Algérie

Probium et l'Are-Ed, deux associations qui marquent la Journée mondiale de la biodiversité



Le 22 mai de chaque année depuis l'année 2000, le monde entier célèbre la Journée mondiale de la biodiversité. Cette année, elle a été placée sous le signe «Notre biodiversité, notre alimentation, notre santé».A cette occasion, nous allons rendre hommage à deux associations algériennes qui se sont battues pour faire avancer la cause de la biodiversité et de la protection de la nature. L'Area-ED et Probium. L'Area-Ed (voir encadré) vient de se voir récompenser de ses inlassables efforts avec la publication en ce mois de mai du décret exécutif portant création du Parc national de Babor-Tababort, qu'elle a porté de bout en bout durant 4 ans.
Ce nouveau parc est porteur d'une vision nouvelle et moderne de la gestion des aires protégées qui, rappelons-le, sont les instruments de conservation de la biodiversité in situ. La gestion du territoire est participative car elle inclut de manière concrète les utilisateurs et les bénéficiaires des ressources naturelles à toutes les phases de décision de la gestion de l'aire protégée.
Probium, le réseau algérien pour la protection de la biologie marine, est la fédération d'une dizaine d'associations avec des militants dans les 14 wilayas côtières. Probium a son actif de nombreuses actions en faveur de la protection de la biodiversité marine. On peut citer la plus célèbre, l'immersion de récifs artificiels, sujet aussi d'un film documentaire qui a remporté un certain succès.
Probium est farouchement opposé à l'exploitation offshore de toute nature et bien entendu celle des hydrocarbures. Ce mardi, le 21 mai, elle a remporté une victoire à la veille de la Journée mondiale de la biodiversité. Elle a réussi à se faire entendre par les dirigeants de Sonatrach sur une opération d'exploration offshore d'hydrocarbure menée très discrètement au large des côtes bônoises.
Les faits : le 15 mars 2019, un militant de Skikda, et non à Annaba, découvre à la direction de la pêche, une affiche qui informe les pêcheurs qu'ils sont interdits d'activité pendant 60 jours, les meilleurs de l'année, dans une zone au large du Cap de Fer (limite est de la wilaya) de 16 km² en raison de travaux d'exploration d'hydrocarbures menés par Sonatrach. L'info a vite le tour du réseau et le 25 mars, Probium adresse une lettre au PDG de Sonatrach, Ould Kaddour à l'époque, pour demander des explications et consulter les études d'impact, comme l'autorise la loi. Pas de réponse bien entendu.
Le 1er avril, les bateaux se mettent en place, le navire d'exploration, un ravitailleur et deux remorqueurs. Les militants écologistes tentent d'entrer en contact avec la direction de la pêche et celle de l'environnement à Annaba. En vain. On leur fera savoir que des instructions ont été données pour ne pas communiquer sur cette affaire. Loin d'être découragés, les membres de Probium organisent un sit-in sur le cours de Annaba.
Toujours rien. Le 18, une correspondance est déposée chez le secrétaire général du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables (MEER) pour obtenir une copie des études d'impact qu'il doit détenir. Toujours pas de réaction des pouvoirs publics. Probium lui se fend de communiqués sur Facebook, mais qui restent aussi sans écho. Le 2 mai, et alors que l'exploration est à plein régime, les gardes-côtes saisissent les filets des pêcheurs d'espadons et de thon, qui sont en pleine campagne annuelle.
Probium adresse alors deux mises en demeure avant plainte à la justice ? on est en plein hirak1 ? au nouveau PDG de Sonatrach, M. Hachichi, pour le mettre au courant et lui expliquer les causes de la démarche des protecteurs de la mer. Autre mise en demeure pour la remise des études d'impact : Sonatrach réagit. Le 5 mai, un appel téléphonique du directeur central des nouvelles énergies invite les représentants de Probium à une réunion de travail.
Les bateaux repartent le 8 mai au bout de 40 jours de travail au lieu de 60, comme prévu. La rencontre a eu lieu mardi 21 mai en présence de 4 directeurs centraux, puis avec le PDG en personne. Une rencontre cordiale et chaleureuse, dit le communiqué commun, qui a donné l'occasion au grand groupe pétrolier «de réaffirmer la volonté et l'engagement sociétal de Sonatrach à s'inscrire dans une démarche écoresponsable».
Les membres du collectif écologique ont exposé leurs points de vue sur l'offshore à Annaba et demandé à disposer des études d'impact environnemental et des rapports des MMO et MFO (Marine mamifer observer et Marine fauna observer).
Les représentants de Sonatrach ont écouté attentivement et expliqué l'état des lieux sur les réalités énergétiques dans le monde, et en particulier en Algérie, et aussi l'intérêt de la conduite de ce genre de projet et son impact socio-économique pour le pays. Ils ont également indiqué que Sonatrach, dans le cadre du respect des réglementations en vigueur, élabore des études environnementales avant la réalisation de ses projets.
Contacté, Emir Berkane, porte-parole de Probium, dit que ce premier contact, il y en aura d'autres sur des négociations sur lesquelles l'écologiste ne peut pas se prononcer, est une victoire pour le mouvement écologiste algérien. Le chemin reste encore long mais d'ores et déjà la grande entreprise pétrolière accepte le principe de la participation au suivi des travaux. Le porte-parole des écolos regrette encore que le MEER soit complètement absent, pour ne pas dire pratiquement hors circuit dans l'un des plus grands risques qui menacent les milieux côtiers.
? Endnotes
1- Mouvement de protestation nationale contre le pouvoir en place avec des marches pacifiques hebdomadaires.


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