Privilèges (I)

Etre privilégié. Un statut ' Une fatalité ' Un droit ' Un devoir ' Une vocation ' Beaucoup porte à croire que, selon les situations, l'homme est parfois privilégié. Cela se conçoit relativement. Toutefois, certains, une minorité, semble nés de cette «race caviar».
Ce qui veut dire que dès leur naissance, ils trouvent déjà une montagne de privilèges à leurs portes. Dans cet ordre, dès la maternelle le p'tit «P» est scolarisé dans une école très cotée. Arrivé au lycée, le p'tit «P» doit être scolarisé dans un lycée de renom et à l'étranger. Pour ce qui est des frais de scolarisation, c'est bien sûr le malheureux «SDF» du coin qui va «s'en charger». En clair, les petits frais de scolarisation varient d'un pays à l'autre. A titre d'exemple, 5 500 euros l'année à Tokyo, 6 500 à Londres, 15 000 à New York et 17 000 euros -le record- à San Francisco. Au diable l'avarice ! Un cadeau sympa, non ' Alors si les «SDF» protestent, on leur rétorquera : «J'aurais pu commencer par la gratuité à la maternelle, mais j'ai voulu commencer par l'année la plus chère pour que vous puissiez constater la générosité des pouvoirs publics.» Encore merci ! Mais générosité pour qui ' A Londres, l'une des familles concernées par ce généreux cadeau déclare plus de 2 millions d'euros de revenus annuels. Et deux autres gagnent plus d'un million. Et le p'tit «P», alors, qu'est-ce qu'il vient faire dans tout ça ' Son père lui réserve déjà ce grand fauteuil dans une grande entreprise. Et ce n'est pas un «privilège», simple logique ! Le chéquier est là et la poire ne se coupe qu'en deux ! Gratuité partielle, des p'tits SDF entassés dans des classes à 45 «unités», alors que le p'tit «P» jouit de ses «privilèges innés». Son père, grand «P», fort en déclarations, ne cessera jamais de marteler «je tiens beaucoup à la gratuité». Beau slogan de campagne, mais il faut creuser cette «gratuité» pour savoir à qui elle profite finalement. Aves les distorsions sémantiques qu'elle pourrait subir, sa connotation peut être «privilégiée» par un «G». C'est d'ailleurs ce dont jouirait le p'tit «P». Quand au petit «SDF», il se contentera d'un «g» minuscule, simple nom commun. Dans cette névrose obsessionnelle, n'oublions pas qu'au pays des lumières, d'ailleurs c'est là que l'histoire se passe, il y a d'autres situations qui frisent le tragicomique. Dans ce contexte, je citerai deux histoires. Un soir, trois SDF ont été arrêtés lors d'une récupération de nourriture dans les poubelles d'un supermarché. Le déroulement de cette arrestation est digne d'un polar raté : braquage, demande de se coucher au sol, plaquage sur les capots des voitures, menottes, provocation' Elle s'est suivie d'une garde à vue, la soustraction de nourriture dans les poubelles étant considérée exactement au même titre qu'un vol. (Suivra)