Algérie

Procès en appel des 17 manifestants



Finalement, et après quatre reports, le procès en appel des 17 manifestants qui ont été interpellés durant les événements qu'avait connus la ville de Bouira en décembre 2017, lors des manifestations intervenues suite au refus du Parlement d'un amendement portant vote d'un budget supplémentaire pour la promotion de l'enseignement de tamazight dans le but de la généralisation de son enseignement, a eu lieu au niveau de la cour de Bouira. Cependant, le verdict final ne sera connu que le 10 janvier prochain.Il faut rappeler que lors de leur premier procès devant le tribunal de Bouira le 27 juin dernier, les 17 manifestants avaient été condamnés à de lourdes peines allant d'un à deux ans de prison ferme assortie d'amende de 20 000 dinars chacun. Ainsi, jeudi, lors de leur procès, les avocats des jeunes manifestants, à leur tête Mustapha Bouchachi, ont beau rappeler que les manifestants ont été poursuivis sur la base d'accusations vagues et parfois aléatoires, puisqu'il existerait même des jeunes citoyens présents à la barre qui ont été inculpés injustement en ayant la malchance d'être au mauvais moment et au mauvais endroit, c'est-à-dire là où les policiers procédaient aux interpellations de toute personne rencontrée sur leur chemin. Cela étant, les avocats qui se sont constitués en collectif, à l'instar de Maîtres Larbès Nacer, Boukkoufa Khedoudja, Hachour ou encore Bouchachi, ont, tour à tour, essayé de balayer les accusations portées contre ces jeunes manifestants dont le seul tort était de sortir dans la rue pour réclamer leur identité et demander à ce que leur langue amazighe soit promue et son enseignement généralisé à l'échelle nationale. Une demande somme toute légitime et qui a eu un écho favorable auprès du premier magistrat du pays, le président de la République qui répondra favorablement à cette revendication en décidant d'instituer une académie pour la promotion de tamazight, et de consacrer - et cela également figurait parmi les revendications des citoyens de Kabylie et d'ailleurs - Yennayer, premier jour de l'an amazigh, coïncidant avec le 12 janvier de chaque année, comme fête nationale, déclarée officiellement journée chômée et payée. Cela étant, rappelons qu'avant ces décisions historiques du président de la République, et pour le cas de la wilaya de Bouira et particulièrement la ville de Bouira qui a connu des heurts pendant plusieurs jours de suite, avec la paralysie totale de l'Université Akli-Mohand- Oulhadj, ainsi que les établissements scolaires, et des affrontements dans les rues de la ville avec les forces de l'ordre et des troubles un peu partout à travers les communes berbérophones de la wilaya, le wali de Bouira, en signe d'apaisement, déclarera aux journalistes, qui l'interpellaient sur le cas des manifestants arrêtés puis libérés, que ceux-ci ne seront jamais poursuivis en justice. Quelques mois plus tard, alors que le Président avait déjà parlé lors du Conseil des ministres du 22 décembre 2017 et pris des décisions historiques, et que tout le monde croyait que le dossier des événements qui ont émaillé la ville de Bouira était classé, la justice ressort le dossier en poursuivant pas moins de 17 jeunes manifestants pour des chefs d'inculpation tous aussi graves les uns que les autres et dont on citera entre autres, «attroupement illégal», «trouble à l'ordre public», «atteinte à la sécurité publique», «destruction des biens d'autrui» et enfin, «agression contre les agents de l'ordre». Des accusations graves qui ont surpris plus d'un parmi les animateurs du mouvement citoyen et ceux de la société civile qui avaient ?uvré durement pendant toute la durée des événements pour ramener le calme et éviter des dépassements graves et, surtout, les dérapages qui avaient failli créer une situation similaire à celle qu'avait connue la wilaya de Ghardaïa. Mais de tout de cela, le pouvoir n'en a vraisemblablement cure puisque la justice a été actionnée pour condamner des jeunes dont la revendication principale pour laquelle ils sont sortis dans la rue a été bien entendue par le président de la République en personne.
Y. Y.


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