J'ai eu, dernièrement, la «malchance» de fréquenter assidûment les salles d'audience de la justice pénale de villes de l'est du pays. Ce qui, à vrai dire, n'est souhaité à personne même à ses ennemis, intimes ou non, tout particulièrement avec la pandémie de la Covid 19 qui charge encore plus lourdement les «accusés» et rend encore plus nerveux, parfois plus (très ') expéditifs (« distribution, sans état d'âme, des peines pas possibles » selon le chroniqueur d'expérience de l'Expression, «obligeant à interjeter appel ou saisir la Cour suprême, par l'envoi d'un pourvoi en cassation»), les magistrats et les défendeurs. Globalement, vous y passez presque toute la journée avec une petite pause de 30 mn, le temps d'aller faire pipi et/ou de prendre un café.Dans le domaine de la communication, on a noté tout un banc réservé à la presse mais point de journalistes (presse écrite, dessinateurs... c'est-à dire les informateurs autorisés) pour assurer la « couverture ». D'ailleurs, le fameux banc est assez vite occupé par les avocats en attente de passage de leurs «clients».
Dommage ! Tout d'abord parce que c'est là (la couverture des affaires judiciaires) un pan du métier de journalisme qui se perd car n'étant plus «cultivé» depuis quelques décennies (en dehors des récents grands procès consacrés à la grande corruption) et, à ma connaissance, seul un quotidien francophone entretient encore une rubrique régulière, consacrée surtout à l'ambiance, d'ailleurs animée toujours par le même journaliste.
Ensuite, parce que les salles d'audience d'un tribunal (comme d'ailleurs la lecture de la «main courante» au poste de police ou de la gendarmerie), quelle que soit la spécialité (civile, pénale, économique, administrative, ...) sont des lieux et des moments de vérité de la vie de la société, de la justice et de ce qui pourrait y avoir derrière. Des moments pour la plupart très, très durs, presque incroyables mais certainement vrais (j'ai lu dernièrement, dans un quotidien national arabophone (21/11), une lettre ouverte-une dernière «cartouche» '-adressée au Président, par quelqu'un qui s'est fait totalement, littéralement, dépouillé par son propre fils avec l'aide de banquiers de Cheraga), quelques-uns insignifiants, d'autres insaisissables.... Enfin, parce que les salles d'audience permettent, à l'observateur social averti, de bien connaître et de mieux comprendre (in situ) les mécanismes de la justice ainsi que les acteurs et autres figurants de leur mise en ?uvre (juges, procureurs, avocats, assistants divers....). Parallèlement à la rencontre des misères, des souffrances, des violences, exprimées ou non, des accusateurs et des accusés ainsi que des fatigues des magistrats et des déceptions des avocats. Actuellement, et depuis quelque temps déjà, la presse nationale se plaint de la baisse de lectorat ou de l'indifférence des lecteurs potentiels, en principe encore nombreux. Bien sûr, il y a le problème de la diffusion, lacunaire et de la publicité qui se raréfie, mais cela n'est pas tout.
Il y a certainement un problème de contenu à revisiter, à réorienter. Sans tomber dans l'info' de «caniveau», il faudrait peut-être aller vers le «fait divers» et explorer la société dans ce qu'elle a de plus expressif et c'est ce que l'on rencontre quotidiennement dans les salles d'audience des tribunaux. Je me souviens avec une nostalgie de lecteur de presse durant mes premières années dans le monde de la com' (mi-années 60/début des années 70) lorsque les plus célèbres, les plus enviés de nos journalistes étaient alors ceux qui «couvraient» les tribunaux et qui «reportaient» la «vraie vie». Alors, journalistes de tous les organes, allez-y, asseyez-vous, écoutez, notez et «reportez» sans peur, sans complaisance et sans état d'âme ! Dans le strict respect de la loi, bien sûr.
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Posté Le : 27/11/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Belkacem Ahcene Djaballah
Source : www.lequotidien-oran.com