Algérie

Procès du séisme de Boumerdès La parole aux experts



La journéed'hier, au huitième jour du procès du séisme de Boumerdès, a été consacrée àl'intervention des experts.Le premier à êtreappelé pour donner ses conclusions est le professeur Abdelkrim Yellès-Chaouch,directeur du CRAAG. D'emblée, il insiste sur une donnée de base dans touteconstruction, la nature du terrain. Si ce dernier est fragile, il fautl'éviter, surtout si la région est classée zone à densité sismique. M.Yellès-Chaouch ajoutera que le séisme et sa forte magnitude ne sont pas lesseuls responsables des dégâts constatés au soir du 21 mai. Plus technique, leprofesseur Yellès-Chaouch dira à propos du séisme qu'il y a eu une failleprincipale et d'autres perpendiculaires. Ainsi, l'accélération des ondestraverse les terrains rocheux avec une vitesse très haute, et les dégâtsenregistrés sont minimes; les mêmes ondes, en traversant les terrainsalluvionnaires (terrain instable) avec une vitesse moindre, et les dégâts sonténormes.Il relève quatrepoints. En premier lieu, la magnitude du séisme n'est pas à 100% à l'origine del'effondrement des bâtisses; le facteur humain, par le non-respect des donnéesde base dans la construction, a accéléré la disparition des bâtisses. Lesconstructions qui ont respecté le règlement parasismique algérien (RPA) 99auraient subi des dégâts, mais l'effondrement ne se serait pas produit avec unetelle facilité et beaucoup de vies humaines auraient été épargnées. Par ailleurs,on ne peut justifier l'effondrement d'une bâtisse, et pas d'autres, qu'à partird'une étude approfondie du sol. Durant quatre heures, le professeurYellès-Chaouch a répondu aux questions du président de séance, avant derépondre à celles de la défense.La défense: «AuJapon, un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter se produit et onn'enregistre aucune victime. Alors qu'un autre en 1995, de magnitude 6,8°, afait 5.000 victimes, et 36.000 blessés. Pourquoi ?». Et Yellès Chaouch derépondre: «Il n'y a pas d'explication, c'est pour cette raison que lesrecherches sont remises en cause à chaque fois, comme certains équations». Ladéfense: «Le CRAAG a-t-il la latitude, l'aval scientifique et technique pourdes reclassement de zones ?».- Yellès-Chaouch:«La législation s'est basée sur les études et les recherches du Centre». Par lasuite, ce fut au tour du représentant du ministère de l'Habitat de jeter ledoute sur la conception des plans d'urbanisme, ajoutée à la mauvaise qualité dubéton et autres matériaux qui ont fragilisé lourdement les nouvelles bâtisses.Appelé pour témoigner en tant qu'expert, M. Belazougui, directeur du CGS,docteur en béton armé, a relevé que pour Boumerdès, la première erreur futcelle de la conception, avec l'apparition dans la quasi-totalité des bâtissesde l'»étage souple» (RDC, garage ou commerce), ce qui provoque le phénomène«P-Delta» (déplacement + poids), entraînant des ruptures de haut en bas.D'ailleurs,souligne-t-il, le chapitre 3 des règles parasismiques préconise d'éviter lesétages souples. M. Belazougui dira enfin qu'avant 1981, il n'y avait pas decalculs parasismiques. Il parlera par ailleurs du non-respect de normes deconstruction, en soulignant que les constructions individuelles, quireprésentent plus du 50% du parc immobilier, font rarement appel à desingénieurs pour ces calculs. Le docteur Belazougui a relevé beaucoupd'anomalies, tant au niveau de la réalisation que de celui de la conception,incriminant la manière dont sont utilisés les matériaux, surtout les bétons.


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