Algérie

Pressions terribles sur le caricaturiste Djamel Ghanem



Pressions terribles sur le caricaturiste Djamel Ghanem
L'affaire de l'ex-caricaturiste de La Voix de l'Oranie, Djamel Ghanem, a pris de graves proportions. Son procès est prévu pour le 4 mars prochain, il encourt 18 mois de prison ferme assortie d'une amende de 30 000 DA. Lourde peine pour une caricature qui n'a jamais été publiée ni même terminée. Et ce n'est pas tout : jeudi dernier, Djamel Ghanem s'est fait «passer à tabac» par une bande de quatre individus, âgés de 19 à 25 ans, pour des raisons qui, jusqu'à aujourd'hui, demeurent inconnues.Depuis mon licenciement de La Voix de l'Oranie, j'ai essayé, ici et là, de me faire recruter dans d'autres journaux, en vain. Et comme il fallait que je continue à gagner ma vie, alors j'ai commencé à travailler dans un café en qualité de serveur», raconte-t-il. C'est justement dans cet établissement que quatre individus, aux dires de Ghanem, lui ont tenu des propos obscènes avant de procéder à son lynchage, n'hésitant pas à le frapper même dans les parties intimes.Jusqu'à maintenant, on ne sait pas si ce passage à tabac est lié à sa fameuse caricature sur Bouteflika ? alors, il se serait agi de l'œuvre de «baltaguia» ? ou si l'agression a pour origine d'autres raisons. «Si ces individus ont été commandités pour le lyncher de la sorte, alors cela voudrait dire qu'on assiste au retour des barbouzes. Cela ne présage rien de bon pour le devenir démocratique de l'Algérie», commente un citoyen oranais. Contactés, ses avocats ont tenu à rester prudents. «Pour le moment, on ne peut pas faire de lien entre l'affaire de notre client et l'agression dont il a été victime. Dès qu'on aura de plus amples éléments sur cette agression, on se prononcera», a dit maître Abderrazak Fodil. Toutefois, maître Youcef Dilem, dépêché d'Alger par le Syndicat national des journalistes (SNJ), a dénoncé, quant à lui, «la passivité» de la police locale : «Le rôle de la police n'est pas seulement d'enregistrer la plainte. Les policiers auraient dû agir sur le coup, en tentant de rattraper les quatre agresseurs, au lieu de lui dire de revenir dimanche prochain (aujourd'hui, ndlr), pour le dépôt de plainte.» De plus, ce qu'il y a de troublant, c'est que jeudi dernier, au commissariat, alors qu'il comptait appeler son avocat, un policier lui aurait déclaré : «Tu n'es pas en Amérique ici !» De sources dignes de foi, on a appris que la DGSN avait l'intention, vendredi dernier, d'ouvrir une enquête pour vérifier si de tels propos avaient bel et bien été tenus par un policier. En vérité, la genèse même de cette affaire a de quoi faire frémir tout un chacun : Djamel Ghanem risque la prison ferme et une lourde amende pour une caricature qui n'a jamais été publiée. Une caricature ayant trait à la volonté de Bouteflika de briguer un quatrième mandat malgré la maladie qui le handicape.Tout porte à croire que c'est surtout cela qui a mis en branle la machine judiciaire. Pourtant, on ne le sait que trop bien, le métier de caricaturiste, c'est justement de s'autoriser «l'excès». La caricature, c'est de grossir les traits, d'exagérer dans le but de chercher l'humour. Pour revenir spécifiquement sur le dessin de Djamel Ghanem, il n'a même pas été achevé. Ce serait alors une première qu'un caricaturiste soit condamné à de la prison pour l'ébauche d'un dessin. Ses avocats ont d'ailleurs dénoncé, par la tenue de ce procès, «une atteinte à la liberté de penser !» «Cela se passe dans l'Algérie de 2014», ironisent certains internautes, pour qui «les beaux discours» sur la liberté d'expression ne sont que duperie et poudre aux yeux.Depuis le 14 février dernier, une pétition circule sur internet pour réclamer l'arrêt des poursuites judiciaires à l'encontre de Djamel Ghanem. L'ONG Reporters sans frontières, pour sa part, dénonce «l'acharnement du parquet» et exige également l'arrêt des poursuites contre Djamel Ghanem.




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