Algérie

Procès de l'affaire Khalifa



Procès de l'affaire Khalifa
Les auditions des accusés dans le procès de l'affaire Khalifa se sont poursuivies mercredi au tribunal criminel près la Cour de Blida. Les prêts accordés par Khalifa Bank qui s'apparentent à des donations de Abdelmoumene Khalifa ainsi que les états financiers de la banque étaient au centre des auditions.Amghar Mohamed Amokrane, condamné à trois ans fermes en 2007 pour constitution d'association de malfaiteurs, escroqueries et abus de confiance, gérait administrativement toutes les agences de Khalifa Rent Cars (KRC), se trouvant à Alger, Oran et Annaba. Cet ancien employé de la Banque Nationale d'Algérie (BNA), a demandé au début de l'année 2000, un prêt bancaire de 450 millions de centimes, puis 1,5 milliards auprès de la banque du groupe. M. Amghar explique au juge que c'est Abdelmoumene Khalifa qui lui a donné l'autorisation de retirer cette somme qui correspond en réalité à un prêt bancaire et non pas un crédit. Le juge Antar Menouar lui précise que cette opération a été réalisée sans documents officiels pouvant la prouver. « Le crédit s'octroie aux clients contre une assurance. Moi, je suis employé de la banque et j'ai droit à un prêt bancaire », répond l'accusé. Et d'expliquer que ce prêt a été demandé verbalement. « Le PDG du groupe l'a accepté, et m'a dirigé vers l'agence de Chéraga pour le retirer. Je ai remboursé la totalité du prêt dès l'arrivée du liquidateur de la banque M. Badsi Moncef », a-t-il précisé.Ces déclarations poussent les magistrats du Tribunal à penser que ce « prêt » est une donation de Abdelmoumene Khalifa, qui est loin d'être la première du genre. Le président du tribunal pénal de Blida lui demande où sont passés les cinquantaines de voitures et les fonds colossaux débloqués en préparation de l'année de l'Algérie en France qui n'a finalement pas eu lieu. M Amghar répond n'avoir aucune information sur le sujet. Les donations présumées qu'aurait versées Abdelmoumene Khalifa de la caisse principale de la banque à ses collaborateurs, ont constitué le sujet principal de l'audition de Dahmani Nourredine, ancien responsable de la Direction des Hôtesses et des Stewards à Khalifa Airways. Poursuivi pour escroquerie, abus de confiance et constitution d'association de malfaiteurs, cet ancien cadre d'Air Algérie a lui aussi bénéficié d'un prêt de 250 millions de centime contracté auprès de l'agence bancaire Khalifa d'El Harrach, « sans constitution de dossier, ni de contrat de prêt ». Il dit qu'il en a remboursé 80 millions de centimes en 2003, après le retrait de l'agrément de la banque et qu'il continue à les payer jusqu'à aujourd'hui. Avec beaucoup d'amertume, il reconnait qu'il était difficile pour le personnel naviguant de Khalifa Airways de trouver un emploi car ils sont devenus « des pestiférés », dans le marché du travail.Le seuil de risque de 20% dépassé 16 foisLe commissaire aux comptes auprès de de Khalifa Bank, M. Mim Lakhdar, est appelé à la barre. Confirmant l'existence d'une désorganisation totale au niveau de toutes les directions du groupe Khalifa, il évoque des retards dans l'établissement des budgets annuels et des états financiers des années 1998, 1999 et 2000, allant jusqu'à 23 mois. Le juge Antar Menouar lui demande pourquoi il n'a pas signalé cette anomalie. M. Mim dit qu'il pensait que c'était conjoncturel, vu que la banque venait de lancer, expliquant que la situation s'est d'ailleurs rétablie vers 2001. Le juge le relance sur les dépassements du seuil des risques dans le capital arrêté à 20% par le règlement. L'accusé explique que ce seuil de risque a été dépassé 16 fois entre 1998 et 2000. Après le renflouement du capital en 2001, le taux du risque a considérablement baissé, a-t-il ajouté.Toutefois, conformément à la réglementation en vigueur, le commissaire aux comptes est tenu de signaler les anomalies constatées dans les états financiers au procureur de la République ainsi que ce dépassement du seuil de 20% à la commission bancaire, laquelle doit informer impérativement la Banque d'Algérie. Mim Lakhdar affirme avoir porté à la connaissance de la commission bancaire l'état du budget de la banque Khalifa. S'agissant de la saisine du procureur de la République, M. Mim, dit qu'après l'établissement de l'état des lieux avec le président du Tribunal de Chéraga, il pensait que ce dernier allait informer le Procureur, et qu'il n'avait pas besoin de le faire lui-même. « J'ai été convoqué par le président du tribunal de Chéraga et j'ai tiré au clair tout l'état financier de la banque Khalifa. Pour moi, il est évident qu'un président du tribunal informe son procureur général, étant donné qu'ils appartiennent à la même instance juridique et qu'ils travaillent dans le même endroit. Je ne m'attendais jamais à être jugé un jour pour ce manque de communication entre les deux magistrats », s'est-il expliqué.




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