Algérie

Processus euroméditerranéen



Un bilan mitigé Jusque-là, rien d?anormal, mais cette année, un tel travail revêt un caractère particulier. Et pour cause, celui qu?on appelle aussi le processus de Barcelone, pour avoir été lancé dans la grande métropole espagnole, fête ses dix ans d?âge. Celui de la raison ou de la maturité devrait-on dire. Toutefois, tel n?est pas le cas et cela ne risque pas de l?être avant longtemps malgré l?addition d?accords de libre-échange que l?Union européenne conclut avec les pays de la rive sudméditerranéenne. Et la conférence de deux jours sur « La transition économique » ouverte hier à Bruxelles, s?est quelque peu contentée de faire un état des lieux, amputé de l?aspect politique qui est déterminant. « C?est une opportunité de dialogue », entendait-on souvent ou alors en dégager les perspectives alors que celles-ci avaient été décidées, approuvées et consignées dans la fameuse déclaration de Barcelone de 1995. Peut-être que celle-ci avait été marquée par un optimisme débordant, mais lui-même ne correspondait pas aux positions affichées alors ou à peine voilées. Les pays de la rive sud, appelés aussi les PTM (pays tiers méditerranéens) y entrevoyaient un rapport de domination et d?absorption. Ce qui est différent du principe d?intégration ou de partenariat perçu dans son sens le plus large. Bien entendu, le principe de « zone de libre-échange » appliqué sur ce rapport diffère fondamentalement de celui de « zone de prospérité partagée » revendiquée par l?Algérie. Qu?en est-il alors dix années plus tard ? Les accords d?association se sont multipliés tout comme, dit-on, l?amertume des premiers signataires qui se heurtent à la politique européenne des quotas ou à leur levée par l?Organisation mondiale du commerce (OMC). Une telle situation risque pourtant de s?aggraver depuis que l?Europe, passée de 15 à 25 membres, a défini une nouvelle politique de voisinage. Dévoilée en juillet 2003, elle s?adresse à la Russie, à l?Ukraine, à la Biélorussie, à la Moldavie, à l?Azerbaïdjan et à la Géorgie principalement, ainsi que les partenaires méditerranéens de l?UE. On se rappelle que lors de la conférence ministérielle de Dublin, en Irlande, le ministre algérien des Affaires étrangères a dit son étonnement à l?égard de ce concept qui, selon l?avis de spécialistes présents à la rencontre de Bruxelles, pourrait mettre en danger le processus de Barcelone ou, à tout le moins, le diluerait. Ce qui revient à dire, comme l?ont déjà fait nombre de spécialistes, que l?Europe se donne une marge de man?uvre et que c?est elle seule qui décide du rythme d?avancement et des priorités. Elle l?avait démontré avec le processus d?élargissement mené, quant à lui, au pas de charge. Ce qui a amené de manière implicite à mettre en veilleuse le processus de Barcelone. Et cela se répercute sur le bilan que les rencontres, devenues plus au moins régulières, n?arrivent plus à décrire. Intervenant lors de la séance inaugurale, un ancien ambassadeur marocain a préféré faire dans la prospective. Et les chiffres qu?il propose font peur. Pour la période 2040/2050, dira-t-il « l?écart de croissance entre le Nord et le Sud ne se résorbera jamais » et qu?« il faut créer 90 millions d?emplois dans la rive sud ». Ou encore, et là le constat est alarmant, « le Sud a perdu un flux migratoire de qualité ». Toutefois, affirmera ce diplomate, « Barcelone demeure valide ». Mais en quoi l?est-il alors avec tant de critiques et alors même que les spécialistes en viennent à douter en Europe que leur existence est menacée par la poussée de la mondialisation que l?Europe entend assurer à sa manière. Ainsi en est-il du partenariat stratégique qu?elle propose à la Méditerranée et au Moyen-Orient, soit une zone s?étendant jusqu?en Irak, perçu comme une réplique au projet américain du « Grand Moyen-Orient » qui ne se recoupe avec le premier que dans ses limites géographiques. Mais là encore, le travail prospectif étouffe le processus en cours depuis dix ans. Il ne doit surtout pas en expliquer la trop grande faiblesse. A titre d?exemple, relevait-on hier, les pays de la rive sud ont reçu un total d?Investissements directs étrangers (IDE) tout juste égal à celui de la Belgique. Ce qui se passe de tout commentaire. Pourtant, rappelle-t-on, les pays de la rive sud ont pu faire preuve de réalisme en soulevant la question des IDE, aujourd?hui à la mode, et les spécialistes leur scepticisme quant à l?idée même de partenariat. Comment, selon eux, en parler quand le déséquilibre est flagrant ? Autant dire les choses par leur nom, comme le fait que l?Europe a établi des choix et des priorités et conséquemment les moyens financiers et économiques adéquats. C?est par la suite qu?intervient l?impact de la crise du Proche-Orient qui a empêché la concrétisation du volet de la déclaration de Barcelone relatif à la sécurité et à la coopération. Ce conflit n?a pas eu d?ascendant ou d?impact direct décisif sur le processus de Barcelone. A l?inverse, le degré d?application des deux autres volets - appelés aussi corbeilles - n?a pas inversé cette tendance. La crise du Proche-Orient est devenue le problème numéro 1 à un point tel, par exemple, que la diplomatie a dû faire preuve d?imagination pour surmonter les obstacles. Cela est apparu en 1999 quand la conférence ministérielle, tenue alors à Stuttgart, n?a donné lieu qu?à un relevé de conclusions et non plus une déclaration en bonne et due forme. Deux années auparavant à La Valette (Malte), la déclaration finale a subi deux rédactions, ou encore une réécriture de ses principaux éléments dont l?un portant sur la circulation des personnes, une mesure bien sélective puisqu?elle n?était envisagée que pour des catégories précises. Il semble alors difficile de parler autrement de bilan pour un processus qui ne semble pas figurer dans l?ordre des priorités européennes au regard de son absence comme pôle d?intérêt pour l?opinion.


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