Lundi, 2 décembre, sera probablement la date que l'histoire de l'Algérie retiendra. C'est le jour du début du procès des deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, impliqués dans des affaires de corruption présumée, actuellement en prison. Egalement, celui de plusieurs autres ministres et hommes d'affaires accusés dans des affaires tentaculaires similaires.Les procès se dérouleront au niveau du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger et seront «publics». C'est ce qu'a affirmé hier le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Belkacem Zeghmati, lors de la présentation du projet du nouveau code de procédure pénale, devant la commission des Affaires juridiques du Conseil de la nation. Un événement historique, tant attendu. Après une longue attente qui a duré plusieurs mois, le ministère de la justice décide enfin d'ouvrir le procès des deux chefs de deux gouvernements successifs du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
Ce procès public devra, idéalement, traduire une expérience unique qui sera gravée dans les annales de l'histoire du pays et même celle des pays arabes. Pour la première fois la justice décide d'ouvrir le procès des anciens hauts fonctionnaires de l'Etat et appeler à la barre des accusés, notamment, les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, afin de rendre justice au peuple et leur faire payer le tort qu'ils ont causé. Pour atteindre une telle audace, la justice algérienne a surpassé tous les subterfuges et failles juridiques afin de permettre l'ouverture d'un procès de telle envergure. Il constitue un historique bien documenté de par les faits reprochés aux accusées qui devraient répondre de leurs actes devant la justice qui depuis quelques mois tourne à plein temps.
Après le procès historique de Saïd Bouteflika, Bachir Tartag, Mohamed Médiène (dit Toufik) et Louiza Hanoune qui ont écopé entre 15 et 20 ans de prison, vient le tour des ceux chefs des deux gouvernements de Bouteflika et leurs ministres d'être jugés. Au premier jour du procès, le tribunal se penchera sur les dossiers suspects du «montage de véhicules et les avantages accordés aux opérateurs», a précisé le ministre de la justice qui a estimé que le nombre d'affaires instruites depuis mars 2019 dépasse celui des affaires traitées depuis 2006. Attirant ainsi l'attention sur les méthodes et les procédures pénales utilisées par les magistrats dans le traitement de ce genre d'affaires complexes et surtout délicates. Ces procès historiques susciteront, sûrement, l'intérêt et la curiosité des médias internationaux, étant donné que certaines affaires, notamment, des hommes d'affaires impliqueraient leurs partenaires étrangers.
«Vous allez être surpris de ce que peuvent faire les magistrats», a souligné, Belkacem Zeghmati faisant ainsi éloge des efforts accomplis par son département qui s'est engagé à assainir et purger le secteur de la justice dans l'objectif de «faire justice», et surtout «rompre avec les anciennes pratiques» qui ont terni et porté «préjudice au système judiciaire» détourné de sa mission principale. Il a poussé un «coup de gueule» devant les sénateurs sur «l'incompatibilité des textes de lois avec la réalité», ce qui a engendré, selon lui, l'injustice et «l'impunité et le déni», sans aucun égard aux droits civiques des citoyens. «Jusqu'à quand resterons-nous dépendants de ce qui se passe chez les autres. Quand promulguerons-nous des textes de lois en adéquation avec la réalité nationale et avec l'accusé algérien ainsi qu'avec l'agent de la police judiciaire algérien. Jusqu'à quand '», a-t-il regretté. Des failles et des dysfonctionnements qui ont «profité» à l'ancien système qui a abusé de son pouvoir afin d'exécuter ses projets.
Il a ainsi exprimé sa conviction de réformer le secteur judiciaire tant que«nous avons tout. Nous avons les institutions, nous avons nos cadres, nos enseignants et nos universités. On est incapables à ce point !!», s'est-il interrogé. L'annonce de la date des procès publics des hauts fonctionnaires de l'Etat et des hommes d'affaires appartenant à l'ancien régime politique, qui ont longtemps tenu en haleine l'opinion publique, est une preuve de la détermination de la justice à «rétablir la vérité». La machine judiciaire a fait des progrès, selon le ministre, depuis le 22 février, précisant, à ce propos, que les procureurs examinent et traite avec minutie les «lettres anonymes des citoyens» dénonçant des faits de corruption, avant d'ordonner des enquêtes. «C'est par centaines que ces lettres arrivent quotidiennement au niveau des parquets où elles sont traitées avec la plus grande des attentions et d'ailleurs elles ont souvent contribué à élucider bien des affaires», a indiqué Belkacem Zaghmati qui a défendu devant les membres du Conseil de la nation, le nouveau code des procédures pénales.
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Posté Le : 28/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Takharboucht
Source : www.lnr-dz.com