Algérie

Printemps des poètes



Printemps des poètes
Evocation ? L'algérianité de Jean Sénac a fait l'objet d'un débat, jeudi, lors d'une rencontre à l'Institut culturel français d'Alger, et ce, dans le cadre du rendez-vous annuel, «Le Printemps des poètes».Une manifestation qui, prenant fin demain, est consacrée à ce poète, aussi bien engagé dans les réalités de son temps que rebelle, réfractaire à l'uniformisme culturel et identitaire. En effet, le «Printemps des poètes» rend, depuis une semaine, un hommage à Jean Sénac, ce poète à la fois aimé et maudit, qui, tout au long de sa vie, et ce, jusqu'à son assassinat en 1973, et à travers ses écrits, ne cessait d'affirmer son appartenance à l'Algérie, cette terre qu'il déclamait et sur laquelle il avait choisi de rester?: il s'y est voué corps et âme.Lors de cette rencontre, Hamid Nacer Khodja a, dans son intervention, rappelé?: «L'algérianité de Sénac a été très douloureuse sur tous les plans. Il n'a pas connu son père d'où cette recherche d'une identité d'abord biologique puis nationale et citoyenne.»Selon l'intervenant, Jean Sénac, qui se sentait Algérien, Français d'Algérie, a connu la vérité du visage arabe, à partir de 1954, grâce à Jules Roi. Cela l'a conduit à fréquenter le PPA dont Larbi Ben M'hidi. Il prenait conscience de la réalité coloniale, d'où ses poèmes Matinales de mon peuple où il évoque son désir de souffrir comme lui... C'est donc à partir de là que Jean Sénac a revendiqué son algérianité, donc son appartenance à cette terre qu'il ne cessait de déclamer. «Sénac disait qu'il se sentait tout à fait Algérien», a dit Hamid Nacer Khodja, et de renchérir?: «C'est vraiment paradoxal qu'un Algérien d'origine européenne fasse une si belle déclaration d'amour à l'Algérie.» Jean Sénac plaidait pour une Algérie plurielle, une terre mosaïque, avec toutes ses histoires et ses identités, sans distinction quelconque ou la moindre exclusion, il plaidait pour une Algérie pluriculturelle. Mais l'esprit politique régnant à l'époque, au lendemain de l'indépendance et durant les années qui l'ont suivie ne l'entendait pas de cette oreille. C'est ainsi que Jean Sénac, ce grand poète de la littérature algérienne d'expression française, s'est, lui, refusé l'octroi de la nationalité algérienne. D'où ses rapports tourmentés et passionnés avec son algérianité. Jean Sénac se révélait alors un personnage complexe, voire incompris. Et cette incompréhension avait fait de lui un homme tourmenté, déchiré.Malgré ce refus, Jean Sénac, ce rebelle par essence, estimait qu'il était Algérien et qu'il n'avait pas besoin d'un quelconque document pour prouver son appartenance à l'Algérie. «Il disait de toute façon je suis Algérien», a déclaré Hamid Nacer Khodja. Cela a fait que Jean Sénac se révèle, au vu de tous, comme un réfractaire, un marginal. «Cette vie de réfractaire et marginal, il ne l'a pas voulue en fait, même s'il avait une conception très romantique du poète», a souligné Hamid Nacer Khodja, et de poursuivre?: «Le drame surtout pour lui est sa nationalité bien qu'il s'en fichât un peu. Il n'a pas supporté surtout d'être rejeté de la radio. En faisant cela, on l'a jeté dans la misère assurée. Il a été un pique-assiette. Un vrai poète maudit au sens où l'entendait Verlaine.» Jusque-là Jean Sénac, qui avait connu une vie tumultueuse, reste un poète occulté, marginalisé. Son ?uvre, aussi bien ample que diverse, a connu en Algérie une destinée à sa juste valeur. C'est une ?uvre qui reste méconnue, insoupçonnée. On estime que Jean Sénac, qui avait rejoint, autant par conviction que par attachement, la cause algérienne, militant ainsi pour l'indépendance de l'Algérie, est le seul auteur francophone d'une telle envergure qui dort à la Bibliothèque nationale d'Algérie.




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