Algérie

Priorité aux cinéastes qui «s'interrogent» sur leurs sociétés


Priorité aux cinéastes qui «s'interrogent» sur leurs sociétés
Les dixièmes rencontres cinématographiques de Béjaïa auront lieu cette année du 9 au 15 juin. Organisées par l’Association Project’Heurts, cette manifestation reviendra à la Cinémathèque de Béjaïa après quatre ans d’éloignement en raison des travaux de rénovation. «Nous travaillons sur la programmation depuis novembre 2011. Les dates de présélection  sont arrêtées au 2 avril 2012. Nous avons créé un site Internet, où les cinéastes peuvent inscrire leurs films, qu’ils soient algériens, africains, européens ou autres. Nous voulons proposer des courts et longs métrages qui parlent aux spectateurs, des films qui interrogent la société à travers le regard du metteur en scène. L’interrogation peut se faire à différents niveaux. Nous sommes ouverts à toutes les propositions ou nationalités. Nous avons déjà reçu entre 100 et 150 films», a annoncé, hier, Samir Ardjoum, directeur artistique des Rencontres cinématographiques de Béjaïa, lors d’un point de presse à la Cinémathèque d’Alger. Des rencontres qualifiées de «plate-forme» d’échanges sur le septième art. «Nous avons reçu beaucoup de propositions sur des films traitant des révolutions arabes. On ne va pas prendre le tout. On sélectionnera les films qui sont issus d’une subjectivité. La création est une forme de subjectivité aiguë. On peut aimer ou ne pas aimer. On questionne une subjectivité, pas une propagande ou un discours», a indiqué, pour sa part, Abdenour Hochiche, président de l’Association Project’Heurts. Les organisateurs ont reçu des documentaires surtout des pays du Maghreb. «Il y a plus de reportages que de documentaires. Il faut s’interroger sur les raisons de l’utilisation du documentaire au lieu de la fiction pour exprimer certaines idées», a estimé Samir Ardjoum. Il n’y aura pas de programmation particulière pour la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. «Si on reçoit des films faits dans ce cadre, on va en discuter, et s’ils font partie de notre ligne éditoriale, on les programme», a souligné Abdenour Hochiche. Les stars du grand écran ne seront pas au rendez-vous à Béjaïa. D’après Samir Ardjoum, les célébrités sont d’abord les réalisateurs de films dont la présence aux Rencontres est souhaitées, y compris par le public. «On ne ramène pas quelqu’un de connu pour créer la cohue, l’événement, sans qu’il ait un prétexte valable. Toute présence est justifiée par un acte cinématographique qui réponde à notre identité de rencontres», a expliqué Abdenour Hochiche. Cette tendance anti-paillettes ne signifie pas, d’après lui, que les rencontres de Béjaïa célèbrent le cinéma à portée intellectuelle. «Le cinéma intellectuel n’existe pas. L’objet même d’une œuvre artistique est de perturber et de susciter la réflexion», a affirmé Samir Ardjoum. Abdenour Hochiche précisera qu’un choix limité sera fait des films en raison de l’inexistence de salles de projection à Béjaïa en nombre suffisant. Au programme des dixièmes rencontres, figure aussi une rétrospective sur la filmographie d’un cinéaste. «Nous avons une piste sérieuse, mais nous ne pouvons pas dévoiler le nom de ce cinéaste pour l’instant. Dans les matinées, il est prévu des ciné-cafés sur les films projetés la veille. Des tables rondes sont également prévues», a-t-il ajouté. Les organisateurs envisagent d’ajouter aux activités des Rencontres des ateliers de réécriture de scénarii de courts métrages intitulés «Côté court». Selon Samir Ardjoum, la soirée de clôture des dixièmes rencontres sera particulière, avec une association entre le cinéma et les autres formes artistiques.  Project’Heurts, qui existe depuis 2003, est animée par des jeunes activant dans le domaine culturel. «Au début, on voulait reprendre le ciné-club et débattre des films. Avec l’association Kayna Cinéma, nous avons décidé d’organiser les rencontres cinématographiques de Béjaïa. Les premières du genre ont eu lieu en juillet 2003. Depuis, on s’est lancé dans cette aventure surtout que l’événement est porté par des associations qui manquent de moyens. Il faut se battre pour avoir des financements. Nous sommes tributaires des subventions. Nous sommes accompagnés depuis des années par la commune de Béjaïa», a-t-il dit. Selon lui, le retard dans la mise en application des textes d’exécution de la nouvelle loi sur les associations va bloquer l’octroi des subventions cette année. Arriver à une dixième édition est, pour lui, assez exceptionnel pour une association. Il reste convaincu qu’après cinq éditions, un festival tient déjà sur ses deux pieds. «La pérennité de cette manifestation tient aussi du soutien du public et de la génération qui a commencé à s’intéresser au cinéma à partir des années 2000. Tout cela nous a permis de continuer. Quand on tient dix ans, cela veut dire que le bilan est satisfaisant et que le retour l’est aussi. Même si l’environnement qui entoure la manifestation n’est pas toujours au niveau qu’il devrait être», a déclaré Abdenour Hochiche.

 
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