Algérie

Pris au dépourvu, les citoyens pénalisés



"Non seulement ils n'ont pas le droit de nous prendre au dépourvu mais ils doivent être à leur poste de travail. Ce n'est plus une grève c'est un abandon de poste", fulmine un citoyen devant la poste de la rue de la Liberté à Alger.La grève inopinée dans les bureaux de poste, déclenchée avant-hier à Alger, s'est vite propagée hier à Béjaïa. En effet, tous les bureaux de poste de la wilaya de Béjaïa ont été paralysés par cette grève inédite. La population de la région s'est réveillée surprise de constater les portes des postes fermées en ce premier jour du mois de Ramadhan.
"Non seulement ils n'ont pas le droit de nous prendre au dépourvu mais ils doivent être à leur poste de travail. Ce n'est plus une grève c'est un abandon de poste", fulmine un citoyen devant la poste de la rue de la Liberté.
Surpris par le mouvement de grève, les clients d'Algérie Poste n'ont d'autres choix que de se rabattre sur les DAB (distributeurs automatiques de billets) pour retirer leur argent. "C'est une grève nationale. Pour nos clients, ils peuvent faire des retraits sur les DAB qui sont alimentés en billets dès qu'un manque de liquidité est signalé", rassure M. Tarik Loudni, directeur d'Algérie Poste à Béjaïa.
Le coordinateur de wilaya du Syndicat national autonome des postiers (Snap) de la wilaya de Béjaïa, Younes Amar, a apporté son soutien aux travailleurs grévistes. "Le Snap de Béjaïa soutient la grève des postiers", lance-t-il, avant de dénoncer "le silence assourdissant de leur ministre sur leurs revendications légitimes maintes fois soulevées par notre syndicat".
"Nous sommes le seul syndicat actif dans le secteur mais notre ministre ainsi que ses prédécesseurs ont toujours refusé d'ouvrir les négociations avec notre syndicat. Et voilà les conséquences aujourd'hui. Les travailleurs en ont le ras-le-bol", déplore M. Younes qui désigne le ministre de tutelle comme seul responsable des conséquences qui découleront de cette grève.
À Tizi Ouzou, la majorité des bureaux de poste de la wilaya ont été paralysés hier, pour la deuxième journée consécutive, par le mouvement de grève des travailleurs d'Algérie Poste.
Hier matin, devant l'entrée principale de la poste Chikhi-Amar, située à proximité du siège de la wilaya, seuls les citoyens détenteurs d'une carte magnétique pouvaient utiliser le distributeur implanté à l'extérieur de cet établissement, pour retirer de l'argent alors que les autres citoyens, devant la porte fermée de la poste, ne savaient plus quoi faire.
"Nous sommes livrés à nous-mêmes d'autant plus que ce cette grève coïncide avec le premier jour du mois de carême", a lâché un citoyen rencontré sur place. "Aucun préavis de grève n'a été affiché au préalable afin de permettre aux citoyens de prendre leurs dispositions", a-t-il ajouté.
"Je suis venu retirer de l'argent mais, à ma grande surprise, le bureau de poste était fermé", a affirmé un autre citoyen en colère et dépité par cette situation. "J'avais prévu toute une liste d'achats pour la journée mais là, je vais retourner bredouille chez-moi", a-t-il encore regretté. Même scène de désolation à la poste du centre-ville où même les deux GAB, implantés à l'extérieur, ne sont pas fonctionnels. "C'est vraiment regrettable ce qui se passe", a asséné une vieille dame, déçue.
Manque de liquidité plus la grève
"C'est tous les bureaux de poste de la wilaya qui sont paralysés par la grève", a précisé une source à Algérie Poste de Tizi Ouzou, tout en ajoutant que seuls les distributeurs, GAB, restent fonctionnels car ils sont alimentés automatiquement par les receveurs. Quant aux causes du débrayage des travailleurs, notre source a précisé qu'il s'agit de doléances socioprofessionnelles restées à la traîne depuis des années.
De nombreux clients d'Algérie Poste de Bordj Bou-Arréridj, ont fait les frais, hier, d'un arrêt de travail imprévu dans tous les bureaux de la wilaya. Cette grève qui n'a pas été précédée d'un préavis, a suscité un vent de colère chez des citoyens qui n'ont pas pu retirer leur argent en ce premier jour du Ramadhan. "Hier, à Bordj Bou-Arréridj, les bureaux de poste ont travaillé normalement. C'est en arrivant au bureau de poste qu'on m'a informé que les travailleurs étaient en grève", s'est offusqué un client d'Algérie Poste.
Pour les travailleurs, cette grève n'est pas dirigée contre le client. "La preuve, nous avons travaillé hier pour permettre aux clients de retirer leur argent avant le Ramadhan", s'est défendu un des employés du bureau Essaâda, dans le quartier 12-Hectares de Bordj Bou-Arréridj. "C'est une grève pour faire valoir des revendications socioprofessionnelles", a-t-il soutenu.
La grève dans le secteur de la poste a été partiellement suivie à Jijel. Il reste qu'elle a fait mal aux clients d'Algérie Poste, notamment les usagers des CCP, qui peinent toujours à retirer leur argent. "Avec ce manque d'argent au niveau des bureaux de poste qui dure dans le temps, voilà que la grève nous pose un autre problème, à savoir l'impossibilité d'effectuer des retraits", se sont indignés des citoyens devant des bureaux de poste paralysés par ce mouvement.
Selon des estimations recueillies auprès de certaines sources, le taux d'adhésion à cette grève a été de l'ordre de 44%. Au total, ce sont 38 bureaux sur les 59 que compte le secteur postal à Jijel qui ont été touchés par ce débrayage. Au chef-lieu de wilaya, la grève a été suivie dans la plupart des bureaux, plongeant les citoyens qui voulaient effecteur leur retrait d'argent pour le Ramadhan dans le désarroi.
Se rabattre sur les distributeurs automatiques des agences bancaires est la seule option qui reste à ces infortunés titulaires de comptes courants postaux. Mais faudrait-il encore que ces distributeurs soient alimentés en liquidités, notamment avec cette crise qui persiste. C'est le cas à El-Milia, la deuxième grande agglomération de la wilaya, frappée de plein fouet par cette crise. À la place Bounnah-Belkacem, la principale agence postale est restée sans la moindre activité.
À l'intérieur, des usagers des services postaux, notamment ceux espérant effectuer des retraits de leur CCP, attendent impatiemment un hypothétique retour au travail des préposés au guichet. Le comble est que ce mouvement a coïncidé avec le début de virement de la prime Covid-19 au profit des personnels du secteur de la santé. "On l'a attendue depuis de longs mois, mais voilà qu'on ne peut pas retirer notre prime", se désolent des employés de ce secteur devant des bureaux de poste en grève.

L. OUBIRA/K. TIGHILT/C. BOUARISSA/AMOR Z.


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