La FAC, Fédération algérienne des consommateurs, a demandé au Premier ministre "l'ouverture d'une enquête approfondie sur les mécanismes de régulation du marché ; de mesurer leurs effets et leur efficacité sur le terrain et procéder à la poursuite des responsables qui exposent le pouvoir d'achat des consommateurs algériens à l'effondrement".Cette requête rappelle une autre faite au début de l'année 2011 par des députés et prise en charge par une commission d'enquête parlementaire. Personne n'a été pendu et l'Etat a dû défiscaliser le commerce de l'huile et du sucre. La commission d'enquête a simplement vérifié qu'on ne pouvait pas maîtriser les prix de matières qu'on ne produit pas et les prix ont continué à grimper.
L'Etat, dans le contexte de liberté des prix comme celui de l'Algérie, fait pourtant plus qu'il n'est en devoir de faire. Outre qu'il assure le stock des céréales et qu'il prend en charge la gestion de l'approvisionnement national en poudre de lait, il a initié un système de régulation de la distribution de la pomme de terre. En matière de prix, il subventionne la farine et le lait, mais a aussi élargi la mesure, en adoptant une forme particulière de soutien au sucre, à l'huile et aux aliments de volaille. Puisque les groupes "d'autodéfense" des consommateurs ne s'intéressent qu'à l'alimentaire et, dans l'alimentaire, ne se préoccupent que du prix, on pourrait croire qu'ils seraient satisfaits de ces efforts.
Certes, le fort niveau d'inflation (8,9% en 2012) trouve son explication dans le mouvement des prix des produits alimentaires et des matières entrant dans la fabrication des produits alimentaires, d'une part, et la part du budget des ménages affectée à l'alimentation est une des plus élevées du pourtour méditerranéen, Maghreb compris (45% contre 10 à 20% ailleurs). Ceci exprime, soit le fait que le niveau de revenu moyen est inférieur à celui de nos voisins, soit le fait que la productivité du secteur agroalimentaire, en particulier la productivité de l'agriculture, est trop basse. Ce que les producteurs perdent en quantité, ils le récupèrent par le prix. On peut ajouter à cela le désordre commercial : pas de marchés de gros, insuffisance de marchés de détail et, donc, pas assez de concurrence.
Ainsi sont transposés les problèmes de productivité, de structures publiques et de niveau de revenus en simples problèmes de prix. Et de prix de produits de consommation. La problématique ainsi formulée arrange le pouvoir : il s'engouffre dans la facile démarche corporatiste des "consommateurs" pour se sortir de la problématique globale qui est d'ordre socioéconomique. Ce qui le dispense d'envisager, et surtout de mettre en 'uvre, le passage d'une économie de rente à une économie de production, seule manière de réhabiliter la notion de productivité et de relier enfin les revenus à la production. Non, pour ne pas libérer l'initiative et garder la haute main sur le partage autoritaire et clanique des ressources, il préfère la fuite en avant antiéconomique et, au final, antisociale, de la politique de subvention. "Après moi, le déluge !"
Pendant ce temps, le "consommateur" cherche un responsable de sa misère à pendre.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
Nom
Adresse email
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha Hammouche
Source : www.liberte-algerie.com