Algérie

Printemps arabe : L'Algérie réaffirme son opposition à l'intervention étrangère



Le Printemps arabe a ses limites et ne saurait être un alibi pour l'intervention de puissances étrangères dans les affaires des pays, notamment arabes, au nom de la démocratie. C'est ce qu'a déclaré, hier, à Doha, le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, qui a rappelé, devant un parterre de personnalités politiques et de responsables européens et arabes, que l'Algérie reste, fermement, attachée au principe de non ingérence dans les affaires d'autrui. «L'Algérie, de par son histoire, est contre l'intervention étrangère», a-t-il dit lors de la seconde journée des travaux du 12ème forum de Doha et de la Conférence sur l'amélioration économique des pays du Moyen-Orient. «Notre pays, pour des raisons différentes, a sa propre évaluation de ces interventions (étrangères), qui peuvent être porteuses à court terme de solutions et, à long terme, de problèmes», a t-il souligné. Il est clair que pour l'Algérie, les interventions étrangères durant le printemps arabe, et particulièrement militaires en Libye, ont, irrémédiablement, changé le cours de l'histoire de ces pays. Si, en Tunisie et en Egypte, les occidentaux se sont limités à soutenir politiquement les révolutionnaires, le cas de la Libye est différent, puisque, sous couvert d'une autorisation de l'ONU, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Otan et des pays arabes sont intervenus militairement pour soutenir l'opposition, et même faire la guerre au régime en place. L'Algérie avait, à ce moment là, refusé catégoriquement le fait accompli, et affiché devant l'opinion publique internationale et les révolutionanires libyens son opposition à cette intervention militaire. Et l'Algérie l'a même réitéré dans le cas de la Syrie, dont le régime actuel, même s'il est en train de réprimer, durement, l'opposition et ne veut pas quitter le pouvoir commme le pressent les «démocraties» occidentales. Le refus d'Alger à toute intervention étrangère dans les affaires des pays souverains exprimé à Doha prend en fait tout son poids dans un pays qui milite toujours pour une intervention militaire en Syrie en guise de soutien à l'opposition. Et la déclaration du ministre algérien prend tout son sens lorsqu'il estime que ces interventions étrangères sont porteuses «à long terme, de problèmes». Faut-il là, également, revenir que ce qui se passe en Libye où, après la chute du régime Kdhafi et le retrait des forces de l'Otan, le pays est, aujourd'hui, en proie à des conflits armés tribaux, et de lutte de pouvoir entre seigneurs de la guerre, menaçant ainsi une si fragile «libération» de tout un peuple ' En fait, estime M. Medelci, «la communauté internationale doit s'auto- évaluer sur les interventions qu'elle a déjà effectuées». «L'exigence de transparence des affaires internes des pays doit s'accompagner aujourd'hui de la transparence dans la gouvernance mondiale», a t-il poursuivi, relevant que»ceci nous ramène à la question du multilatéralisme et de la réforme de l'ONU pour lui permettre de trouver les solutions appropriées au moment opportun et non pas créer d'autres problèmes».
L'ALGERIE AUSSI A EU SON PRINTEMPS
Et puis, «l'Algérie a vécu son printemps depuis plus de vingt ans», et «compte parmi les pays qui mobilisent tous leurs efforts pour l'élargissement des espaces de liberté pour les citoyens», a rappelé M. Medelci.
Et il a également rappelé que l'Algérie,» forte de cette antériorité et de son expérience pionnière», est engagée, depuis une année, dans un «profond processus de réformes politiques, institutionnelles et économiques, qui constitue une avancée qualitative dans le parachèvement du processus démocratique». Les participants à ce Forum, qui ont examiné les défis du Printemps arabe, ont relevé au-delà des méfaits des régimes déchus (Tunisie, Egypte, Libye, Yémen) la nécessité d'assurer une période de transition «inclusive porteuse de stabilité et de relance économique, à la faveur de la mise en place de gouvernements légitimes». La position de l'Algérie sur cette question a été ainsi confortée puisque responsables politiques, officiels, et experts internationaux ont relevé que la construction démocratique «est une oeuvre de longue haleine, qui a besoin d'être accompagnée par les partenaires étrangers sans interventions dans les pays concernés».
Les travaux du 12ème Forum de Doha ont, également, porté sur les «changements politiques et les droits civils au Moyen-Orient», «l'économie et le commerce libre» et «la démocratie et les défis du printemps arabe». Les participants à ce Forum ont par ailleurs insisté sur le besoin d'indépendance de la société civile dans les pays du Moyen Orient, notamment. La politique «des deux poids deux mesures» pratiquée depuis longtemps dans le dossier palestinien par les puissances occidentales, si promptes à intervenir dans les affaires des pays de la région au nom de «la démocratie», a été également dénoncée. Enfin, les participants à ce Forum ont abordé les problèmes économiques et financiers des pays arabes, et les stratégies de développement économique de la région dont les pays n'ont pas besoin d'assistance, mais plutôt d'un véritable partenariat, estiment des représentants de pays arabes selon lesquels «la solution aux crises cycliques passe par une réforme du système financier international». Plus de 660 personnes représentant entre politiques, financiers, économistes, experts, présidents de fondations et d'ONG de 80 pays ont participé à ce Forum de Doha, qui se décline comme un pendant du Forum économique de Davos pour avoir cette caracétrisque de rassembler le monde des affaires et les grands décideurs politiques, économiques et financiers mondiaux.




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