Algérie

Privatisation des entreprises : Crainte du bradage



La question de la privatisation des entreprises soulevée par les trois partenaires de la tripartite : gouvernement, UGTA et patronat, lors de la signature de la charte de partenariat entre les secteurs privé et public, suscite des interrogations et surtout une incompréhension.Le RCD dirigé par Mohcine Belabbas n'est pas contre la privatisation «des entreprises déficitaires», mais s'oppose à la «privatisation de cooptation». «On ne gère pas une entreprise comme on gère une épicerie», tranche le député Ouamar Saoudi du RCD.
Pour cette formation politique, l'apport argent est nécessaire pour la privatisation d'une entreprise mais le savoir-faire, la compétence et la technologie demeurent l'élément le plus important. «Si l'on ramène des copains pour les introduire dans le capital social des entreprises publiques, cette opération est vouée d'avance à l'échec. Nous ne sommes pas pour que l'administration choisisse des entreprises et des investisseurs qui entrent dans le capital d'une entreprise, la sélection doit se faire dans la transparence et selon des critères précis», avertit Saoudi.
Le RCD rappelle les propos du chef de l'Exécutif tenus devant les députés lors de la présentation du plan d'action du gouvernement. Ahmed Ouyahia n'a jamais fait allusion à la question de la privatisation des entreprises, ce qui démontre, d'après le RCD, que l'Exécutif fait dans l'improvisation et ne donne aucun crédit à un Parlement croupion. «Le plan d'action du gouvernement contient tellement de généralités, ni chiffre ni date, que le gouvernement fait aujourd'hui ce qu'il veut. Nous lui avons même posé la question sur le sort des entreprises déficitaires, il a répondu que le pouvoir ne les lâchera pas», affirme Saoudi. Pour le RCD, l'Etat aurait dû penser, il y a longtemps, à ouvrir le capital mais de manière réfléchie et non de manière anarchique.
Pour sa part, Soufiane Djilali de Jil Jadid pense que le gouvernement prend dans l'urgence des mesures visant à distribuer à ses copains le reste du patrimoine national. «Le gouvernement n'en est pas à sa première, il l'a déjà fait et veut le refaire», soutient Soufiane Djilali. Comme le RCD, Jil Jadid ne remet pas en cause le principe de la privatisation, mais doute des voies utilisées. «Nous savons tous que la valeur réelle des entreprises, qui vont être cédées à bas prix, sera perdue par le pays et sera mise dans les poches des nouveaux riches et nouveaux maîtres du pays», dénonce Soufiane Djilali, qui rappelle que les fleurons des entreprises ont été offerts dans les années 1970 gratuitement aux amis et aujourd'hui le scénario se répète. Pour lui, il aurait fallu discuter la question de la privatisation en public avec l'ensemble des acteurs et à base de critères d'évaluation et ensuite vendre dans la transparence aux prix de la Bourse. «Cette opération telle que conçue par le gouvernement s'apparente à un vol déguisé», accuse Soufiane Djilali.
Louisa Hanoune du Parti des travailleurs (PT) a toujours affiché son opposition au dossier de la privatisation et elle l'a réitérée cette fois encore. Pour elle, la réunion (gouvernement, UGTA, FCE) a été convoquée dans l'unique but de légaliser la prédation, que ce soit à l'échelle nationale ou internationale, et ce, au nom d'un partenariat public-privé qui était prévu dans le code d'investissement de 2016. Le PT considère ce partenariat comme étant antinational et assimile l'ouverture du capital des entreprises publiques à une privatisation qui bradera le patrimoine industriel, lequel relève de la propriété de la collectivité nationale. D'ailleurs, elle s'appuie sur l'article 19 de la Constitution qui justement évoque ce point en le considérant comme un droit inaliénable. Louisa Hanoune se demande si la question de la privatisation ne fait pas partie des crimes économiques.


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