Algérie

Procédé



Si j'étais ana le raïs de ce bled, je me comporterais endictateur. Attention, par dictateur, il ne faut pas penser tueur ou «emprisonneur»! Il n'y aura ni asile, ni geôle, ni rien detout cela. La dictature à moi est plus douce, humaine. J'entretiendrais fi bladi un vivier d'illettrés en réduisant a minima le degréd'éducation scolaire. (Pour l'instant, il n'y a pas besoin de dictature, puisqueles enseignants avec leur grève se chargent de cette mission. Les parentsd'élèves les remercient pour leur persévérance).Ainsi préparé, du chaâb, on enfait des laborieux, fortunés ou pas, auxquels il sera demandé beaucoup desacrifices. Oui mais j'insisterais pour leur procurer el-ma,parce que la soif peut provoquer la colère. Sous mon règne, il y aura del'électricité à gogo, des prises partout. Il sera fait en sorte que le postetéléviseur soit à la portée de toutes les bourses. Il sera même subventionnépar ma houkouma comme produit de première nécessité (pourmon règne, bien entendu). Hakda, ils la regarderonttous les jours, koul youm, dèsleur plus jeune âge. Dans cette télévision, je mettrais de faux dieux à adoreret un joli programme paissant au pied d'un arbre squelettique qui cacherait desforêts entières de connaissances. Afin qu'au bout d'un temps, l'ignorance et labêtise deviennent les attributs majeurs de mon peuple moutonnier.A ces kabache, je donnerais aussiun téléphone portable gratuit, pour qu'ils ne se sentent pas seuls et serassurent les uns les autres en parlant, avec les quelques kalimetteapprises à l'école buissonnière des stars qu'ils auront vu briller à latélévision. Ils auront toute la liberté de se livrer aux songes en plein joursous l'influence du film, de la pub, de la météo, du tirage du Loto, desdocumentaires animaliers, des émissions de divertissement, sans parler du sport,du sport et des sportifs, leur vie, leur fortune..., l'identificationobligatoire à eux, les dieux du stade, les archétypes d'un esprit sain dans uncorps sain.Avez-vous déjà fait attention au nombre impressionnantd'antennes paraboliques qui trônent sur la tête de notre pays, comme desoreilles toutes ouïes, oui, oui ? Des oreilles bonnes à tirer !


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