import est partout présent et seuls quelques biens produits localement arrivent à y trouver place. Un autre rush identique eut lieu, il y a trente ans, vers le centre Ryadh El Feth, que Chadli dédia à la consommation. Mais la structure imposante, réalisée à grands frais, rendit rapidement l'âme, ne pouvant, de par le système « socialisant » de l'époque, faire face aux attentes. Il n'y avait presque pas de produits importés, les quelques biens locaux non diversifiés étaient généralement de mauvaise qualité.On est passé en trois décennies du « tout-national » au « tout-import » sur le dos du consommateur qui n'a trouvé son compte ni dans les prix ni dans la qualité. Lorsque celle-ci existe, elle est hors de prix car faite à l'étranger. C'est le résultat d'une non-politique. Nos dirigeants ont été incapables de monter une véritable industrie nationale de biens de consommation, à l'image de ce qu'ont fait les Turcs : les usines publiques mal gérées, les unités de production privées livrées à elles-mêmes, le recours systématique aux importations de produits bas de gamme ou contrefaits par l'ouverture sauvage du marché, à partir de la décennie 1990. La déstructuration de l'économie a déstabilisé socialement l'Algérie. Autant l'argent est rare, autant il coule à flots. La pauvreté a gagné du terrain ces dernières décennies sous l'effet de la désindustrialisation et de la dévastation des campagnes, tandis que l'explosion du marché de l'informel a permis l'émergence d'une forte catégorie de nantis, affichant souvent un luxe ostentatoire. Entre les deux, la classe moyenne s'accroche désespérément.


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