Probité

Pourquoi notre football, le local je veux dire, refuse d'avancer ' Une question posée par un ancien footballeur, victime de l'ingratitude de ce même football sans pour autant pouvoir y apporter de réponse. Pourtant, la réponse est là, a portée de main, mais il l'élude pour ne pas enfoncer le clou ou réveiller les vieux démons.Celle-ci se lit dans ses yeux qui s'écarquillent à chaque fois qu'il se remémore le temps passé, le beau football, les honnêtes dirigeants, les éducateurs bénévoles et les vrais supporters qui se donnaient corps et âme pour leur équipe. Tout cela se lisait dans son triste regard, hagard et interloqué par le temps présent. Par tout ce qui entoure cette discipline, échappée des mains des footballeurs et tombée dans celles des trabendistes, pour ne pas dire carrément charognards et prédateurs. La nostalgie se lit de plus en plus dans ses deux yeux larmoyants, notamment quand il évoque les grands footballeurs, les grands entraîneurs mais surtout leur probité et leur amour pour une discipline envers laquelle ils se sont montrés d'un dévouement inégalable. Et là, bingo, la réponse à la lancinante question est sortie de sa propre bouche. Il l'avait sur le bout des lèvres mais elle ne sortait pas tellement, il refusait de faire le parallèle entre le passé et le présent. La différence entre ces deux époques est de taille bien qu'elle soit toute simple. Hier, quand l'Algérie a enfanté Madjer, Belloumi, Assad, Lalmas, Amirouche, Séridi, et tant de joueurs de très haut niveau, l'honnêteté était une condition sine qua non pour évoluer dans ce milieu. Mon ami s'arrête-là, refuse d'aller au bout de sa nostalgie. Il se contente de donner l'essentiel sans verser dans l'accessoire. Aujourd'hui, l'honnêteté est devenue un délit et celui qui s'en targue risque d'en faire les frais. Et mon ami se tut pour ne pas enfoncer le couteau dans la plaie. Saha Aidkoum.