Rencontre - «Le cinéma arabe après la révolution» a fait l'objet d'un débat, hier, à la cinémathèque d'Alger, dans le cadre des Journées cinématographiques d'Alger.
L'Egyptienne Nematallah Hussein Hassan, une critique de cinéma, a déclaré que les films qui ont été faits pendant la révolution en Egypte, relevaient de l'urgence, c'est-à-dire qu'il y avait un besoin de se saisir de la réalité sur le vif du sujet et de la consigner en image.
«C'était urgent pour les réalisateurs de filmer la révolution», a-t-elle dit, avant d'ajouter : «Il fallait le faire pour en garder un témoignage vivant et direct sur les événements de la place Tahrir.»
Selon elle, en Egypte, les réalisateurs avaient, et contrairement à d'autres pays à l'exemple de la Tunisie ou de la Syrie, plus de liberté d'approcher la révolution et d'en faire des films.
Toutefois, les films portant sur cette actualité sont des documentaires ou des reportages.
«Pour un long métrage (une fiction), il faut du temps, de la recherche pour reconstituer les faits historiques», a-t-elle indiqué.
De son côté, Karim Yaakoubi, réalisateur tunisien, a souligné : «La révolution tunisienne comprend deux périodes. La première, c'est celle d'avant la fuite du Président. Les gens filmaient les manifestations grâce à leurs portables. Le but était de faire des images et de les diffuser sur Internet. C'était pour alimenter les blogues et soutenir la révolution et la faire connaître dans le monde entier à travers les réseaux sociaux.»
Selon l'intervenant, ces films ont beaucoup aidé la révolution en contribuant à sa médiatisation et ont, du coup, contribué aux changements politiques.
«Il y a même eu des chaînes de télévision étrangères qui ont filmé la révolution, ce qui a donné une portée internationale et des proportions beaucoup plus grandes et importantes», a-t-il relevé.
«La deuxième période, poursuit Karim Yaakoubi, c'est celle après la chute du régime Ben Ali. On filmait sans autorisation, parce qu'il y avait un vide institutionnel : pas de ministères pour délivrer des autorisations aux journalistes de filmer. Il y avait une grande liberté d'aller dans la rue, avec la caméra, à la rencontre de la révolution. Ce qui a alimenté la première génération de réalisateurs qui se sont intéressés aux événements.» Mais après cela, les choses ont changé.
«La situation a, plus tard, beaucoup changé, notamment lorsqu'il y a eu de la manipulation d'images par les médias», a-t-il dit, et d'abonder : «Lorsqu'on voyait quelqu'un filmer, il était interpellé, voire arrêté par le peuple. Dans nombre de cas, on interdisait aux gens de filmer et cela par crainte de voir l'image détournée ou interprétée différemment pour des besoins notamment politiques
De son côté, la Syrienne Lama Tayara, critique de cinéma, a, dans son intervention, expliqué que la production de longs métrages dans les pays arabes, comme en Egypte par exemple, a reculé, laissant place aux films documentaires.
Elle a, en outre, précisé que «l'aspect politique l'a emporté sur le côté artistique ou encore sur le travail esthétique».
Pour le cas syrien, estime-t-elle, «les conditions en ce moment ne permettent pas de faire des films sur l'actualité», et d'indiquer : «Il y aura en revanche, dans l'avenir, des films sur la révolution en Syrie, puisqu'il y a certainement des gens qui filment en cachette. Cela sortira un jour.»
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Posté Le : 17/10/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com