Algérie

Pressions sur le pouvoir d'achat des ménages



Pressions sur le pouvoir d'achat des ménages
La dévaluation du dinar, la contraction de nos ressources extérieures, le déficit de la balance commerciale et celle des paiements, l'augmentation de la dette publique intérieure, le taux d'inflation qui frise les 6%, autant de facteurs qui suscitent des interrogations et des inquiétudes au sein de l'opinion publique nationale.Tout ces options ont été anticipées par les experts et spécialistes financiers et monétaires au moment où nos recettes d'exportation étaient substantielles avec un prix du baril moyen de 110 dollars. Les pouvoirs publics n'en n'ont pas tenu compte. Ils ont fait le choix, à travers les plans de développement successifs, d'investir massivement nos ressources dans des programmes de réalisation des infrastructures de base et d'équipements, tout en lâchant la bride aux lobbys de l'import-import avec une enveloppe des importations qui frisait les 65 milliards de dollars/an. Aujourd'hui ça n'est plus le cas et toutes ces options, hormis l'investissement des entreprises algériennes à l'étranger, ne sont plus envisageables, compte tenu de la chute des cours du pétrole et de la contraction de nos recettes extérieures (- de 45%). Pour rappel, et pour mieux appréhender les inquiétantes dérives du dinar ainsi que l'opacité qui "enveloppe" la stratégie de la politique des changes, notamment la question de la convertibilité du dinar, qui a fait l'objet de controverse entre spécialistes, Ouyahia, chef de gouvernement à l'époque, avait tranché le débat avec un niet catégorique, arguant du risque de fuite de capitaux à large échelle et de l'impact sur le financement des programmes de développement économiques et sociaux. Concomitamment, se posait la question de la création de fonds souverains. Les institutions financières nationales dont la Banque d'Algérie, de même que les décideurs politiques, ont marqué leur réticence et se sont fortement opposés à cette option. Pourtant, Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, était un fervent défenseur de l'option de création de fonds souverains. Car, estimait-il, "20% de nos réserves de change suffisaient pour lancer un fonds d'investissement souverain". Mais il faut recontextualiser sa pensée ' Nous n'étions pas dans une situation de chute des cours des hydrocarbures. En revanche, son successeur et actuel conseiller à la Présidence, en l'occurrence Abdelkrim Djoudi, pensait qu'"une telle option est une décision économique et une question de prise de risque, et qu'il serait plus judicieux de consacrer ce pactole au financement des grands projets". Par ailleurs, quelles que soient les interprétations des uns et des autres de la décision, la BA d'encadrement et d'anticipation quant aux éventuelles dérives d'une autorisation tous azimuts de transfert de capitaux vers l'étranger liés aux investissements des opérateurs économiques nationaux qui souhaitent invertir en dehors de l'Algérie ; d'autant que notre pays, selon le GAFI (Groupe d'action financière), est sur la liste des pays à "risques de blanchiment d'argent" ; ne semble avoir porté tous ses fruits. In fine, l'Algérie est fortement menacée dans ses équilibres financiers et macroéconomiques structurels. En dépit des arguments avancés par la Banque d'Algérie dans ses dernières notes explicative dès 2013 de la "dépréciation du dinar", et de l'Exécutif, qui affirmait que tout allait bien. La toute dernière dévaluation du dinar (moins de 25% de sa valeur par rapport à l'euro et le dollar), relance la polémique entre spécialistes, qui craignent le pire sur le pouvoir d'achat des catégories sociales les plus vulnérables et sur la stabilité sociopolitique du pays. Ils plaident pour une priorisation des programmes d'équipement ainsi qu'une rigueur dans les dépenses de fonctionnement et la réduction du train de vie de l'Etat. C'est bel et bien le mode de gouvernance qui est en cause. Et tout le monde sait les dérives auxquelles il a donné lieu. C'est pour cela que nous avons raté de précieuses opportunités au moment où nous avions les moyens. Mais il ne sert à rien de "cacher le soleil avec le tamis". La dernière chute du dinar (un euro contre 180 DA sur le marché parallèle, 120 au change officiel), dans une dynamique de cause à effet, d'autant que la production nationale est en berne, s'est immédiatement traduite par une hausse des prix, notamment des produits importés, aggravant de fait le taux d'inflation. Ceux qui ont accumulé des fortunes, grâce à la complicité de certains secteurs de décideurs et à la fraude fiscale, rechignent à s'insérer dans le circuit formel, en dépit des garanties que leur assure l'Etat et préfèrent ruer sur le marché parallèle des devises. En vérité, Nous sommes dans une rupture totale de confiance entre les institutions de la République et les citoyens. Quant aux catégories les plus vulnérables, inquiètes, elles s'interrogent. Elles n'ont pas dit leur dernier mot.A. H.




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