Proche-Orient : Tsahal attaque l'armée libanaise

L'éventualité d'une nouvelle guerre entre le Liban et Israël couve depuis quelques mois, après qu'Israël eut accusé la Syrie de fournir des missiles Scud au Hezbollah. Mais, jusqu'à présent, les responsables des deux pays se contentaient d'échanges de menaces verbales. Cependant, hier à  9h GMT, la Tsahal est passée à  l'acte. En violation de la résolution 1701 de l'Onu, correspondant à  la trêve instaurée par le Conseil de sécurité en 2006, l'armée israélienne a tiré plusieurs roquettes près d'une position de l'armée libanaise dans le village de Aadaissé, dans le secteur est du sud du Liban proche de la frontière avec Israël. Selon des responsables libanais et un journaliste de l'AFP, les affrontements ont éclaté entre les deux parties à  «Â la frontière dans le secteur d'Aadaissé, après que des soldats israéliens eurent tenté d'arracher un  arbre du côté libanais à l'aide d'une grue ».Côté israélien, une autre version est avancée. Selon la radio israélienne, deux tirs de roquettes ont été lancés du Liban vers le nord d'Israël, ajoutant que «Â les militaires israéliens se trouvaient en territoire israélien en train d'effectuer des travaux lorsqu'ils ont été attaqués ».Le bilan de ces affrontements s'élève à  quatre morts dont trois soldats et un journaliste, plusieurs blessés et deux maisons endommagées par des obus tirés par l'armée israélienne. «Â Trois soldats libanais ont été tués, un journaliste a été tué et un civil blessé », a précisé un responsable des services de sécurité libanais, ajoutant qu'un soldat israélien a été gravement blessé. La chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, a indiqué, quant à  elle, qu'un «Â haut gradé » israélien a été tué.Les échanges de menaces se sont intensifiés ces dernières semaines. Soutenu par Washington, le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak n'a pas hésité à  assurer qu'en cas d'attaque du Hezbollah, son armée ripostera. Mais les évènements démontrent le manque de crédibilité d'Israël, qui, par cette attaque, affiche clairement sa mauvaise volonté de poursuivre le processus de paix dans la région.Le président libanais Michel Sleimane et son Premier ministre, Saad Hariri, ont dénoncé cette agression israélienne. Dans un communiqué, M. Hariri a condamné la «Â violation de la souveraineté libanaise » et demandé «Â aux Nations unies et à  la communauté internationale de prendre leurs responsabilités et de faire pression sur Israël pour stopper son agression ». Pour le président Sleimane, cette attaque du Tsahal est une «Â  nouvelle violation israélienne de la résolution 1701 ». La Syrie a également dénoncé l'agression  d'Israël. Le président Bachar Al-Assad a assuré que la «Â Syrie se tient au côté du Liban », dans un appel téléphonique à  son homologue libanais Michel Sleimane. «Â Cette agression montre une nouvelle fois qu'Israël cherche toujours à  déstabiliser le Liban et la région », a-t-il déclaré. Quant au ministère des AE syrien, il a indiqué que «Â cette agression reflète l'inquiétude d'Israël des signes de la stabilisation qui s'installe au Liban à  la suite du sommet historique qui s'est tenu vendredi à  Beyrouth ».Pour sa part, la Force des Nations unies au Liban (Finul) a appelé à  un «Â maximum de retenue ». Pour autant, le gouvernement israélien veut encore une fois se faire passer pour un pays qui souffre le martyre. Dans un communiqué, Israël qui joue la victimisation a estimé que l'armée libanaise portait la «Â pleine responsabilité » des heurts meurtriers. Pour l'heure, selon les premières constatations, des villageois d'Aadaissé ont fui la localité vers Beyrouth. Un climat de panique s'installe à  la frontière.