Procès de la cause nationale de Me A. Zeroual

Avocat à la retraite, après avoir été ancien magistrat et ancien journaliste, Abdelhamid Zeroual est l'auteur de près d'une dizaine d'essais et ouvrages spécialisés en droit. Après son ouvrage publié en 2000 chez l'OPU, et où il y compulse les procès célèbres qui ont marqué la chronique judicaire depuis l'Antiquité à nos jours, A. Zeroual vient de récidiver avec un ouvrage de la même veine, une compilation des procès célèbres qui ont jalonné l'histoire du mouvement national et de la résistance du peuple algérien face à la colonisation française. Plus qu'un témoignage, Procès de la cause nationale est un livre qui se veut comme une mise à nu des pratiques répressives, qui étaient l'apanage de l'administration coloniale française, à travers l'un des appareils idéologiques de l'Etat, en l'occurrence l'institution judicaire, et qui, entre autres des instruments répressifs, a été mise au service de la justification par la parodie de procès expéditifs et la mystification judicaire de la présence colonialiste française en Algérie. «Une logique» qui usa de tous les subterfuges répressifs (militaires et autres) pour réduire et annihiler la volonté du peuple algérien à vivre libre et indépendant. Du récit de la série de procès intentés aux principales figures de la résistance algérienne, dès les premières années de la présence française en Algérie, à l'ordre colonial, jusqu'à ceux intentés aux citoyens de souche française membres des célèbres réseaux des «Porteurs de valises» est une manière de revisiter des pages peu connues de l'histoire de la résistance du peuple algérien face au colonialisme français. Un livre qui (r)ouvre, pour ainsi dire, les dossiers noirs d'une justice qui avait vendu son âme et qui avait été sommée de renier les principes cardinaux d'une nation qui a tant donné pour les droits de l'homme. Il en a été ainsi, par exemple, lorsque cette justice, comme l'écrira l'auteur, s'est faite «le relais du génocide» et le synonyme de «la répression» lors des manifestations du 8 Mai 1945. Les procès illustrent les dérives d'une justice devenue «auxiliaire de la police», comme dans l'affaire des membres de l'OS (Organisation spéciale du MTLD) et dont les membres avaient été présentés devant la justice, à travers une succession de procès, inaugurés en 1950 jusqu'à l'orée de l'année 1954, et qui ont vu défiler les têtes pensantes de l'OS, comme Aït Ahmed, Ben Bella, Bitat, Boudiaf et d'autres, ainsi que des figures de la révolution, comme Abane Ramdane. «Quand le droit cède devant la raison d'Etat» est le titre d'un autre chapitre du livre qui «fait le procès» d'un autre procès intenté dans le cadre des juridictions d'exception instituées par l'état d'urgence instauré par la loi du 3 avril 1955. C'est ainsi et en vertu de ladite loi, qu'un journaliste, Georges Arnaud, sera traduit devant la justice «pour non-dénonciation de crime», suite à un compte rendu d'une conférence donnée à Paris par Francis Jeanson, membre du réseau éponyme, dit aussi des «Porteurs de valises».Préfacé par le Dr Boudarène, psychiatre et auteur de plusieurs essais, le livre de Me Zeroual Abdelhamid restitue les moments palpitants et emblématiques des différents procès, en s'appuyant sur des archives et des documents d'époque. Accessible autant par la langue utilisée que par la méthodologie et la démarche d'écriture, Procès de la cause nationale est un ouvrage d'une utilité didactique qui ouvre des perspectives pour une recherche approfondie sur un sujet peu ou prou abordé par les spécialistes.S. Aït MébarekProcès de la cause nationale, Abdelhamid Zeroual, Editions El Amel, 2013.