Prochaine tripartite, quels changements '

Beaucoup d'eau aura coulé en trois ans entre la tripartite (gouvernement, syndicats, patronat) qu'il a préparée mais qu'il n'a pu organiser en tant que Premier ministre, en 2017, pour les raisons connues de tous, et la tenue de la tripartite à propos de laquelle il a ordonné d'entamer immédiatement la préparation dans les prochaines semaines, en tant que président de la République. Le destin en a décidé ainsi, le président Tebboune tient sa tripartite trois ans après son éviction malheureuse. Le tableau de bord de cette tripartite annoncée changera-t-il ses objectifs, entre ce qui était achalandé en 2017 et ce qui se prépare aujourd'hui ' Pour mémoire, en 2017, il était surtout question de reconduire la validité du fameux « Pacte national économique et social de croissance », signé lors des travaux de la tripartite tenue en février 2014 pour une durée de trois ans. En sera-t-il toujours question de ce Pacte ou devrait-on l'enterrer et aller vers un nouvel accord agencé selon les priorités du moment ' Probablement que rien ne sera comme avant. Pour la simple raison que l'ex-Premier ministre était tenu d'appliquer le programme de l'ex-président et qu'aujourd'hui, on s'attellera à l'application de son propre programme.Les objectifs recherchés ou théoriquement visés par la tripartite de 2017, à savoir l'accélération du processus des réformes économiques, le développement industriel, l'amélioration du climat des affaires, le système de santé et de la protection sociale, l‘accès au travail et l'amélioration du pouvoir d‘achat, ainsi que la sécurité énergétique et l‘adéquation du système de formation avec les besoins de l‘entreprise, ne diffèrent pas trop des penchants de la nouvelle équipe gouvernementale, reste seulement à mesurer le degré de sincérité et la dynamique à mettre en place pour concrétiser la feuille de route. Déjà, première différence avec les anciens plans, la nouvelle tripartite n'aura pas à perdre son temps et son énergie dans le débat qui garnissait ces rencontres, portant sur l'augmentation du SNMG et l'amélioration du pouvoir d'achat, puisque ces deux points qui focalisaient naguère les attentes des masses laborieuses et des citoyens en général, ont été concrétisés lors du dernier Conseil des ministres (hausse du SNMG à hauteur de 20.000 dinars et d'autres mécanismes actionnés pour renforcer le pouvoir d'achat).
La prochaine tripartite discutera du modèle économique, qui pourrait être mis sur pied pour une économie forte et durable, comme le suggérait le président de la Confédération des industriels et patrons algériens (CIPA), Abdelwahab Ziani, lors de son appel, le 12 février dernier, plaidant pour la tenue dans les plus brefs délais d'une tripartite réunissant le gouvernement, le patronat et les syndicats. Sur le même plan économique, l'occasion sera propice de discuter des retombées de la crise sanitaire et des solutions à retenir pour redresser la barre et sauvegarder l'outil de travail. Cela sur le plan économique, qu'en sera-t-il du plan social ' En gros et gras, le dialogue sera certainement préconisé sur ce registre pour régler les conflits socioprofessionnels, avant que les choses ne se détériorent et aillent vers les grèves. Des grèves que le Pacte économique et social a tenté d'effacer de son lexique, l'UGTA ayant signé une sorte de trêve sociale de trois ans, sans grand succès puisque la protesta ne s'est pas estompée sur le front social dans la même période.
C'est que l'UGTA n'est pas le seul syndicat représentatif des travailleurs. D'autres syndicats, autonomes, regroupés au sein de l'intersyndical, n'étaient pas tenus de respecter le Pacte en question, car non représentés à la rencontre tripartite et non signataires d'une quelconque trêve sociale. Peut-on s'attendre à un changement de ce côté et voir assister à la prochaine tripartite plusieurs syndicats '