Algérie

Procès en appel pour blanchiment d'argent impliquant deux Libanais Le procureur requiert l'aggravation des peines



Procès en appel pour blanchiment d'argent impliquant deux Libanais                                    Le procureur requiert l'aggravation des peines
Le procès qui s'est déroulé jeudi en audience spéciale, vu le nombre de prévenus, 29 au total, dont deux accusés ayant bénéficié d'un non-lieu, et les nombreux témoins à charge, a commencé à 10h et n'a pris fin qu'aux environs de minuit, avec une demande d'aggravation des peines requises par le procureur.
Le tribunal correctionnel près la cour de Sidi M'hamed a ouvert jeudi, en audience spéciale, le procès en appel d'une affaire liée à l'exportation des déchets ferreux et non ferreux, impliquant quatre sociétés activant dans ce domaine gérées par deux frères libanais. En introduisant la procédure d'appel, les accusés caressaient l'espoir d'allégement des peines prononcées en première instance.
Mais après de longues heures au box, ils ont été surpris, voire abattus par le réquisitoire du procureur qui a insisté sur 'l'aggravation des peines', allant jusqu'à requérir quatre années de prison ferme contre les prévenus qui ont été acquittés en première instance. Il faudrait attendre une quinzaine de jours, le temps des délibérations, pour connaître le verdict.
'Faux, usage de faux, falsification, corruption, blanchiment d'argent, infractions au code régissant le mouvement des capitaux de et vers l'étranger, abus de pouvoir...' sont autant de faits reprochés à ce réseau dirigé par deux frères libanais installés en Algérie. L'affaire remonte au mois de février 2010, quand le ministère des Finances a saisi les chefs de service de la lutte contre la fraude d'Alger et d'Oran pour 'ouvrir des enquêtes au sujet des opérations d'exportation de déchets ferreux et non ferreux réalisées par les sociétés Sarl Mittaz, sise à Dar El-Beïda ; Eurl Rekis Métal, sise dans la wilaya de Tipasa ; Rifa Import à Blida et Altach Aluminium à Koléa pour les exercices 2007, 2008 et 2009'.
Ceci en précisant que 'l'enquête est demandée suite à des instructions venues de haut lieu'. Ces sociétés 'sont gérées et contrôlées par les membres de la famille El-Sayed, originaire du Liban, soupçonnés de man'uvres frauduleuses, notamment le recours à de fausses déclarations en douanes et falsification de documents dans le but de procéder à des transferts illicites de fonds vers leur pays d'origine'.
Les dossiers de dédouanement et de rapatriement de ces sociétés ont été épluchés par les directions de la lutte contre la fraude. Les résultats des enquêtes lèvent le voile sur un véritable réseau dirigé par le Libanais Abderrahmane Al-Sayed et ses proches, un associé turc et un Algérien sans oublier leurs complices au niveau de l'institution douanière. Les têtes commencent à tomber une à une. Les investigations concluent que c'est le ressortissant libanais qui tirait les ficelles. Abderrahmane Al-Sayed a usé d'innombrables subterfuges et autres artifices pour alimenter ses comptes au Liban en portant atteinte à l'économie nationale, en usant de la falsification et autres pots-de-vin. Le procédé est le même que pour les autres affaires du genre : deux factures totalement différentes, dont une, l'originale, que les sociétés étrangères lui envoyaient par e-mail et une autre falsifiée jointe au dossier de dédouanement, où les valeurs et poids de la marchandise sont revus à la baisse.
Le ressortissant libanais avait trouvé l'astuce pour ne pas rapatrier vers l'Algérie les fonds de ses différentes transactions : les sociétés étrangères lui versaient les fonds vers le compte d'un de ses proches au Liban qui, à son tour, ne lui reversait que les sommes indiquées sur les factures falsifiées. Evidemment, sans la complicité à tous les niveaux, le réseau n'aurait pu réussir ses man'uvres frauduleuses. Il suffisait tout simplement de verser des pots-de-vin pour bénéficier de toutes les facilités et couvertures. Même les douaniers désignés par les directions de la lutte contre la fraude n'ont pas échappé à la tentation. L'un d'eux a cédé pour une somme de 300 millions de centimes pour se payer un logement décent, une jeune enquêteuse a accepté de fermer les yeux sur les infractions constatées pour 20 000 DA et un parfum de marque Versace offert par le Libanais.
Ce dernier a tenté de justifier ses faits en renvoyant la balle à des douaniers et agents de sécurité qui, selon ses dires, lui réclamaient le versement de pots-de-vin pour accélérer les procédures de dédouanement et d'acheminement et éviter que les conteneurs ne restent en souffrance aux ports d'Alger et de Ténès.
M.B.


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