Algérie

PRIX LITTERAIRES FRANÇAIS Le Goncourt à Alexis Jenni, le Renaudot à Emmanuel Carrère



Le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, a été attribué mercredi à Alexis Jenni pour son premier roman l'Art français de la guerre (Gallimard), une fresque entre Indochine et Algérie qui questionne l'héritage des guerres coloniales.
Le prix Renaudot, traditionnellement attribué en même temps que le Goncourt, a couronné Emmanuel Carrère pour son «Limonov»(POL), portrait du sulfureux Edouard Limonov, idole underground sous Brejnev, clochard à New York, écrivain branché à Paris et fondateur d'un parti ultranationaliste en Russie. Alexis Jenni, professeur de biologie à Lyon, âgé de 48 ans, a été choisi au premier tour par 5 voix contre 3, a annoncé l'un des membres du jury, Didier Decoin, depuis le restaurant Drouant, où le jury a l'habitude de se réunir. Loin des premiers romans souvent nombrilistes, l'Art français de la guerre, au style classique, épique, parfois un peu grandiloquent, est un chant inspiré, baigné de sang et de combats, une méditation sur l'identité nationale et ces vingt ans de guerres coloniales qui marquent encore les esprits aujourd'hui en France. Il a expliqué mercredi à la presse qu'il avait été «beaucoup inspiré» par le débat sur l'identité nationale et l'immigration lancé en 2010 en France par le gouvernement de droite et qui a divisé l'opinion. «Le débat sur l'identité nationale m'a beaucoup inspiré mais je n'ai aucune préconisation, aucun avis. Je voulais amener à réfléchir», a dit l'écrivain. Le roman, très lisible mais exigeant, a déjà été vendu à plus de 56 000 exemplaires. Un Goncourt se vend en moyenne à 400 000 exemplaires. Deux autres prétendants étaient en lice, Sorj Chalandon pour Retour à Killybegs(Grasset), qui a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française jeudi, et l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot pour La belle amour humaine (Actes Sud). «Jenni fait une entrée fracassante dans le monde des lettres. A 48 ans, il a eu le temps de polir ses phrases. C'est le roman qui nous a semblé le plus intéressant, le plus novateur, et le plus excitant», a souligné un membre du jury, le journaliste Bernard Pivot. «Voir tant de culture humaniste chez un homme de sciences mérite d'être salué», a renchéri son confrère Régis Debray. «Il y a en France un refoulé colonial, une frustration d'une hégémonie française impériale qui crée des relents de vengeance.» Alexis Jenni, qui se considérait jusqu'ici comme «un écrivain du dimanche», s'est attelé voici cinq ans à son livre et a envoyé son manuscrit de près de 700 pages, par la poste, à un seul éditeur, Gallimard, qui a aussitôt flairé la révélation de la rentrée. Emmanuel Carrère, un écrivain reconnu né en 1957 à Paris, a été choisi par le jury Renaudot au deuxième tour par six voix contre quatre. Ses ouvrages, dont la Classe de neige (1995), l'Adversaire (2000), Un roman russe (2007) et D'autres vies que la mienne (2009) sont traduits dans une vingtaine de langues. Son dernier livre est le récit de la vie d'Edouard Limonov, qu'Emmanuel Carrère, dont les grands-parents maternels ont fui la Russie après la Révolution, a rencontré à Paris et Moscou. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud. Je «suspends pour ma part mon jugement », explique Emmanuel Carrère qui se met aussi en scène dans le roman, ainsi que sa mère, l'historienne et académicienne Hélène Carrère d'Encausse, spécialiste de la Russie.


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