Algérie

Producteur de lait cru Une profession en péril



Le lait continue d?être à l?origine de désagrément pour le consommateur qui n?arrive pas à comprendre les raisons de la dégradation de la qualité et la hausse du prix.Le citoyen devient de plus en plus sceptique quant à l?efficacité des décisions prises par le gouvernement et la nonchalance dans leur exécution par les services locaux compétents. Le Chef du gouvernement et ses ministres de l?Agriculture et du Commerce, lors de leurs sorties médiatiques, avaient insisté sur le fait que les prix du pain et du lait sont immuables et maintenus respectivement à 7,50 DA et 25 DA et que le soutien aux producteurs de lait est de 13 DA/l. Les dernières orientations et directives du Chef du gouvernement semblent n?avoir aucun impact sur le terrain, à Maghnia, région de l?extrême Ouest où le consommateur désorienté continue de payer son litre de lait à 35 DA voire 40 et 45 DA dans les agglomérations frontalières. La baguette de pain est, elle, à 10 DA sauf chez certains boulangers, et ils sont très rares, où elle est cédée à 8,50 DA. L?aubaine n?est pas ratée par les transformateurs du lait en poudre car le prix de ce genre de lait subventionné ainsi que celui cru de qualité franchement médiocre est aligné sur celui (35 DA) du lait cru produit localement et qui a réussi à gagner une notoriété de par sa qualité très prisée. En ce mois de Ramadan, la production de lait cru local qui est de 14.000 l/j s?est avérée insuffisante. Et le produit se vend sous le manteau alors que les étals regorgent d?autres marques de lait aussi bien cru qu?en poudre, transformé, mais qui sont boudés à cause du rapport qualité/prix. Si le consommateur attend, silencieux, l?intervention des services concernés pour redresser la situation, les éleveurs et producteurs de lait qui ne cessent de tirer la sonnette d?alarme sur les conditions financières qui ne sont pas pour encourager la profession, sont loin d?approuver les 13 DA de soutien sur le litre de lait annoncés par le Chef du gouvernement. «Sur les 13 DA de soutien déclarés, nous bénéficions de 7 DA seulement. Les 6 autres DA sont destinés aux collecteurs et aux transformateurs (4 DA et 2 DA respectivement)», dira un producteur qui déclare que ceci n?est pas pour encourager la profession au détriment de l?économie (1.080 milliards de centimes pour 3 mois d?importation de lait en poudre). A ce propos, une série de réunions au niveau des associations des producteurs de lait cru pour une réflexion sur le devenir de la profession est en cours. Ainsi, une réunion du bureau de l?association des producteurs de la région de Maghnia (183 éleveurs-producteurs) a eu lieu jeudi au niveau de la mini-laiterie Ennadjah durant laquelle il a été débattu des difficultés rencontrées et les moyens de sensibiliser les pouvoirs publics pour l?amélioration de leurs conditions qui, estiment-ils, sont alarmantes. L?inquiétude et l?irritation sont apparentes chez les membres de l?association qui, à ce propos, soulignent la discrimination dans le soutien. «L?on se demande si c?est bien réfléchi d?accorder 15 DA le litre de soutien pour les transformateurs de lait en poudre qui est importé alors que pour la production locale, devenue très onéreuse à cause des prix des aliments de bétail, le soutien est de 7 DA» souligne un des membres de l?association lequel se demande si les 4 DA accordés aux collecteurs sont proportionnels à l?effort consenti par rapport au soutien du producteur qui est de 7 DA. Par ailleurs, lors de cette rencontre, le calcul prévisionnel sur le prix de revient du litre de lait fait par l?association nationale des producteurs (non encore officiellement agréée) a été évoqué. Ainsi, sur le rapport dressé par l?association l?on relève que le prix réel du litre de lait cru reviendrait en fait à 58,75 DA ce qui signifie que pour maintenir le prix du litre de lait cru à la consommation à 25 DA, le soutien de l?Etat devrait être de 33,75 DA au lieu de 7 DA actuellement. Avec un meilleur soutien, estiment les membres de l?association nationale, 5.000 emplois seront créés tous les 18 mois et une économie en devises de 10 millions d?Euros l?an sera faite. Un soutien conséquent engendrerait, estime l?association, une croissance exponentielle qui limiterait grandement l?importation du lait en poudre et une augmentation de la production du lait cru et conséquemment davantage de postes d?emploi. Une meilleure prise en charge est donc attendue des pouvoirs publics par les éleveurs-producteurs qui veulent être considérés comme des opérateurs économiques actifs à part entière pour que soit relevé le défi de l?autosuffisance.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)