La présidente d'Amnesty international France (AIF), Geneviève Garrigos, a affirmé mardi à Paris que la guerre globale contre le terrorisme menée par les Etats-Unis n'a été qu'un alibi pour permettre des violations des droits humains dont la prison de Guantanamo demeure la partie "la plus visible" de l'Iceberg.
"Au fil du temps, on a découvert, derrière ce concept de guerre globale contre le terrorisme, un vaste réseau de centres de détention, de transferts de prisonniers sans procès aucun, des sites noirs sur les cinq continents, et qui a fait que 70 000 personnes ont été détenues en toute illégalité, sans procès et de façon totalement arbitraire,
et Guantanamo a été la partie la plus visible de l'Iceberg", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, tenue à l'occasion du 10 anniversaire de l'ouverture de ce centre de détention.
Pour la militante des droits de l'homme, ce centre, qui demeure ouvert en dépit de la promesse en 2009 du président américain Barack Obama de le fermer, a permis à des "dictateurs et aux systèmes autocratiques ralliés à la guerre mondiale contre le terrorisme, menée par les Etats-Unis, au mieux de renforcer leur législation sécuritaire, au pire, à définir des lois qui leur ont permis d'arrêter arbitrairement et torturer leurs opposants, les défenseurs des droits humains, des journalistes".
Elle a rappelé que 171 personnes sont toujours détenues dans cette prison à ciel ouvert et que 48 y seraient "gardés indéfiniment" sans inculpation ni procès.
La responsable de la coordination Etats-Unis-AIF, Nathalie Berger, a fustigé, de son côté, l'approche des administrations Bush et Obama concernant la prison de Guantanamo, soulignant que pour l'une et l'autre l'argumentaire est identique : le monde entier est un champ de bataille et les Etats-Unis sont engagés dans une guerre totale dans lesquelles les droits humains n'ont pas leur raison d'être...
Pour elle, la justice américaine est "manipulée par le Gouvernement" à qui il appartient de juger si un détenu doit être traduit devant un tribunal fédéral ou dans une autre juridiction compétente.
Faisant la présentation d'un rapport d'AI, publié à cette occasion, Mme Berger a appelé le gouvernement américain à fermer Guantanamo en traduisant les détenus devant des cours de justice "impartiales" et "indépendantes" ou en les relâchant si aucune charge ne peut être retenue contre eux. Elle a, à cet effet, critiqué le "double langage" des Etats-Unis qui,
tout en déclarant certains détenus libérables, refuse toujours de les libérer sur "son sol", attendant que des pays tiers les prennent en charge. L'ONG demande au gouvernement américain de s'assurer que tous les transferts de détenus vers une prison ou un autre pays se fassent en "respectant le droit international",
et de conduire des investigations criminelles "indépendantes" sur les actes commis par ceux agissant pour ou au nom des Etats-Unis en particulier sur la torture et les disparitions forcées. Dans la matinée, des militants d'Amnesty international France avaient drapé d'une bâche orange la réplique de la statue de la Liberté située sous le pont de
Grenelle à Paris, pour réclamer la fermeture de la prison de Guantanamo.
Plusieurs membres de l'association de défense des droits de l'Homme avaient revêtu la combinaison orange des détenus de la prison controversée et une cagoule noire, posant au dos de la statue devant une pancarte proclamant: "Guantanamo, dix ans, assez!".
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Posté Le : 10/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com