Algérie

Privilégier une stratégie hors hydrocarbures dans le cadre de la mondialisation



Privilégier une stratégie hors hydrocarbures dans le cadre de la mondialisation
Une tripartite réunissant le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux, est prévue ce jeudi 18 septembre 2014. L'Algérie se trouvant à la croisée des chemins, il s'agit impérativement, pour des raisons de sécurité nationale, de se projeter dans l'avenir en cette ère de mondialisation impitoyable, et ce, en évitant des promesses chimériques. Pour la réussite de cette tripartite, je recense douze axes-directeurs interdépendants qui conditionnent le développement socio-économique dynamique de l'Algérie et devant éviter le statu quo suicidaire.Cinquièmement, il faut éviter l'illusion juridique bureaucratique en pensant qu'une loi ou un changement d'organisation, qui a un coût très lourd, peut résoudre les problèmes d'ordre structurel. Nous assistons de 1963 à 2014, à une instabilité juridique perpétuelle plutôt qu'à un changement de politique économique, facteurs liés, qui limitent les secteurs dynamiques et découragent les entrepreneurs publiques et privées dans le cadre de l'allocation sectorielle d'investissement, les orientant vers les activités spéculatives. Du point de vue organisationnel, après la période courte d'autogestion 1963-1965, nous avons entre 1965-1980 de grandes sociétés nationales. Entre 1980-1988, nous avons une nouvelle organisation découpant les sociétés nationales, qui selon les initiateurs, seraient trop grandes afin de maîtriser la gestion. En 1988, l'Etat crée 8 Fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat. En 1996, nous avons 11 holdings en plus des 5 régionaux avec un Conseil national des privatisations. En 2000, nous assistons à leur fusion en 5 méga holdings et la suppression du Conseil national des privatisations. En 2001, l'Etat algérien dissout les holdings et met en place des sociétés de gestion des participations (SGP), chargées à la fois, de la privatisation et les capitaux marchands de l'Etat, dont 11 établissements financiers relativement autonomes. Lors de différents Conseils de gouvernements, tenus durant toute l'année 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de la Promotion de l'Investissement, les deux grandes sociétés hydrocarbures Sonatrach et Sonelgaz, régies par des lois spécifiques n'étant pas concernées), articulées autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire, des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national, des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme et enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Courant février 2008, cette proposition d'organisation, qui n'a pas fait l'unanimité au sein du gouvernement et certainement au niveau de différentes sphères du pouvoir, est abandonnée. Aussi, après la feuille de route que s'était tracée l'ex- ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI), n'ayant pas recueilli le consentement, on annonce officiellement fin 2009, la dissolution prochaine des SGP devant revenir à l'ancienne tutelle des ministères. Et entre 2010-2013, on propose de revenir à de grands groupes industriels, décision avalisée partiellement pour quelques SGP en ce mois de septembre 2014. Par ailleurs, l'on assiste à des surcoûts exorbitants du fait de la faiblesse d'une planification stratégique à moyen et long terme surtout depuis la mise sur le marché d'importants moyens financiers, plus de 630 milliards de dollars ? budget de fonctionnement et d'équipement entre 2000-2013 avec une recette d'exportation de plus de 700 milliards de dollars (98% provenant de Sonatrach) et des importations en devises dépassant les 500 milliards de dollars. Nous avons assisté à des anomalies observées dans le processus budgétaire et des goulets d'étranglement institutionnels, qui ont systématiquement entraîné une mauvaise exécution des programmes d'investissement. Toutes ces insuffisances ont abouti à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l'exécution des projets. Parmi les carences importantes observées, on peut citer : l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l'absence d'interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d'investissement et le budget de fonctionnement (récurrent), des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d'investissement approuvés et les budgets exécutés, et des longs retards et des surcoûts pendant l'exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d'exécution des organismes d'exécution, traduisant le divorce croissant entre les moyens de réalisation et les objectifs. Le FMI et la Banque mondiale considèrent que le système de gestion ne correspond pas aux normes internationales et que la performance de l'Algérie est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l'exécution du budget, de l'établissement de rapports et de la passation des marchés, notamment par la qualité faible des projets et de graves carences institutionnelles. Sixièmement, il faut revoir le fonctionnement du dispositif actuel de l'investissement ainsi que la règle des 51/49% devant distinguer avec clarté, ce qui est stratégique de ce qui ne l'est pas, l'Algérie supportant tous les surcoûts, et de surcroît, cela n'a pas donné de résultat probant. En 2014, les exportations relevant à 97-98% du secteur des hydrocarbures et à 70% des besoins des entreprises, dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% en input, relevant de l'importation. Les agences étatiques créées au début des années 2000, à l'effet de donner de nouveaux ressorts à l'industrie nationale (Andi, Ansej), se confinent malheureusement dans un simple rôle d'enregistrement des intentions d'investir et de tenue de statistiques sur des projets, lesquels, dans la majorité des cas, ne dépasseront pas le stade de la déclaration d'intention. L'Agence nationale pour le développement de l'investissement (Andi) et le Conseil national de l'investissement (CNI), créés quelques années plus tard dans le but de promouvoir les gros investissements, ne feront guère mieux. A bien des égards, le CNI se comportera beaucoup plus comme un prédateur d'investissements qu'un facilitateur. Le nombre de projets d'envergure qui ont sombré dans le trou noir de cette institution est considérable. Le montant global des investissements en attente d'autorisation dépasserait allègrement les 15 milliards de dollars, selon les estimations du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Le même problème se pose pour les investissements que devaient promouvoir des entreprises publiques, soumises au visa préalable du Conseil des participations de l'Etat (CPE). Là aussi, ce sont des dizaines de projets que souhaitaient réaliser des entreprises publiques (EPE), seules ou en partenariat avec des opérateurs privés algériens ou étrangers, qui végètent, pour certains, depuis des années. C'est pourquoi un assouplissement des procédures passant par une débureaucratisation réelle, bureaucratisation qui enfante la sphère informelle et la corruption, loin de tout discours, s'avère une urgence. Septièmement, l'objectif stratégique est de réhabiliter l'entreprise, qu'elle soit publique, privée ou étrangère, en adaptant les règles aux normes internationales et son fondement, le savoir, sur une économie de plus en plus mondialisée. Cela doit s'inscrire dans des stratégies pour segments de filières internationalisées afin de créer une économie productive à forte valeur ajoutée, ne devant pas, en ce XXIe siècle, du fait des nouvelles technologies, avoir une vision matérielle, l'industrie se combinant avec les services. La recherche tant théorique qu'appliquée, avec un équilibre entre les sciences exactes et les sciences humaines, est fondamentale pour impulser de nouvelles filières industrielles. Pour paraphraser le langage militaire qui différencie tactique et stratégie, le gouvernement, et c'est sa mission essentielle, se doit d'avoir une vision stratégique et non d'agir sur la conjoncture à partir d'une tactique. Des actions coordonnées et synchronisées dans le temps exigeront le courage de réformer vite et massivement, non des replâtrages conjoncturels différant les problèmes dans le temps, mais de profondes réformes structurelles, passant par une réhabilitation de la planification et un management stratégique. (A suivre)




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