Algérie

Prison romaine de Regina Coeli (Italie) : Décès d'un jeune détenu algérien



Zakaria Brifi avait seulement vingt ans. Arrêté et incarcéré dans la prison romaine de Regina Coeli, il a trouvé la mort douze heures après son enfermement dans une cellule de la septième section du pénitencierl Le garant des droits des détenus a demandé que les circonstances de la mort du jeune Algérien soient élucidées. Rome. De notre correspondante Zakaria est la seizième victime déplorée dans les prisons de la région du Latium (Rome) pour la seule année 2008. Arrêté mardi soir par la police romaine qui affirme l'avoir interpellé en flagrant délit de vol, il a été conduit, quelques heures plus tard, en prison, malgré son état physique et mental très altéré. Les gardiens de la prison affirment qu'il se trouvait dans un état confusionnel et ne semblait pas bien se porter. Présenté au psychiatre du centre pénitentiaire, on lui administra de la méthadone avant de le renvoyer dans sa cellule. Vers dix-sept heures, le repas du soir a été servi aux détenus, et une heure après, lorsque l'agent de garde a procédé à l'appel général, Zakaria n'a pas répondu. Suspectant le pire, les agents ont ouvert la cellule du malheureux, découvrant son corps inanimé sur le lit, occupé juste quelques heures par la victime. Les associations des droits des détenus tirent la sonnette d'alarme suite à cet énième décès d'un détenu survenu dans une prison romaine. Au cours de cette année, 15 détenus et un gardien sont morts dans les établissements carcéraux de la capitale, 6 par suicide, 4 suite aux complications de leur maladie, et les autres font encore l'objet d'une enquête pour remonter à la cause. Angiolo Marroni, le garant régional des droits des détenus, a exprimé sa préoccupation et s'est dit stupéfait de la mort d'un détenu aussi jeune : « Dans le cas de Zakaria, il y a des circonstances à éclaircir. Je me demande si en présence d'un jeune qui arrive en prison dans l'état pitoyable qui m'a été décrit, tout a été fait du point de vue médical, et dès son arrivée. » Les derniers suicides qui s'ajoutent aux tristes statistiques relatives au milieu carcéral préoccupent les militants des droits de l'homme en Italie et la visite du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire tombe à point nommé.En effet, les experts de cette commission internationale rattachée au Conseil des droits de l'homme des Nations unies a effectué, du 3 au 14 novembre, une série d'inspections dans les prisons et centres de détention et de rétention des immigrés (Rome, Naples, Caltanissetta...). Les envoyés de l'ONU ont eu accès également aux cellules des casernes de carabiniers, de la police et aux hôpitaux psychiatriques. Cette initiative du groupe d'experts indépendants fait suite à une invitation du gouvernement italien, et récemment elle s'est déroulée dans d'autres pays (Mauritanie, Angola, Colombie, Norvège et Ukraine). Institué en 1991 par l'ancienne Commission des droits de l'homme de l'ONU, ce groupe rédige un rapport sur la situation des détenus et dénonce les cas de détention arbitraire. Les conclusions tirées lors de la mission des experts en Italie ont été présentées au public, vendredi à Rome, lors d'une conférence de presse animée par le rapporteur russe, Aslan Abashide. Les situations les plus dénoncées sont celles vécues, justement, par les immigrés en situation irrégulière. Les centres de rétention condamnent à la réclusion de personnes qui n'ont commis pourtant aucun délit, y compris les demandeurs d'asile politique. La durée trop longue, trente jours souvent prolongée par un mois supplémentaire de la rétention qui précède l'expulsion, est jugée excessive, même si les nouvelles normes européennes ont porté cette période jusqu'à 18 mois de détention de fait. Les experts déplorent également la facilité avec laquelle les autorités italiennes procèdent à l'expulsion des immigrés sans papiers, y compris vers des pays qui pratiquent la torture, ce qui représente une flagrante violation des conventions pour le respect des droits de l'homme signées par l'Etat italien. Le groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire présentera son rapport à Genève durant la session de la mi-novembre du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.


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