Algérie

Procès en appel de deux convertis au christianisme à Tissemsilt


Encore une croisade médiatique contre l’Algérie ! La comparution, ce matin, de deux Algériens convertis au christianisme dans le cadre d’un autre procès qui s’ouvre au tribunal correctionnel de Tissemsilt «pour prosélytisme», va assurément relancer de plus belle la polémique. Le président de l’Eglise protestante d’Algérie, Mustapha Krim, qui a braqué les regards de tous les médias internationaux sur l’Algérie, a, en effet, annoncé, hier à l’agence Afp à l’affût de ce genre d’informations, que «le procès de Tissemsilt est confirmé pour mercredi». Les deux convertis avaient été, pour rappel, condamnés le 20 novembre 2007, par défaut, à deux ans de prison ferme et 500.000 dinars d’amende chacun pour «exercice illégal d’un culte non musulman». Ils ont demandé à être rejugés en leur présence, comme le leur permet la loi. Devant initialement se tenir le 22 mai dernier, leur procès a été finalement reporté à aujourd’hui par le Tribunal de Tissemsilt. Motif? Le tribunal a réclamé que les extraits du casier judiciaire des deux prévenus soient joints au dossier d’accusation, selon leur avocate Me Khelloudja Khalfoun citée par l’agence. Ce procès qui aurait pu être banal si les chefs d’inculpation étaient acceptables dans un pays où la constitution mais surtout la religion reconnaît la liberté de conscience, risque malheureusement de tourner à une campagne contre l’Algérie. En effet, la condamnation, ne serait-ce que pour un dinar des prévenus, sera sans doute exploitée à outrance par les médias étrangers qui vont monter sur leurs grands chevaux pour dénoncer «l’intégrisme algérien» ou encore «la chasse aux chrétiens». Il n’est qu’à rappeler la portée mondiale donnée à l’affaire dite «Habiba» du nom de cette chrétienne de Tiaret âgée de 37 ans, arrêtée le 29 mars dans cette même localité. Coupable d’avoir transporté une douzaine de bibles, elle est poursuivie pour «pratique d’un culte non musulman sans autorisation». Une peine de trois ans de prison a été requise contre elle et le verdict, qui devait être rendu le 27 mai, a été reporté pour complément d’information. Cette nouvelle aura fait le tour du monde. Mais, ce n’est pas un cas isolé. Quatre autres Algériens convertis au christianisme ont été condamnés à la fin du mois de mai, par le tribunal correctionnel de Tiaret, à des peines de prison avec sursis et à des amendes pour «pratique illégale d’un culte non musulman». Même si le parquet avait requis 2 ans de prison ferme, cette condamnation est perçue comme «un nouvel épisode d’une campagne de criminalisation de la pratique d’un culte non musulman».Au total, ils étaient six prévenus à être poursuivis après avoir été arrêtés le 9 mai au sortir du domicile de l’un d’eux à Tiaret. Ils étaient accusés d’avoir participé à une messe dans un lieu non prévu à cet effet. Un des prévenus a été condamné à six mois de prison avec sursis et 200.000 dinars d’amende alors que trois autres ont écopé de deux mois avec sursis et 100.000 dinars d’amende. Quant aux deux derniers, ils ont été relaxés après avoir nié s’être convertis. Et alors que s’ouvre ce matin le procès en appel des deux convertis de Tissemsilt, l’opinion attend que les verdicts tombent à la fin de ce mois dans les autres procès, notamment celui de Habiba Kouider. Force est de constater que ces «procès de la foi» ne rendent pas service ni aux chrétiens d’Algérie ni aux Algériens eux-mêmes, présentés faussement ailleurs comme des «intolérants». Il faut préciser que ces procès en série se basent sur une ordonnance promulguée le 28 février 2006, régissant les cultes non musulmans. Elle prévoit notamment des peines de 2 à 5 ans de prison pour toute personne qui «incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion» ou «fabrique, entrepose ou distribue des documents imprimés ou tout autre support ou moyen qui visent à ébranler la foi d’un musulman». L’ordonnance impose aussi d’obtenir un agrément officiel pour toute ouverture d’un lieu de culte y compris une mosquée. Amine Makri
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