Algérie - Ferraoun

Production de sel artisanal à Feraoun (Béjaïa): Timellahine ou les jardins de cristal



Production de sel artisanal à Feraoun (Béjaïa): Timellahine ou les jardins de cristal
Le site, que nous avons visité, offre aujourd’hui une beauté que dégagent, entre autres, ses dunes blanches posées soigneusement sur les bordures des bassins.

Pour gagner le site de Timellahine, juché sur les collines d’Ihedjadjen, il faut parcourir un long trajet à travers des chemins en serpentant qui montent depuis le pied d’Azrou.

Cet endroit, dans le creux de montagne, sur le territoire de la commune de Feraoun, distant de plus de 50 Km du pic de Gourara, est réputé pour la production artisanale de sel.

Il s’agit d’un métier ancestral, transmis depuis une lointaine époque de père en fils, par les villageois d’Imellahene, habitant à l’extrême ouest de cette localité qui abrite trois villages, à savoir Ichkaben, Iadnanene et Ait Ounir.

Sur l’origine des trois sources salées hautement concentrées qui y coulent, certains villageois, notamment les plus âgés, croient fort que c’est le saint Sidi Ahmed Aadnane qui a donné naissance, par miracle, à ces eaux en enfonçant sa canne dans le sol après avoir fait quelques pas sur la terre d’Ihedjadjen.

D’après des villageois, ce dernier est le premier Amellah qui a cultivé cette source devenue dés lors une source substantielle pour les villageois.

Cette version, malgré son aspect extraordinaire et surnaturel, demeure admissible pour une partie des villageois qui ne perdent pas de vue que Sidi Ahmed Aadnane s’est installé dans la région après avoir quitté sa terre natale se trouvant à Ahnif (Bouira), une région connue également pour la production du sel de la source d’Ighzer El Malh.

D’autres trouvent, par contre, que la saliculture est un lègue des Romains qui ont occupé la plaine d’Achreqraq et le fort d’Amagoul, à quelques encablures seulement de Tamellaht (voir notre édition du 04/09/2011).

Ils en veulent pour, entre autres, indice la façon par laquelle les tables salines (Iguwelmimène) sont aménagées et qui est semblable à celle qui a présidé à la réalisation des chemins romains, conçus à l’aide de pierres du même diamètre posées soigneusement l’une à coté de l’autre.

Quelle que soit son origine, le site, que nous avons visité, offre aujourd’hui une beauté que dégagent, entre autres, ses dunes blanches posées soigneusement sur les bordures des bassins.

Notre arrivée sur les lieux a coïncidé avec le retour des paysans de leurs champs. L’heure indique midi. «Les sauniers sont repartis. Il n’y a que Si Abdellah qui continue à cultiver sa Tamellaht sous cette chaleur insupportable», nous dit un jeune berger portant une botte d’orme sur ses épaules, suivi à pas par sa chèvre.

En franchissant Timellahine, nous entendons des coups de râteau frottant la table saline. C’est bien lui. Si Abdellah, un quinquagénaire qui se dévoue corps et âme à son métier.

Si Abdellah, natif d’Iadnanene, nous explique que cette activité est saisonnière. Elle ne dure que les trois mois de l’été et que les orages sont les redoutables ennemis des sauniers.

Chaque jour ensoleillé est une source de bonheur pour les sauniers. La chaleur du soleil provoque l’évaporation des eaux qui se déversent sur l’étendue des tables de cristallisation qui sont des espaces que l’on a déjà préparés pour contenir de nouvelles quantités d’eau.

Puis, continue à expliquer notre saunier, l’eau se cristallise en surface pour former une couche d’une épaisseur importante. La fleur de sel sera ensuite ramassée pour former des dunes.

«Ce métier est pénible. Il repose sur des moyens rudimentaires. Pour le pratiquer, il faut redoubler d’effort physique. Se lever très tôt et surmonter la chaleur torride sont des conditions qu’il faut accepter. Sans parler des longs chemins à parcourir pour proposer un sel qui ne séduit plus comme jadis» nous raconte Si Abdellah.

«Je vais continuer à cultiver cette ferme de cristal comme si elle est ma part du destin, parce que je n’ai pas le choix. J’ai travaillé des années dans le cadre du filet social comme agent d’entretien au niveau du village et, à la fin du compte, on m’a remercié sans aucune promotion. C’est une pure injustice» ajoute, avec beaucoup d’amertume, ce saunier qu’on nomme ici le dernier fidèle de Tamellaht.

A. Kasmi


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