Algérie

PROCÈS EN APPEL DES EX-DG DE BIOTIC ET SOLUPHARM



Les mis en cause dans l'affaire Saidal, en l'occurrence l'ex-DG de Biotic et le patron de la firme privée Solupharm, sont-ils victimes des agissements de la mafia du médicament ' Tout porte à le croire, au vu des révélations faites avant-hier, lors du procès en appel de cette affaire qui s'est tenu à la cour d'Alger.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Le procès a duré plus de dix heures, durant lesquelles toutes les parties ont tenté d'apporter le moindre détail pour «faire toute la lumière sur cette affaire». Pour rappel, en première instance, soit lors du procès qui s'est tenu au tribunal de Sidi M'hamed, les deux prévenus en l'occurrence MM. Zouani de Biotic et Benmechiche de Solupharm ont été condamnés à sept années de prison ferme. Jeudi passé, les deux mis en cause ont plaidé non coupables. Ils ont nié en bloc les chefs d'inculpation retenus à leur encontre. «Je suis victime d'un complot. J'ai fait gagner pour mon pays des milliards et aujourd'hui je suis jeté en prison avec en prime une condamnation de sept années de prison ferme», s'est exclamé l'ex-patron de Biotic, qui n'a pas hésité un moment à éclater en sanglots. A l'origine de ce procès, des accusations portées à l'encontre des deux responsables au lendemain d'un contrat signé entre Biotic, filiale de Saidal, et la société privée Solupharm. L'accusation considère que le contrat signé entre les deux parties a porté préjudice à la société Saidal. «Faux», dira le patron de Solupharm. «Nous avons conclu un contrat avec Saidal dans le cadre d'un façonnage. Le produit était important pour notre pays, puisque l'entrée en production de notre partenariat avait comme conséquence directe la diminution importante de la facture du médicament. J'ai fait gagner à Saidal 36 milliards de centimes, à mon entreprise 20 milliards, autant pour le fisc, alors que mon pays a gagné quatre milliards de dinars en importation et le médicament concerné qui était vendu au niveau des officines à 250 DA est redescendu à 51 DA. Tous les médicaments que nous avons produits en partenariat avec Saidal était dès lors interdits à l'importation», dira le patron de Solupharm. Dans la salle, pleine en la circonstance, on commence à s'interroger sur les dessous réels de cette affaire.
«Temmar voulait vendre Saidal au dinar symbolique»
Le procès qui se tient sous la houlette et le regard attentif du juge de la huitième chambre correctionnelle le près la cour d'Alger a pris une autre tournure, lors du passage à la barre de l'ex- Pdg de Saidal, M. Ali Aoun, et de son successeur M. Derakoui. «Dites tout ce que vous connaissez sur cette affaire et n'ayez peur de personne. Nous sommes là pour faire éclater la vérité et situer les véritables enjeux de cette affaire », dira le président de séance, M. Tayeb Hellali. «C'est grâce à M. Benmechiche que Saidal a multiplié ses chiffres d'affaires. Je ne regrette pas avoir conclu un contrat de partenariat avec Solupharm. 30% du chiffre d'affaires de Saidal étaient réalisés grâce au façonnage», dira celui qui a évité à Saidal de mettre les clés sous le paillasson. Le passage à la barre d'Ali Aoun était un des moments forts de ce procès. En effet, l'ex-Pdg de Saidal a rappelé les circonstances dans lesquelles il avait pris la direction de Saidal, les différentes étapes franchies pour sa mise à niveau mais aussi son entrevue avec l'ex-ministre en charge de la privatisation, en l'occurrence Abdelhamid Temmar. «Ce ministre m'a demandé de quitter Saidal dans une perspective de la privatiser. Il m'a demandé de prendre ma retraite et lui permettre ainsi d'engager le processus de sa privatisation. A cette époque, le dossier de privatisation était pris en charge par le bureau d'étude Deloit. Il a fallu beaucoup de résistance pour que l'idée de la privatisation de Saidal soit abandonnée. Depuis, le président de la République a décidé d'arrêter le processus de privatisation des entreprises publiques», explique Ali Aoun, sous les regards attentifs de l'assistance.
«On se constitue partie civile au cas où il y a préjudice»
L'audition de l'actuel patron de Saidal a constitué également un autre tournant de ce procès. Interrogé par les avocats de la défense, «si Saidal a subi un préjudice», M. Derkaoui a marqué un temps d'arrêt pour lancer à leur adresse «que Saidal se constituera partie civile au cas où il y a préjudice». Une déclaration qui a fait réagir simultanément l'assistance et la défense en poussant un grand ouf. Ce qui explique, selon la défense, que «contrairement à ce qui a été rapporté dans l'ordonnance de renvoi de la chambre d'accusation, Saidal n'a nullement subi de préjudice». Les propos de M. Derkaoui sont aussitôt transcrits par les conseillers de M. Hellali, qui a réussi en la circonstance à mener le procès de bout en bout. Les avocats de la défense, à l'image des avocats Chiat Hocine, Aït Larbi Mokrane ou encore Miloud Brahimi et Belloula, n'ont pas hésité un moment pour relever toutes les contradictions rapportées par l'accusation. Leurs plaidoiries entamées à partir de dix-huit heures ont duré tard dans la soirée. En somme, tous étaient unanimes à dénoncer et à dire que «dans cette affaire, la main de la mafia du médicament était à l'origine de l'emprisonnement de Zouani et de Benmechiche». Ces derniers, convaincus de leurs innocence, ont plaidé non coupables et ont clamé haut et fort «que nous avons fait gagné à travers ce partenariat public et privé algérien, des millions de dollars pour notre pays et qu'aujourd'hui, nous sommes jetés en prison en nous accusant de voleurs».




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