Procès du séisme de Boumerdès Défense contre experts

Pour la 5e journée consécutive, les audiences relatives au procès duséisme de Boumerdès se sont poursuives, hier, avec au menu l'affaire des 122logements de Corso de l'EPLF de Boumerdès et comme principal accusé le P-DG decette entreprise, Mohamed Selkim. Pour rappel l'effondrement des 122 logementsavait causé plus de 35 morts. D'emblée, l'actuel P-GD de l'EPLF rejetta toutesles accusations rappelées par le président de séance.Pour sa part, Me Amara contesta les experts qui ont témoigné jusqu'àprésent dans ce procès. Les deux commissions ministérielles qui ont enquêté surles 122 logements de Corso sont arrivées à la conclusion que le profil des 7entrepreneurs engagés pour la construction les 9 bâtiments de la cité des 122logements va d'un retraité à un comptable, qui se sont reconvertis aux techniquesdu bâtiment sans subir de formation adaptée. L'expert Ameur Boualem a déclaréau tribunal: «les intervenants dans ce projet manquaient terriblementd'expérience dans le domaine de la construction et par conséquent deprofessionnalisme». De ce fait, «le chantier des 122 logements a, en effet,enregistré un énorme retard dans la réalisation puisqu'il a duré 12 ans», aencore ajouté l'expert. Concernant les raisons de ce retard, il fallait leschercher chez les responsables de l'ouvrage, en l'occurrence l'EPLF et dans leconflit qui a opposé le maître d'ouvrage aux entrepreneurs à cause d'unproblème de financement.Par ailleurs, les experts qui ont procédé à 5 essais ultra-sons sur lespoteaux en béton ont relevé que le béton en question présentait une faiblerésistance, conséquence directe des nombreux arrêts et reprises des travaux.Intervenant à son tour le procureur général revient à la charge en reprochantau premier responsable de l'EPLF: «vous avez éloigné volontairement le CTC etdonc le service qui s'occupe de la supervision technique des travaux». L'accusése défend en déclarant que «j'ai décidé d'arrêter avec le CTC en raison d'unecrise financière». En fin d'après-midi, ce fut le tour de l'experte Yahiaoui,qui avait fait le rapport du site des 122 logements de Corso, d'être appelée àla barre. Et Me Benbrahem de relever que durant la première commission,certains experts ont refusé de valider le rapport. Ce fut l'occasion pour lejuge Benabdallah de demander à l'avocate de la défense de lui indiquer le nomde ces derniers ou à défaut, de retirer cette formulation. Le rapport del'experte Yahiaoui, revèle que la zone de site qui s'étend sur 5 ha neconvenait pas à la construction d'où l'effondrement de 6 blocs sur les 9, aveccisaillements au niveau du premier étage pour les autres.Autres points relevés: la multitude d'intervenants dans la constructiondes 122 logements et le manque d'expérience des bureaux d'études.«Quel est votre profil?», interroge la défense.«Ingénieur en génie architectual», répond l'experte. «Est-elle qualifiéepour l'expertise (s'adressant au président de séance? ».L'experte: «oui, mes études et mes recherches me le permettent».La défense: «est-ce que l'expert s'est déplacé sur le site?»L'experte: «je me suis déplacée en 2005, mais j'ai travaillé sur la basedes rapports des 2 commissions».La défense de revenir à la charge: «en se basant sur des rapports,l'expertise peut-elle être fiable?»L'experte: «elle peut être fiable mais pas à 100%». Plusieurs avocats sesont relayés pour demander des précisions, des questionnements sur le rapportYahiaoui, relevant au passage le changement de catégorie (zone) de Boumerdès,passant de la zone 2 à la zone 3 après le 21 mai. Le travail de l'experte àpartir des rapports ministériels a été le point le plus débattu.A chaque fois, le président de séance intervenait pour signifier à ladéfense de se contenter de poser les questions sans porter de jugement. A lafin le procurueur général est intervenu en s'adressant à l'experte Yahiaoui.«Etes-vous convaincue de vos conclusions?», interroge-t-il. l'experte.«Oui» répond-elle.Le P.G: «si on vous transmet un rapport avec les mêmes données sans citerde lieux, auriez-vous fait les mêmes constats?»L'experte: «Oui».