Algérie

Prochaine disparition d'un pan du Bardo



Prochaine disparition d'un pan du Bardo
Abdelhamid LemiliQui évoque le quartier du Bardo ou qui en revendique l'appartenance s'auto-attribue automatiquement le titre de «oulid el blad». Au mythique quartier restent attachés tellement de repères, souvenirs. En somme ce qui fait une mémoire. Dans le désordre, celle-ci peut commencer par la mosquée Chentli, qui l'est devenue en raison de circonstances particulières. Car comme son nom l'indique, la mosquée était d'abord une salle de cinéma, en l'occurrenceL'Alhambra, avant d'être transformée en lieu de culte au lendemain de l'indépendance parce qu'à l'époque le pouvoir avait décidé de nationaliser tout ce qui pouvait rappeler l'occupant et déposséder tous ceux qui durant sa présence se sont enrichis, que cela se soit fait de façon honnête, c'est le cas, ou de façon malhonnête, ce qui l'était moins. La ville de Constantine étant réputée par l'existence de familles, qu'elles appartiennent à l'aristocratie traditionnelle ou à des fortunes émergentes issues de la bourgeoisie compradore, dont des propriétaires terriens.Mais il se trouve également que le quartier du Bardo, qui est entré dans la stratégie de réhabilitation de la ville depuis plus de 8 ans, en abrite plein d'autres peuplés de couches populaires moyennes et de bidonvilles lesquels ont été éradiqués, il y a seulement deux ou trois ans.Un pan plutôt important devrait disparaître dans les semaines à venir, sa démolition entre dans le cadre de l'extension de l'hôtel Cirta, lui-même inscrit dans le contexte de l'exceptionnel évènement qui va marquer l'histoire de la ville de Constantine, promue en 2015 «capitale de la culture arabe».Il s'agit, sur la descente du Bardo, de la rive gauche où sont installés trois grands locaux commerciaux de laine et un fast-food. Les propriétaires que nous avons approchés nous confirment la démarche administrative des pouvoirs publics en ce sens, sauf que s'il est question de libérer impérativement les lieux pour cause d'utilité publique, il n'en demeure pas moins que les conditions restent quand même dans un certain flou. «Effectivement, nous avons été tout juste contactés et informés de l'intention des pouvoirs publics de procéder à des aménagements qui passeraient obligatoirement par la démolition de nos commerces mais également d'une indemnisation et éventuellement de l'affectation d'un autre espace commercial sauf que jusque-là rien ne nous a été précisé. En somme, nous sommes en pleine expectative.»Cela dit, bien des appétits s'aiguisent pour la reprise des espaces commerciaux de vente de la laine sachant l'immense retombée lucrative que génère l'activité en question. Ainsi, bien d'autres propriétaires qui ne sont pas concernés par l'opération de démolition envisagent d'ores et déjà de recycler leur activité en récupérant celle de la laine, dont nul n'ignore l'attrait sur les familles constantinoises et l'indéracinable tradition consistant à doter toute fille en âge d'être mariée d'une literie spécifique. C'est ce que nous confirmera un pâtissier : «J'attends avec impatience la fermeture des locaux commerciaux que vous évoquez. J'envisage de modifier mon activité (pâtisserie) parce que je sais que la première est moins contraignante et qu'elle fonctionne à plein régime tout au long de l'année.»En attendant, la physionomie des lieux va évidemment changer et bien des Constantinois au fait des transformations à venir sont déjà remués par la nostalgie.A. L.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)