Pressions du pouvoir sur les médias

Les chaînes de télévision n'assurent plus, depuis l'avant-dernier vendredi du hirak, la même couverture des manifestations populaires. D'aucuns auront noté qu'elles se contentent d'un service minimum. Beaucoup de télévisions n'ont pas vu, en effet, la grande mobilisation d'avant-hier, malgré les grandes vacances et les grandes chaleurs qui se sont abattues sur le pays.Une mobilisation malgré surtout la répression qui a visé les manifestants, notamment ceux exhibant l'emblème amazigh ou tout autre signe de l'amazighité. Les caméras de ces télévisions étaient braquées ailleurs. Sous la pression des autorités, assurément. Pendant que ces télés regardent ailleurs, des sites d'informations générales, habituellement très riches en actualités liées au mouvement du 22 février, commencent, eux aussi, à réduire l'espace accordé aux marches du vendredi. Les images qu'ils diffusent sont, visiblement, soigneusement choisies, voire manipulées, de sorte à ne pas refléter la réalité.
Les plateaux télévisuels, eux aussi, n'ont pas échappé à cette censure. Les nombreux analystes et autres politologues habituellement invités sur les plateaux de ces mêmes chaînes ont subitement disparu, pour laisser place à d'autres commentateurs qui excellent dans d'autres sujets. Ces médias créés dans la foulée de l'ouverture de l'audiovisuel n'ont finalement pas changé. Après avoir encensé et flatté le président déchu des années durant, elles changent leur fusil d'épaule pour se mettre au service du pouvoir du moment, jusqu'à devenir, parfois, des outils de propagande au service du régime. En agissant de la sorte, ces médias se mettent en porte-à-faux avec la révolution du peuple qui s'est soulevé contre le système.
Le changement de ton et d'attitude vis-à-vis de la rue est intervenue après que le régime a décidé de recourir à la répression et à la chasse à l'emblème amazigh. Il intervient en appoint aux tentatives, quoique désespérées, de saborder la mobilisation citoyenne, ainsi que diverses man?uvres et manipulations que le pouvoir ne cesse d'orchestrer pour faire passer sa feuille de route.

Mohamed Mouloudj