Algérie

Prix sacrifiés



Grand plaisir aussi que de constater que cette distinction littéraire a réussi, après un passage à  vide, à  reprendre de plus belle. Quand on pense, par exemple, au prix de la Fondation Nourredine Abba, on se rend compte que ce n'est pas si évident. Le prix des Libraires, pourtant bien parti, n'a pas été décerné l'an dernier, mais devrait l'être bientôt, nous dit-on. Ceux du SILA ont été attribués une seule et unique fois, en 2009 ! Bref, nos prix sont victimes de mortalité infantile. Or, leur valeur tient aussi à  leur longévité, à  même de forger une réputation dans le temps.
Que reste-t-il ' Le prix Ali Maâchi du président de la République décerné aux jeunes créateurs, dont les écrivains en herbe, le prix du Festival international du livre de jeunesse… Quoi d'autre ' La liste est pauvre et le risque d'en avoir oublié est limité. Aussi, la déception et le vertige nous prennent en pensant aux 1400 prix littéraires de France, à  la soixantaine de prix importants en Allemagne, ou encore aux trente grands prix du Japon, dont un tiers destiné aux premières œuvres… A quoi, chers lecteurs, vous rétorquerez que notre production est à  des années-ténèbres de celles de ces pays. Mais un bon raisonnement doit envisager tous les cas de figure.
Comment donc ne pas considérer qu'une meilleure promotion des ouvrages et des auteurs contribuerait au développement de l'édition '
Il faut donc multiplier à  l'envi les prix en leur assurant des assises solides et, d'abord, la plus grande transparence. Imaginez aussi de nouveaux types de prix comme pour l'essai (et même un prix par type d'essai), le premier roman, le beau livre, le roman historique, la nouvelle, le meilleur éditeur ou imprimeur, etc. Cette mission, des associations peuvent l'assurer en adoptant des règlements clairs et en mobilisant des jurys indépendants. En annonçant l'institution du prix Tahar Djaout, qui sera décerné le 4 juin prochain, l'association Tussna (Savoir) donne un exemple encourageant.
On posera alors la question financière. Si les écrivains n'y sont pas insensibles – comme tout le monde d'ailleurs –, ils recherchent avant tout de la reconnaissance. En France, le prix Morland, un des innombrables décernés par l'Académie française, est doté de 45 000 euros, tandis que le Goncourt offre un chèque de 10 euros, mais garantit, par son prestige, des ventes de 300 000 exemplaires environ. En Algérie, où le tirage moyen d'un roman est de 2000 exemplaires, des prix d'une certaine tenue pourraient encourager les ventes et, dans tous les cas, les auteurs.
Si vous aviez pu entendre au téléphone la voix émue de Bouziane Ben Achour, se souvenant de sa première lecture de Mohammed Dib en sa prime jeunesse !


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)