Algérie

Prévention ou répression '



Les causes véritables n'ont pas été mises en avant, et les principaux responsables non évoqués : c'est ce que disent plusieurs assistants, rencontrés lors de la journée portes ouvertes sur le sujet.Nedjma Merabet - Alger (Le Soir) - Organisées par l'Assemblée populaire de wilaya avec la Direction de la jeunesse et des sports, en coordination avec l'Association Moustaqbal Echabab (l'Avenir des jeunes), la rencontre vient en opus de la caravane de sensibilisation lancée à la fin du moins d'octobre dernier.
Parmi les responsables présents, le représentant de la formation professionnelle au niveau de la wilaya rappelle qu'il y a près d'une centaine de centres de formation touchant tous les secteurs (santé, construction, industrie, artisanat, métiers ?) et qui pourraient accueillir les nombreux jeunes dépendants aux drogues, qu'il faut aider à la réinsertion.
Dans un style nettement plus «traitement de choc» que prévention efficace, certains en appellent à l'ouverture de centres psychiatriques pour jeunes, qui traiteraient aussi les maladies psychiatriques dues à la surconsommation de drogue. Il n'est pas concevable que des jeunes sains d'esprit puissent décider de partir sur une «flouka», sachant que, la veille, des gens sont morts de cette façon.
De l'empathie à l'emphase des expressions, en passant par l'observation objective, il ressort de cette rencontre un rattachement intéressant des divers fléaux sociaux, comme la radicalisation politique de certaines jeunes victimes des réseaux de trafic.
Le directeur de l'Action sociale de la wilaya d'Alger fait le lien direct entre les groupes armés et la dépendance à la drogue, mettant le doigt sur le point sensible du narco-terrorisme.
Il appelle l'école, la mosquée, les organisations de la société civile à apporter leur pierre dans la construction laborieuse d'une spiritualité plus approfondie, qui éloignerait l'enfant de la conception matérielle de la société actuelle.
La question de l'autorité découle tout naturellement de cet état de fait. L'enfant ne voit plus son père, sa mère, son enseignant comme l'autorité, et cela est aussi dû à la propagande et la publicité des médias dominants.
Automatiquement, une perte des repères s'opère, et les enfants s'identifieront aux membres de «gangs».
De son côté, un magistrat qui a longtemps côtoyé le dossier de la drogue nous assure qu'aujourd'hui, ce sont les enfants de 8 ou 9 ans qui sont les cibles des gros trafiquants qui prolifèrent plus que jamais, et jusqu'aux plus hautes sphères de décision politique, voire militaire. Une fois adolescents, la «récupération» est impossible, et leur vie détruite, nous assure-t-il.
Si la famille a été évoquée comme foyer causal du fléau de la drogue, certains intervenants, à l'instar d'un psychologue, ou de représentants de communes, se sont arrêtés à la nécessité de sensibiliser les parents, et au constat du statut de responsables de ces derniers.
A vrai dire, intervient une membre de l'APW en marge de la conférence, ce sont les causes profondes qu'il faut cibler et non les conséquences.
Le terreau qui permet la prolifération de la drogue, c'est un ensemble complexe allant des conditions sociales à celles familiales : la pauvreté, le chômage, les familles dites dissociées (enfants sans père), les problèmes de logement, c'est là qu'agit le commerce de la drogue qui prend ses victimes au berceau, nous dit la dame en connaissance de cause. Notre interlocutrice déplore profondément la disparition du métier d'assistante sociale, qu'elle a pratiqué elle-même.
C'est au début des années 1990 qu'a été abandonnée cette fonction pourtant vitale dans une société fragilisée.
N.?M.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)