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Procter & Gamble : Nelson Peltz échoue à s'imposer chez le fabricant de Gillette



Procter & Gamble : Nelson Peltz échoue à s'imposer chez le fabricant de Gillette
Procter & Gamble, le fabricant des rasoirs Gillette, a annoncé mardi que le milliardaire américain Nelson Peltz avait échoué à entrer au sein de son conseil d'administration dont il voulait bousculer la stratégie. Les actionnaires du fabricant de produits ménagers ont reconduit à une courte majorité les onze candidats proposés par la direction, engagée depuis de longs mois dans un bras de fer avec M. Peltz, lors d'une assemblée générale (AG) sous haute tension à Cincinnati (Ohio, nord-est). Le financier, qui a investi 3,5 milliards de dollars et détient ainsi 1,47% du capital, réclamait un siège dans cette instance, qui valide les orientations stratégiques, nomme et démet le PDG. M. Peltz n'a toutefois pas reconnu sa défaite, estimant que le vote était "trop serré". "Selon nos conseillers, le vote d'aujourd'hui est trop serré pour déclarer un vainqueur et ça prendra plus de temps pour en déterminer l'issue", a réagi Trian Fund Management, le fonds d'investissement du financier, une des voix les plus influentes de Wall Street. La veille, Nelson Peltz avait remporté une importante victoire avec l'entrée d'un de ses fidèles au sein du conseil d'administration de General Electric (GE), un autre fleuron de l'industrie américaine en perte de vitesse dans lequel il a investi 2,5 milliards de dollars fin 2015. S'il a crié victoire, P&G a toutefois prévenu que les résultats annoncés étaient un décompte "préliminaire" et un recomptage des voix n'est pas exclu. "Je vais continuer à l'écouter", a déclaré, magnanime, le PDG David Taylor, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. A Wall Street, le titre du groupe, connu à travers le monde pour ses produits ménagers et d'hygiène dont les lessives Ariel et les shampoings Head & Shoulders, a perdu 0,54% à 91,62 dollars.
Economies
Au-delà de la personne de Nelson Peltz, une des voix les plus influentes de Wall Street, l'issue de ce bras de fer est susceptible de créer un précédent dans l'équilibre des pouvoirs entre les grands patrons des multinationales et les investisseurs "activistes". Ces derniers veulent influer sur les décisions des entreprises, demandent des économies drastiques et des cessions d'activités pour doper les retours sur investissements aux actionnaires. Depuis leur émergence, Procter & Gamble est la plus grosse entreprise en terme de capitalisation boursière 230 milliards de dollars attaquée lors d'une AG par un de ces actionnaires "rebelles". Signe de l'importance des enjeux, les deux parties, qui s'affrontent sur l'avenir de P&G, ont dépensé au total plus de 60 millions de dollars, du jamais-vu, pour convaincre les actionnaires de se ranger à leur cause. M. Peltz veut faire davantage d'économies et demande à ce que les divisions du groupe soient ramenées à trois au lieu de dix actuellement. L'entreprise pourrait par exemple, selon lui, mettre sous le même toit les produits de soins de beauté avec les rasoirs et tout ce qui touche à la santé, ce qui faciliterait la prise de décision et une meilleure réactivité aux évolutions des marchés concernés. David Taylor continue, lui, à défendre sa stratégie et estime que P&G est engagé dans une transformation qui le rendrait compétitif face à ses rivaux Unilever, L'Oréal et de jeunes pousses aux dents longues tel Harry's et Dollar Shave Club, le leader de la vente de rasoirs en ligne. "Je partage le sentiment que nous devons faire plus et que nous devons être plus réactifs et rapides", a-t-il concédé mardi, pressé de questions par de petits porteurs, dont certains estimaient que les critiques de M.Peltz étaient "recevables".
"Votre technologie n'est pas aussi bonne qu'elle devrait l'être (...) vous n'acceptez pas des idées extérieures", lui a notamment reproché un particulier.
D'après les résultats provisoires, les petits porteurs, qui détiennent 40% du capital de P&G, ont fortement soutenu la direction, de même que le fonds Vanguard.
Nelson Peltz, qui avait les faveurs des trois grands cabinets de conseils aux actionnaires ISS, Glass Lewis et Egan-Jones, avait également reçu le soutien des fonds BlackRock et State Street.


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