Les Algériens, en préférant verser dans le patriotisme (à la page, ces derniers
temps) touristique se font-ils avoir sans qu'ils le sachent ? Ne perdent-ils
pas au change en s'abonnant aux côtes et complexes aussi privés qu'étatiques
qui ont échoué sur les beaux rivages de l'Algérie ? N'existe-t-il pas un
clivage entre les prestations fournies en aval et les factures, jugées
prohibitives, en amont ? Et le plus pertinent, n'y a-t-il pas meilleures et
moins chères destinations pour les nationaux ailleurs que dans leur propre pays
? Autant d'interrogations qui s'imposent d'elles-mêmes et qui trouvent une
première réponse dans l'attitude toute nouvelle des Algériens qui ont changé
leurs habitudes estivales en tournant le dos aux infrastructures hôtelières
nationales et à leurs prestations. Une simple comparaison, surtout financière,
entre les différents concepts proposés par les professionnels du secteur en
Algérie et les formules attractives des agences de voyage en direction de
l'étranger suffisent à persuader les plus sceptiques. La particularité de cet
été réside forcément dans sa concomitance avec le Ramadan d'où, en conséquences
directes, la réduction drastique de la haute saison, chère aux hôteliers, et
une course effrénée pour rentabiliser les investissements consentis. Une
démarche somme toute compréhensible puisque ce secteur n'est rentable que
durant les trois mois de l'été, selon toutes les lectures permises. Pour le
volet prix, la période s'étalant entre le 15 juillet et le 15 août s'annonce
particulièrement chaude. A Aïn El-Turck, un cas particulier à cause de la
qualité peu enviable des plages locales, les prix varient entre 40 et 70.000
dinars le mois. Pour la commune de Bousfer, allant des Coralès jusqu'à
Bousfer-plage, il coûtera en moyenne 120.000 dinars. Quant aux bourses moyennes,
voulant également profiter de la mer, les prix des locations seront plus
abordables en seconde zone. En effet, une villa est cédée à environ 50.000
dinars le mois, zone bien plus avantageuse au niveau des prix mais également du
calme et de la tranquillité. Même les garages à bateaux ne sont pas épargnés
par cette fièvre des locations puisqu'un garage à bateau bien situé et doté du
strict nécessaire, à savoir l'électricité et les sanitaires, est cédé à 35.000
dinars le mois alors que les locaux démunis de toutes commodités sont cédés à
20.000 dinars. L'autre exemple illustratif du décalage « financier et
prestation de services » qui existe entre les formules nationales et
étrangères, principalement en Tunisie, la première destination prisée par les
Algériens de tout bord est celle des complexes touristiques qui affichent des
tarifs « hors normes ». En effet, la réservation dans le complexe des
Andalouses pour un séjour d'une semaine peut coûter jusqu'à 30.000 dinars par
personne, au moment où le même séjour dans l'une des villes balnéaires de la
Tunisie est proposé par plusieurs agences de voyage à des prix beaucoup plus
réduits. Bien plus que la toute proche Tunisie, les agences de voyage ont
flairé le bon filon et n'hésitent plus à s'engouffrer dans les brèches ouvertes
par ceux-là mêmes qui doivent jouer le rôle du gardien du temple du tourisme.
Des destinations plus « exotiques » sont servies au menu de ces agences dont
les vitrines fleurissent de formules voyages vers l'Egypte et ses pyramides
ainsi que sa célèbre station balnéaire de Charm el Cheikh mais encore la Grèce,
la Turquie et l'improbable Malte.
En effet, depuis quelques années, une rude concurrence s'est développée
entre les agences de voyages qui n'hésitent plus à renouveler régulièrement
leurs offres pour certaines destinations étrangères. Les agences proposent le
plus souvent à leurs clients des séjours d'une semaine à quinze jours en
Tunisie, au Maroc, en Grèce, en Turquie, à Dubaï et en Egypte. Un séjour à
Kuala Lumpur (Malaisie) dans un hôtel 5 étoiles est proposé par certaines
agences à 211 300 DA par personne. La Tunisie vient en tête de liste des
propositions. Quelque un million d'Algériens sont entrés en Tunisie la saison
passée. Ce nombre a presque doublé en l'espace de deux ans car, les agences de
voyages avantagent les pays qui n'exigent pas de visa, ou ceux facilitant les
procédures de son obtention et certains vacanciers préfèrent recourir aux
voyages organisés dans le but d'éviter les tracas rencontrés durant les longues
procédures pour l'obtention de documents de voyage, notamment les visas,
puisque ce volet est pris en charge par les agences elles-mêmes. Ce revirement
des habitudes et ce changement dans les moeurs vacancières des Algériens est à
mettre à l'actif de leur amour pour l'étranger mais encore plus dans leur
volonté de fuir une qualité de services en deçà de tout entendement.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com