Algérie

"Prime à l'enfance", ces fléaux qui menacent les générations futures



En ces temps où les théâtres, comme les autres lieux culturels, sont fermés pour des raisons sanitaires, une lueur surgit de l'obscurité et, comme une étoile filante, oriente les gens vers Ivry-sur-Seine, non loin de Paris, où se déroule un événement culturel. Le théâtre Hamma-Meliani, qui abrite également une école d'art dramatique, a accueilli samedi dernier une rencontre ? autorisée car qualifiée de professionnelle ? autour du livre collectif Prime à l'enfance, paru en ce mois de décembre 2020 chez les éditions Tangerine Nights.Ce recueil de 14 nouvelles est un hymne à l'enfance dans tous ses états. À celle qui connaît la joie de vivre, mais aussi ? et surtout ? aux enfants "qui ne possèdent pas les mots pour exprimer leurs souffrances". Le lecteur découvre des "textes si divers, venus de contrées éloignées les unes des autres et qui, néanmoins, se répondaient en écho". Les nouvelles ont été écrites, en effet, par des auteurs de différents horizons, d'Algérie comme Hamma Meliani, du Maroc avec Fatima Banaoui, de Madagascar sous la plume de Gilde Razafitsihadinoina, du Mexique avec Lirio Garduno-Buono, de France avec Josette Lendi et d'autres encore.
Tous les textes ont pour dénominateur commun l'enfance que chaque auteur a abordée avec son expérience, sa personnalité et sa sensibilité. La thématique de l'enfance, présentée à travers des exemples s'inspirant largement de la vraie vie, suscite du militantisme de la part des initiateurs du projet (l'éditeur et l'écrivaine Geneviève Buono), ainsi que des auteurs.
"Oui, l'internationalisme enfantin pourrait bien naître un jour... Puisse ce livre d'amour contribuer à faire avancer leur cause commune !" lit-on dans la présentation. Il est vrai que l'enfance est exposée, à travers le monde, à des obstacles qui s'opposent à son épanouissement, comme les guerres, l'exploitation, la misère et la malnutrition, l'analphabétisme, la délinquance...
Ces fléaux, comme le montre le recueil de nouvelles, touchent aussi bien des pays développés ou en voie de développement que les nations pauvres. Si, dans ces dernières, l'accès à la nourriture et à l'éducation est une priorité, dans les premiers, protéger les enfants de la délinquance (stupéfiants, violences
sociétales...) en est une autre. Fort heureusement, l'enfance est aussi l'âge de l'insouciance, de la joie de vivre et du bonheur de se sentir protégé par des parents attentionnés et des Etats sérieux qui ne lésinent pas sur les moyens pour assurer un bel avenir aux jeunes générations. Sous tous les cieux, la responsabilité des adultes et des pouvoirs publics est aussi d'aider les plus faibles à s'en sortir pour éviter que les souffrances des enfants "se traduisent par une inaptitude au bonheur, qu'ils reproduiront peut-être à leur tour".
Terrible perspective que des enfants conditionnés à être malheureux dans leur vie, avec toutes les conséquences imaginables. Après le constat, l'action. "Même si je n'avais pas, hélas, le pouvoir de régler tous les problèmes des enfants, les épauler a minima en leur donnant la parole était à ma portée, mais sous quelle forme '" s'interroge Geneviève Buono. La réponse lui est venue de ce recueil de 14 nouvelles qu'elle a elle-même coordonné. Seriana, Sara, Ifano, Arthur, Malika, Charlie, Emigdio, Olaf, Saci et les autres...
Quatorze histoires, quatorze enfances, autant de destins. Prime à l'enfance est un livre qui captive le lecteur, à la fois par la variété des histoires et des pays, que par la découverte de destins et de fortunes diverses d'enfants qui, somme toute, ne demandent qu'à vivre dans l'espérance et l'amour des autres.
ALI BEDRICI
Prime à l'enfance, recueil de nouvelles, éditions Tangerine Nights, 161 pages, décembre 2020.


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